Bilan de la campagne hygiène dans le BTP : des pistes d’amélioration nécessaires

L’OPPBTP a mené, du 9 octobre au 20 novembre 2023, une vaste campagne pour promouvoir l'amélioration de l'hygiène sur les chantiers dans le secteur du BTP. L’occasion de diffuser des bonnes pratiques et de mener un diagnostic sur le terrain. Cette campagne a été menée en partenariat avec la Direction générale du Travail, la Caisse nationale d’Assurance maladie, les Services de prévention de santé au travail du BTP et interprofessionnels et l’Acim-DLR/SUM.

Au terme de la campagne, l’OPPBTP a réalisé une étude Viavoice⁽¹⁾ afin de mesurer son impact concret sur les entreprises du secteur. Une large majorité des entreprises interrogées (83 %) se disent intéressées par le sujet. De plus, 72 % estiment qu’elle a permis de prendre conscience de l’importance de l’hygiène sur les chantiers et d’identifier une importante marge de progression en la matière.

Cependant, seulement 34 % des entreprises interrogées qui ont reconnu un élément de la campagne disent avoir mis une action en place, et seule une entreprise sur cinq se dit plus concernée par le sujet après la campagne hygiène.

Élément de satisfaction, le niveau d’information est toujours meilleur : plus de quatre entreprises interrogées sur cinq affirment avoir un bon niveau d’information, et notamment dans les grandes entreprises. En outre, depuis la crise Covid, le sujet est d’autant plus pris en considération.

Autre enseignement, les contenus et outils ont été peu consommés : si 62 % des répondants ont trouvé que les affiches donnaient envie de se rendre sur le site hygienebtp.fr, seule une entreprise sur trois s'est réellement rendue sur le site. Parmi elles, 24 % ont téléchargé le Guide de choix « Bien choisir une base vie et/ou une installation d’hygiène pour son chantier » ou d’autres ressources documentaires de la boîte à outils dédiée.

Hygiène : 20 % des TPE ne mettent pas d'action en place

La campagne prévoyait la réalisation d’un baromètre autour de deux enquêtes distinctes : d’une part, une enquête menée auprès des compagnons par les services de prévention et de santé au travail⁽²⁾, avec des questionnaires anonymes complétés en salle d'attente lors des visites médicales, et d’autre part des diagnostics terrains effectués par les conseillers de l’OPPBTP sur des chantiers⁽³⁾. La variété des profils des panels et des tailles des entreprises a ainsi permis d’obtenir des visions très complémentaires.

Les questions avaient pour but d’évaluer la réalité du terrain sur cinq thèmes essentiels : l'accès à l'eau, aux toilettes, les conditions de prise de pauses et de repas, et les vêtements de protection.

• Parmi les salariés du BTP interrogés, 71 % se disent satisfaits par la situation sur les chantiers.
• La notion d'hygiène est importante pour les chefs d'entreprise. Ils se sentent concernés et, pourtant, 11 % des répondants ne mettent pas d'action en place, et ce chiffre monte à 20 % parmi les TPE. La période de la Covid avait été riche en enseignements, mais 12 % des chefs d'entreprise reconnaissent n’avoir aujourd’hui rien retenu, et ce chiffre atteint même 28 % pour les métiers de la charpente et de la couverture.

Bases vie, accès à l'eau, repas… de nombreux sujets d’amélioration

Les retours d’expérience et les témoignages permettent d'identifier de nombreux sujets d’amélioration afin de faire progresser les installations sur les bases vie, mieux anticiper leur organisation en amont des chantiers et, surtout, optimiser nettement leur entretien lorsqu'elles sont présentes.

• Actuellement, 46 % des locaux sont entretenus de façon insuffisante, ce qui signifie qu'ils sont nettoyés une fois par semaine, les rendant difficilement praticables, surtout lorsque la fréquentation est élevée.
• Si entre 80 et 98 % des interrogés affirment disposer d'un point d'eau, concrètement, entre 24 et 27 % affirment aussi recourir au « système D », c'est-à-dire utiliser de l'eau en jerrican ou de l'eau du système public, voire, pas d’eau du tout.
• 44 % des chantiers ne disposent pas de douche, alors que l'exposition à des polluants a été identifiée. Lorsqu’elles sont présentes, 33 % sont non-entretenues ou non-utilisables.
• Dans deux-tiers des cas, les vêtements de protection sont lavés à la maison, alors que 80 % des chantiers sont considérés comme polluants par les employeurs, ce qui présente un risque de contamination, y compris pour l'entourage familial.
• Entre 15 et 29 % des repas sont pris dans les véhicules, des chiffres qui montent à 33 % sur les activités de travaux publics, et à 47 % pour les chantiers courts.

Une meilleure planification de la conception des bases vie, qui intégrerait l'hygiène dès le début des travaux, assurerait des installations en place et fonctionnelles dès le démarrage. Ces nouvelles données permettront d’organiser durablement l’action des branches BTP en faveur de meilleures conditions de travail sur les chantiers.

⁽¹⁾Enquête quantitative et qualitative réalisée par Viavoice du 6 au 22 décembre 2023 auprès de 4 934 entreprises interrogées, 4 229 en ligne et 705 par téléphone. Principalement des entreprises de gros œuvre (34 %), mais aussi une grosse part de seconde œuvre (22 %) et des entreprises de charpente et couverture (25 %). La majorité des entreprises était de moins de 50 salariés (81 %), et plus de la moitié avait moins de 10 employés.

⁽²⁾Réalisée du 9 octobre au 20 novembre 2023, 7 655 compagnons du BTP ont répondu, 1 336 par internet 6 319 via un questionnaire papier.

⁽³⁾Réalisée du 9 au 27 octobre 2023, selon un panel représentatif du BTP avec 50 % d'entreprises connues, 50 % d'entreprises non connues, 239 chefs d'entreprise de BTP et 238 compagnons ont répondu.