Les salariés permanents d’entreprises sous-traitantes ont davantage d’accidents du travail lorsqu’ils côtoient des intérimaires, affirme une récente étude de la Dares, en s’appuyant sur différentes données et études déjà parues.
Date : 06/03/2023
Virginie Leblanc
Les salariés des entreprises sous-traitantes sont-ils davantage exposés aux accidents du travail ? C’est à cette question que s’est attachée la Dares dans une étude publiée le 1er mars 2023. La réponse est positive : quand un établissement (1) est sous-traitant pour un donneur d’ordres, le risque d’accidents du travail est plus important, une fois pris en compte le surcroît d’expositions à certains risques physiques et organisationnels.
L'étude rappelle que les établissements sous-traitants emploient davantage d’ouvriers et sont plus représentés dans le secteur de la construction. Ils exposent aussi davantage leurs salariés à certains risques professionnels. Cela contribue à rendre compte de leur accidentalité plus élevée. Mais même en raisonnant à caractéristiques des établissements données (secteur d’activité, taille, etc.), la sous-traitance demeure intrinsèquement associée à un taux élevé d’accidents du travail.
En cas de sous-traitance sur site, au cours de laquelle les salariés du sous-traitant (ou preneur d’ordres) travaillent en coactivité aux côtés de ceux du donneur d’ordres, les difficultés de coordination expliquent en partie le surcroît d’accidents (2).
En 2019, les sous-traitants qui consacrent moins de 50 % de leur chiffre d’affaires aux commandes de leurs donneurs d’ordres signalent, davantage que les établissements non preneurs d’ordres, employer des salariés exposés à des postures pénibles, des agents chimiques dangereux, ou à un bruit supérieur à 85 dB. En revanche, ils ne déclarent pas plus d’expositions au travail répétitif ou à la chaîne, ni aux équipes alternantes.
À l’inverse, les établissements dont le chiffre d’affaires dépend à plus de 50 % de donneurs d’ordres comptent significativement plus que les autres de salariés exposés au travail répétitif et aux équipes alternantes, mais pas aux risques chimiques, aux postures pénibles ou au bruit élevé. Selon Thomas Coutrot, auteur de l’étude, « tout semble se passer comme si leur principal donneur d’ordres leur avait délégué des tâches comportant du travail répétitif ou des horaires atypiques, dans une situation de quasi-intégration organisationnelle qui leur permet aussi de mieux maîtriser la prévention contre les risques physiques et chimiques que les sous-traitants moins intégrés. »
Lecture : en 2019, 26 % des salariés de la construction travaillent dans des établissements preneurs d'ordres pour lesquels la part du chiffre d’affaires en sous-traitance est inférieure à 10 % du chiffre d'affaires total. Champ : secteur marchand et associatif hors agriculture, France métropolitaine. Source : enquête Conditions de Travail 2019, Dares.
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