Un pont tout en métal assemblé pièce par pièce
À Reims, Eiffage Métal assemble un pont à partir d’éléments venus directement de son usine. L’exemplarité du chantier réside dans la capacité de l’entreprise à intégrer l’ensemble des risques (technique, organisationnel et humain) dans la méthodologie et le plan de phasage.
Date de mise à jour : 13 sept. 2022
Auteur : Loïc Féron
Depuis février dernier et pour une période de dix mois, les travaux de remplacement du pont de Witry se déroulent à Reims, sur la N 51. L’ancien pont routier en béton armé des années 1930 a été déconstruit. Le franchissement des voies ferrées sera assuré d’ici à la fin de l’année par un nouveau pont plus large incluant des pistes cyclables. Alors que la réalisation des culées s’achève, le futur pont, tout en métal, est assemblé sur une plate-forme située à proximité1.
Un an d’études et de préparation
Les différents éléments constitutifs du nouveau pont sont assemblés sur une plate-forme aménagée à 200 mètres de l’emprise au-dessus des voies ferrées.
La grande majorité des pièces est acheminée par convois exceptionnels depuis l’usine Eiffage Métal de Lauterbourg, dans le Bas-Rhin. Thomas Klumb, directeur des travaux Eiffage Métal ouvrages d’art, anime l’équipe d’une vingtaine de monteurs et soudeurs chargée d’assembler ce mécano géant. « Le chantier lui-même a démarré fin juin, mais ce projet, incluant les études, l’approvisionnement des aciers et leur fabrication, nous mobilise déjà depuis un an. »
Une fois les éléments montés, l’ouvrage sera constitué d’une seule travée de 66 mètres de portée, sans pile intermédiaire. À la charpente métallique de 625 tonnes doivent s’ajouter les dalles de trottoirs en béton fibré à haute performance et tous les équipements. Fin octobre, le tout sera déplacé d’un bloc jusqu’à sa position finale, avant des travaux de finition (étanchéité, enrobé, éclairage) pour une réouverture à la circulation en décembre.
Un séquençage en trois temps : technique, organisationnel et humain
Déposées à l’aide de deux grues mobiles sur des tours d’étaiement, les pièces du tablier sont assemblées par les monteurs soudeurs depuis des nacelles.
La méthodologie, qui consiste à assembler le nouveau pont à côté de l’ouvrage existant avant de le déplacer, a été définie très en amont, dès l’appel d’offres. Les contraintes et problématiques du chantier en découlent. Quel est le meilleur découpage de l’ouvrage pour simplifier les travaux sur place ? Quel cadencement donner à l’usine pour réduire l’immobilisation des pièces au sol, favoriser un assemblage rapide des tronçons et optimiser les temps d’utilisation des grues mobiles de grande capacité ? Si les modes opératoires retenus sont assez classiques, pour la réalisation de ce type d’ouvrage, ils font l’objet d’un séquençage précis sur toute la durée du chantier. « Ce découpage détaillé des opérations nous permet d’intégrer à la méthodologie une analyse fine des risques, explique Baptiste Balesdens, responsable QSE chez Eiffage Métal. Le séquençage tient compte des aspects techniques, mais aussi de l’organisation et de la partie humaine. » Au fur et à mesure de l’évolution du chantier, les contraintes spatiales sont intégrées aux plans de méthode et de phasage établis au jour le jour. La plate-forme a beau paraître vaste, entre les livraisons des camions et les rotations des grues et nacelles, l’activité y est dense.
Briefings de poste et levée de points d’arrêt
À raison de six pièces pour les arcs, des tronçons de 22 mètres de long et 44 tonnes (avec une partie arrondie pour le raccordement) sont déchargés et mis en place à l’aide de deux grues mobiles et de nacelles.
« Il faut en permanence penser en termes d’environnement, par exemple pour préserver des couloirs de travail et des zones d’assemblage », explique le responsable QSE. « Les principales problématiques concernent les accès des engins et des personnes, le positionnement des grues et des camions au moment des déchargements, en tenant compte aussi des nacelles, confirme Thomas Klumb. L’un des enjeux est d’éviter, autant que possible, la superposition des postes. » De fait, tous les travaux s’effectuent en hauteur, à deux mètres du sol sous le futur tablier en cours d’assemblage (voir photo) jusqu’à une quinzaine de mètres de hauteur pour la fixation des pièces constitutives des arcs du pont (structure en bow-string). Dans ce contexte, les briefings de poste jouent un rôle essentiel. « Le briefing de poste est une des actions initiée par Eiffage Métal dans le cadre des “chantiers de performance“, explique Baptiste Balesdens. Il aborde différents aspects de productivité tels que les approvisionnements en matériel, les livraisons ou l’évolution du PIC, mais aussi la qualité et la sécurité. Ces briefings quotidiens imposent aux intervenants du chantier de se réajuster et d’être toujours en recherche d’amélioration. » À l’initiative de son service QSE, Eiffage Métal met progressivement en place une organisation et un cadencement de ses chantiers par levée de points d’arrêt. « À chaque étape sensible de la construction de l’ouvrage, un ensemble de paramètres techniques, organisationnels et humains est vérifié et validé avant de démarrer l’opération suivante. ».
1Le chantier de remplacement du pont de Witry a été confié par le Grand Reims à un groupement d’entreprises constitué de NGE, Eiffage Métal et Viellard.