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Accidents

Malaises mortels au travail : l’INRS préconise une meilleure prévention des risques cardiovasculaires

Plus de la moitié des accidents de travail mortels reconnus en France dans les entreprises sont des malaises sans cause évidente. L’INRS a rendu publique une étude sur ces malaises survenus entre 2012 et 2022, qui montre que le secteur du BTP est particulièrement concerné. Objectif : mieux qualifier ces malaises et identifier leurs causes, afin d’améliorer leur prévention en entreprise.

Date : 29/01/2025

M D

Marie Duribreux

Malaises mortels au travail : l’INRS préconise une meilleure prévention des risques cardiovasculaires

En 2022, le gouvernement a lancé un nouveau plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels. Et pour cause, leur nombre, qui a beaucoup diminué dans les dernières décennies, avait atteint un plancher en 2010. En avril dernier, onze nouvelles mesures de prévention sont venues enrichir le plan deux ans après son lancement, dont notamment celle qui veut approfondir la connaissance des malaises au travail pour mieux les prévenir.

Les malaises mortels, définis comme des décès survenus sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail sans cause externe identifiée, ne sont systématiquement reconnus comme accidents du travail que depuis 2019. En effet, « le réalignement strict de la mise en œuvre des procédures sur le principe de présomption tel que balisé par la jurisprudence a provoqué un accroissement statistique inédit du phénomène », explique la Direction des risques professionnels de la Cnam. En 2023, ces malaises représentent 57 % des 759 accidents de travail mortels enregistrés dans les entreprises relevant du régime général de la Sécurité sociale.

Dans le cadre de son étude révélée fin 2024, l’INRS s’est penché sur ces malaises mortels, en exploitant les données de la base Epicea (Étude de prévention par l’informatisation des comptes rendus d’accidents). Alimentée par les ingénieurs-conseils et contrôleurs de sécurité des caisses de l’assurance maladie, cette base regroupe plus de 26 000 accidents du travail graves, mortels ou intéressants pour la prévention, décrits au moyen de 81 variables et d’un récit anonymisé. Sur les 1 403 accidents mortels recensés de 2012 à 2022 – tous n’étant pas enregistrés –, l’INRS a ciblé 143 malaises mortels pour une analyse plus qualitative que quantitative.

Lire l'étude de l'INRS.

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Et un profil se dégage : 93,7 % des victimes de malaises mortels en milieu professionnel sont des hommes, avec un âge médian de 51 ans. Parmi les professions les plus représentées, les conducteurs de poids lourds et de camions (près de 20 % des cas), suivis par deux métiers du BTP – les professionnels qualifiés du bâtiment (gros œuvre) et assimilés (comme les maçons) et les électriciens du bâtiment et assimilés, qui ont drainé 8,4 % des malaises mortels. Dans trois cas sur quatre, la victime se trouvait seule au moment de la survenance, mais « au vu des récits figurant dans la base Epicea, les malaises mortels correspondent à des morts subites de l’adulte, dont le mécanisme principal est l’infarctus du myocarde », explique le Dr Philippe Hache, l’un des auteurs de l’étude. « Or l’exposition des salariés à de nombreux facteurs de risques professionnels (port de charges, chaleur, bruit, horaires atypiques…) – comme c’est le cas notamment dans le BTP – peut favoriser au fil du temps l’apparition de maladies coronariennes. » Et provoquer in fine un malaise mortel chez cet ouvrier du bâtiment par exemple, qui a escaladé un échafaudage dépourvu d’échelle avant de s’écrouler, ou ce travailleur qui a poussé un engin de chantier en panne avec ses camarades avant de faire un arrêt cardiaque.

Les rapports dans la base Epicea soulignent que dans la moitié des 143 cas étudiés, la culture de prévention était insuffisante dans l’entreprise. C’est le cas par exemple pour un salarié du BTP, intervenant sur un chantier en extérieur pendant une vague de chaleur, dont l’employeur avait retiré le baraquement servant d’abri et de point d’eau, la veille de l’accident. De la même façon, l’organisation des secours aurait pu être plus efficace dans la moitié des cas, où les collègues n’ont pas su reconnaître la gravité du malaise ou ont conseillé au travailleur de se reposer dans un lieu isolé. Enfin, le rythme des visites médicales obligatoires n’avait pas été respecté dans 10 % des cas, comme dans celui du décès pendant une vague de chaleur de cet opérateur du désamiantage, âgé de 55 ans et en suivi individuel renforcé, qui n’avait pas passé de visite d’embauche.

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Dès lors, les auteurs de l’étude recommandent d’agir sur les facteurs de risques professionnels associés aux maladies coronariennes. « L’exposition se fait tout au long de la vie et la littérature montre que ces risques sont cumulatifs sur le plan cardiovasculaire, explique le Dr Hache. Une évaluation des risques est nécessaire dans toutes les entreprises où passent les travailleurs, pour déterminer les actions de prévention adéquates. » Afin d’assurer le suivi individuel de l’état de santé des travailleurs, l’INRS préconise non seulement de respecter le rythme des visites médicales, mais également de mettre à profit la visite de mi-carrière (nouvellement introduite autour de 45 ans) pour évaluer le risque cardiovasculaire du salarié, et éventuellement aménager son poste de travail en conséquence. Enfin, en cas de survenue d’un malaise, une meilleure organisation des secours fera la différence. L’article R.4224-16 du Code du Travail fait reposer l’obligation des premiers secours à l’accidenté sur les épaules de l’employeur. Il lui faut donc mieux sensibiliser ses salariés, former des sauveteurs secouristes du travail dans l’entreprise et éventuellement prévoir un défibrillateur sur site.

L’INRS va poursuivre son analyse des malaises mortels survenant au travail, pour la publication d’une nouvelle étude en 2026. Avec un plus : depuis juin 2023, l’enregistrement des malaises mortels dans la base Epicea est devenu systématique. « D’ores et déjà, l’analyse préliminaire des 150 nouveaux cas reçus en moins d’un an conforte les constats faits sur la période 2012-2022 », conclut le Dr Philippe Hache.

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