Actualité - Solideo - Village olympique JO de Paris 2024

    ©Solidéo - Dronepress

    Mission accomplie : avant même le début des épreuves sportives, c’est ce sentiment que partagent l’ensemble des acteurs impliqués dans la construction des ouvrages olympiques et paralympiques et du Village des athlètes en particulier, plus gros chantier monosite de France. La raison n’en est pas seulement la livraison dans les délais de ces opérations hors du commun au cœur de la Seine Saint-Denis et dans le respect du budget, mais aussi un bilan sécurité à la hauteur d’une stratégie de prévention interchantiers toute aussi ambitieuse. Dans cette démarche, le partenariat entre l’OPPBTP et la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), aménageur et maître d’ouvrage, chargé d’assurer également la reconversion des bâtiments après la compétition, a joué un rôle important.

    Le rapprochement des deux entités remonte à 2021, lorsque Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Solideo, rencontre Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP, et souhaite s'engager dans un accompagnement qui puisse bénéficier à l’ensemble des intervenants sur les sites concernés. Dans la foulée, une équipe dédiée est constituée au sein de l’OPPBTP. Pilotée par Marc Girard, responsable conseil grandes entreprises, elle comprend également Séverine Hanriot-Colin, ingénieure en prévention, Yann Le Duff, consultant à la Direction des grandes entreprises (DGE), et Jean-François Bertin, à l’époque responsable de domaine CSPS. L'équipe sera renforcée en 2023 avec Pascal Barres, conseiller prévention en Ile-de-France. Tout au long du projet, cette « task force » se réunit à un rythme hebdomadaire et fait le point à la même fréquence avec la cellule HSE de Solideo, supervisée par Nathalie Poncin, directrice adjointe du Cluster des médias et responsable HSE pour la Solideo. Pour guider leur action, une boussole : « Les JOP de Londres de 2012, dont l’exemplarité en matière de sécurité repose sur un état d’esprit fondé non sur la contrainte, mais sur l’encouragement », indique Marc Girard.

    Une organisation et une charte pour fédérer tous les acteurs autour des mêmes objectifs HSE

    La première étape a consisté à aider la Solideo à élaborer une organisation interchantiers à la hauteur de l’envergure et de la complexité des travaux supervisés, avec, pour le seul Village olympique et paralympique, 40 grues, 400 livraisons par jour et 3 500 collaborateurs en pic d’activité.

    Sur les sujets de santé-sécurité, peu de prescriptions d'animation sécurité existaient à l'échelle de tous les chantiers. Pour créer une dynamique collective interchantiers, l'OPPBTP a proposé de mettre au point des événements interchantiers et d'optimiser le fonctionnement des structures.

    Cette optimisation a pris la forme de réunions à tous les niveaux : des Cotech pour les maîtres d’ouvrage, des clubs HSE, des clubs CSPS, et un collège HSE interchantiers pour réunir à la fois les maîtres d’ouvrage, les représentants des grandes entreprises et les membres du CISSCT (Collège interentreprises de sécurité, de santé et des conditions de travail) et du comité de suivi de la charte sociale.

    L’OPPBTP a également conseillé et accompagné la Solideo dans la rédaction d’une charte HSE signée par l’ensemble des intervenants. « Cette initiative a permis de définir des engagements communs et un cadre à la mise en place d’animations sécurité afin de toucher notamment, au-delà des grands groupes, les sous-traitants », explique Marc Girard. Une fois cette structure mise en place, les représentants de l’OPPBTP se sont investis dans un certain nombre d’instances : « Nous avons participé aussi bien aux échanges des CISSCT, des collèges interchantiers, des Cotech, que des clubs CSPS, et pris en charge l’animation des clubs HSE du Village olympique et paralympique », rapporte Séverine Hanriot-Colin.

    Une mobilisation qui s’est aussi traduite par une présence quasi quotidienne sur le terrain, avec « des visites croisées avec les maîtres d’ouvrage, des permanences sur chantier pour accompagner à la rédaction des modes opératoires, des réunions thématiques pour permettre aux entreprises d’échanger autour de solutions technique», poursuit l’ingénieure prévention. Avec l'aide de l'OPPBTP, la Solideo s'est attachée également à l'organisation d'événements ludiques comme les Trophées de la sécurité, en avril 2023, un challenge destiné aux compagnons sur le modèle de l’opération 100 minutes pour la vie menée dans les CFA et les Olympiades de la sécurité. Événements auxquels se sont ajoutés des ateliers thématiques sur chantier et des journées organisées par le FASTT (Fonds d'action sociale du travail temporaire) à l’attention des intérimaires, ou encore des rencontres avec les sportifs, « l’occasion de renforcer les liens entre les acteurs du chantier en testant différents sports ».

    Une culture de vigilance étendue jusqu’aux petites entreprises

    Dès le choix des maîtres d’ouvrage, la Solideo s'est tournée vers de grands groupes à la culture prévention déjà bien ancrée et faisant appel à des entreprises générales de premier rang, elles aussi fortes d'une solide organisation en prévention et ayant la volonté de faire progresser leurs sous-traitants.

    Ces choix stratégiques ont été déterminants dans le fonctionnement du système et l’obtention des résultats. « L’ensemble des actions visant à communiquer, échanger, sensibiliser sur les risques partagés… a été suffisamment puissant pour créer un climat propice à la mise en avant de la sécurité tout au long du projet », souligne Marc Girard. « Les instances de contrôle, que sont la Drieets* et la Cramif, ont également été très présentes tout au long du projet, les CSPS ont pu bénéficier d’un soutien qui leur a permis d’apporter une grande valeur ajoutée », se félicite Séverine Hanriot-Colin. Au final, « nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés dans le contexte de travaux aussi importants et impliquant nombre de petites entreprises peu matures en sécurité : l’absence d’accident mortel et un nombre aussi limité que possible d’accidents graves », note Marc Girard.

    Capitaliser sur les enseignements d’une expérience sans précédent

    Cet accompagnement, qui représente près de cinq cents jours passés sur le terrain, s’est avéré hors normes à bien des égards pour l’OPPBTP : « C’est l’une des premières fois que l’on suivait un projet de la phase de démolition jusqu’à la livraison des nouveaux bâtiments. Notre accompagnement a intégré des participations aux réunions de chantier et aux réunions OPC (ordonnancement, pilotage, coordination). Enfin, nous avons travaillé main dans la main avec les maîtres d’ouvrage, et fait le lien avec les CSPS et les entreprises », pointe Séverine Hanriot-Colin.

    Parmi les autres succès collectifs de ces opérations, les initiatives des entreprises en termes d'innovations techniques, environnementales et en sécurité sont un acquis pour toute la profession, Les chantiers des JOP de Paris ont été un terrain de test grandeur nature de solutions nouvelles. Ainsi, Bateg a imaginé une passerelle suspendue sur le chantier Universeine afin de supprimer le risque de heurts engins-piétons des compagnons avec les poids lourds. Un système de crochets à ouverture automatique à distance a été utilisé, ce qui évite aux compagnons de monter sur la structure pour désélinguer, et supprime le risque de chute de hauteur. Les entreprises ont aussi sollicité l'OPPBTP pour des avis techniques liés au développement de la construction bois pour des ouvrages de grande hauteur, posant de nouvelles problématiques de prévention. Sans oublier l'un des points forts de ces chantiers : le développement de l'utilisation du béton ultra-bas carbone.

    Si les défis à relever étaient nombreux, ils ont aussi pu l’être grâce à l’implication de la Solideo, qui a notamment déployé « une logistique interchantiers conséquente pour réduire les risques dans un environnement fortement urbanisé, alors même que sa position d’aménageur ne lui confère pas d'obligation en ce sens », fait valoir Marc Girard. Pour lui, la démarche menée par l’OPPBTP avec la Solideo est réplicable et peut même être plus performante si elle est annoncée et intégrée d'emblée dans les marchés de tous les intervenants.

    Les deux partenaires œuvrent aujourd’hui à la rédaction d’un retour d’expérience. « Notre souhait est que ces enseignements profitent à d’autres opérations d’envergure comme le Grand Paris Express, le Canal Seine Nord Europe, le métro de Toulouse, les futurs EPR… qu’il s’agisse de l’importance de faire signer une charte porteuse de valeurs communes, de réaliser des visites croisées avec les maîtres d’ouvrage, de partager les bonnes pratiques et innovations venues du terrain… », conclut Séverine Hanriot-Colin.

    * Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

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