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Accidents du travail : comment briser le plafond de verre?

À l'occasion des 10es Rencontres pour le travail et l'emploi organisées par Prism'emploi, une table ronde était dédiée à la santé et à la sécurité au travail, avec la participation de l'OPPBTP. Elle a permis de mettre en avant des stratégies et des actions innovantes dans le BTP pour réduire significativement la sinistralité dans ce secteur.

Date : 06/03/2025

J D

Jean Didier

Accidents du travail : comment briser le plafond de verre?

« Les chiffres de la sinistralité au travail en France ne sont pas bons », a commencé par préciser Pierre Ramain, directeur général du Travail, lors de la table ronde « Santé et sécurité au travail : où sont les marges de progrès ? », organisée le 4 mars à la Maison de la Chimie, à Paris.

En 2023, 759 travailleurs ont perdu la vie à la suite d’un accident du travail, soit 21 décès de plus qu'en 2022, ce qui représente une augmentation alarmante de 2,8 % en un an. Cela ne prend pas en compte les décès liés aux accidents de trajet ou aux maladies professionnelles. Chutes de hauteur, risques liés à la manutention manuelle, accidents de la route, utilisation de machines dangereuses… Pour Pierre Ramain, « ces accidents du travail ne sont pas une fatalité, les risques sont connus. »

Alors, que faire pour enrayer cette situation ? L'État a pris les choses en main en lançant, en 2022, le Plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels (PATGM), co-construit avec les partenaires sociaux, la Sécurité sociale et les organismes de prévention. « Dans le cadre de ce plan, nous sommes déjà très engagés dans des actions spécifiques de sensibilisation et de formation à destination des jeunes dans les CFA et les lycées professionnels. Un million d’élèves et d’apprentis ont été formés et sensibilisés à la santé et à la sécurité au travail, mais il faut aller encore plus loin », a souligné Pierre Ramain, rappelant l’importance des campagnes de sensibilisation, comme la récente campagne de l’OPPBTP intitulée « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur ».

Des routines pour réfléchir avant d’agir

Le secrétaire général de l’OPPBTP, Paul Duphil, a poursuivi en précisant qu'il reste une marge de progression importante dans la formation initiale des jeunes pour qu'ils soient non seulement capables de déterminer les risques, mais aussi qu'ils adoptent des routines quotidiennes de travail permettant d'agir à la fois en termes de sécurité et de productivité. « Avant de commencer une tâche, je me remémore ce que je dois faire, je réfléchis à la manière de le faire correctement et en toute sécurité. Ce réflexe doit être acquis avant chaque action, explique Paul Duphil. Toutefois, cette routine sur les chantiers ne peut se faire sans une gestion de qualité au sein des entreprises, petites ou grandes. Il est essentiel de progresser sur ce point. Un chef d’entreprise, un artisan, un chef d’équipe… doit concilier des enjeux de production, de qualité, de délais, de coûts, ainsi que de prévention. »

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La responsabilité majeure des donneurs d’ordre

En février dernier, le ministère du Travail a présenté onze nouvelles mesures de prévention, qui viennent enrichir le plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels, dont certaines inspirées par les JO 2024. Le succès de la Charte sociale de Paris 2024 a largement été évoqué. Signée en 2018 par les organisations syndicales et patronales, cette charte fixait des engagements ambitieux pour la santé, la sécurité et les conditions de travail des compagnons, dans le but de créer une culture commune de la sécurité parmi tous les acteurs impliqués.

Cette stratégie inédite a permis de diviser par quatre la sinistralité au travail, avec zéro accident mortel, 179 accidents, dont 29 graves. Ce qui fait dire à Paul Duphil que la responsabilité des donneurs d’ordre est cruciale pour éviter les accidents. « Quand le donneur d’ordre veille à ce que son chantier soit propre et correctement géré, les choses se passent généralement bien. À l’inverse, s’il met l'accent uniquement sur les prix et les délais, il y a des risques, notamment en matière de santé et de sécurité », précise Paul Duphil.

Des avancées pour les travailleurs intérimaires

La situation des travailleurs intérimaires a également été abordée. En 2023, parmi les 809 000 salariés en contrat intérim, 63 salariés intérimaires sont décédés au travail et 42 000 accidents du travail ont été recensés. « Nous ne pouvons plus nous satisfaire de ces résultats insupportables, a mentionné Gilles Lafon, président de Prism'emploi. Nous avons un devoir éthique et moral. C’est un long combat que nous allons mener avec l’ensemble des acteurs. »

Un tournant a été franchi en juillet 2024 avec la signature d’un décret (qui entrera en vigueur au 1er janvier 2026) portant à 50/50 la répartition du coût des accidents du travail entre les entreprises de travail temporaire (ETT) et les entreprises utilisatrices (EU).

Une autre avancée a été la création, l’an dernier, du Fonds professionnel pour l'emploi dans le travail temporaire (FPETT), qui a mis en place un pôle de reconversion pour les salariés intérimaires victimes d’accidents du travail. « Je souhaite aussi que nous créions un service de santé de branche qui déploiera des actions de sécurité, de prévention et de santé pour nos salariés intérimaires », a ajouté Gilles Lafon, qui a également mis en avant la convention de partenariat signée le 3 mars 2025 entre la Société des Grands Projets (SGP), Prism'emploi et l'OPPBTP.

Ce dispositif global de prévention prévoit des actions concrètes pour renforcer la sécurité à chaque étape des missions des salariés intérimaires intervenant sur les chantiers du Grand Paris Express. « L’OPPBTP proposera des sessions de formation pour les personnels permanents des agences, afin qu’ils acquièrent un bon niveau de culture de prévention, leur permettant de mieux sensibiliser les salariés intérimaires, détaille Paul Duphil. Grâce à ce partenariat, nous posons les bases d’une nouvelle approche, qui soutient une culture de prévention en créant de nouveaux leviers susceptibles d'inspirer d'autres projets à grande échelle. »

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Les « convictions » de la ministre de l’Emploi sur l’emploi des seniors

« Il faut savoir regarder le monde du travail en face, a déclaré la ministre de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, lors des 10es Rencontres pour le travail et l’emploi à la Maison de la Chimie. Le sous-emploi des seniors est un gâchis humain monumental que la France tolère depuis trop longtemps. La déconstruction de l’image des seniors sur le marché du travail, ainsi que la question de leur maintien en emploi et de leur recrutement, constituent l’un de mes principaux chantiers pour cette année », a-t-elle souligné.

Elle a ensuite rappelé des faits souvent sous-estimés : le télétravail ne concerne qu’un tiers des salariés, tandis que deux tiers n’en bénéficient pas. En ce qui concerne les conditions de travail en Europe, les mouvements répétitifs, les postures douloureuses et fatigantes affectent encore 50 % des emplois. En France, la proportion de salariés soumis à au moins trois contraintes physiques (posture debout, posture pénible, port de charges lourdes, secousses, vibrations…) a triplé en trente ans, passant de 12 % à 34 %.

Astrid Panosyan-Bouvet s’est également attardée sur les disparités très marquées concernant le départ en inaptitude professionnelle entre 51 et 59 ans, en se basant sur une étude de France Stratégie publiée au printemps dernier : 5 % des cadres dans le secteur bancaire et de l’assurance partent en inaptitude professionnelle, contre 35 % pour les ouvriers non qualifiés de la manutention et du BTP. « Pour toutes ces raisons, je souhaite que les partenaires sociaux puissent mettre à plat nos dispositifs de transition et de reconversion. Ils sont nombreux, et je pense qu’il est possible de parvenir à un accord pour des dispositifs simplifiés, avec une porte d’entrée qui pourrait être le contrat de professionnalisation », a conclu la ministre.

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