Construction biosourcée : un chantier d’avance au CFA d’Ocquerre

Quand il évoque la construction du démonstrateur biosourcé, Lionel Correia, le directeur du centre de formation des apprentis du BTP d’Ocquerre parle d’un projet territorial : « L’association d’agriculteurs Planète-Chanvre dispose en Seine-et-Marne d’une usine de transformation de sa production à destination de l’industrie automobile et du bâtiment. Elle s’est rapprochée du CFA dans l’idée de communiquer sur l’utilisation du béton de chanvre en rénovation comme en construction neuve. »

Suivre l’évolution du chantier

De fait, la région Ile-de-France, le CCCA-BTP, la fondation BTP Plus, la FFB 77 et la communauté de communes du pays de l’Ourcq ont contribué au financement de ce bâtiment, qui sert autant à mettre en valeur les matériaux utilisés qu’à former les apprentis à leur mise en œuvre. « Le pari du CFA a été de le construire avec nos jeunes en formation plutôt que de faire appel à des entreprises extérieures, explique Lionel Correia. Grâce à l’implication des formateurs, tous les métiers représentés au CFA, maçons, plaquistes, carreleurs, peintres, couvreurs, chauffagistes ou plombiers ont été mobilisés. » Au total, plus de deux cents apprentis se sont côtoyés et relayés sur ce chantier-école qui aura duré trois ans et demi jusqu’à l’inauguration en juin 2022. « Travailler en phase de construction avec des apprentis présents une semaine sur quatre n’est pas évident, témoigne le directeur du CFA. Nous avons cependant tenu à conserver le même groupe sur la maçonnerie pour permettre aux jeunes de suivre l’évolution du chantier. »

L’arrivée du Covid a rendu plus compliqué encore le phasage de ce chantier hors du commun encadré par Lionel Correia reconverti en conducteur des travaux. « Pour des raisons de prévention des risques, les 2^e année, qui avaient déjà un pied dans l’entreprise et une expérience du chantier, ont été privilégiés mais notre motivation était de ne laisser personne de côté. »

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Une grande attention portée aux EPI

Engager un grand nombre d’apprentis dans la construction a permis de répartir les efforts physiques, réduits encore par l’utilisation d’un chariot élévateur pour le transport des matériaux jusqu'à pied d'œuvre. Pour les travaux en hauteur, des formations R408-R457 au montage et à l’utilisation d’échafaudages ont été dispensées, y compris aux peintres et aux plaquistes. « Grâce à ce chantier prototype, nous avons sensibilisé et formé directement ou indirectement nos élèves, témoigne André Poupart, le formateur spécialisé dans le biosourcé. Ils ont pu acquérir des notions de travail en équipe et d’utilisation de ces nouveaux matériaux. » Sur ce chantier, comme à l’atelier, le port des EPI (notamment d’un masque pour la manipulation de la chaux) et le respect des mesures de prévention font partie de la formation. Les jeunes de 1^re année suivent un module de sensibilisation aux « gestes et postures ». Lionel Correia souhaite aller plus loin concernant les EPI. « J’envisage, avec le concours de Mélissa Djae, notre conseillère de l’OPPBTP, d’organiser des formations sur le port des EPI en fonction des métiers, explique-t-il. Tous les ans, nous réévaluons les besoins et le packaging de petits matériels et d’équipements remis aux apprentis. »

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Des postes de travail en taille réelle

Deux ans après cette expérience unique, le CFA d’Ocquerre utilise le démonstrateur comme showroom et comme plateau pédagogique, offrant des postes de travail opérationnels en taille réelle et en extérieur. Un module de 35 heures dédié aux matériaux bio et géo sourcés permet chaque année de former près d’une centaine d’apprentis, maçons (sur le béton chanvre), plaquistes (sur les laines biosourcées) ou peintres (peintures naturelles). « Il existe aujourd’hui un savoir-faire dans la mise en pratique du béton et des enduits à base de chanvre associés à une ossature bois, avance Lionel Correia. L’isolation d’un seul tenant à partir de briques de chanvre et de bio fibre, un mélange de coton, de chanvre et de lin, fait ses preuves. » En complément du béton chanvre, la mise en œuvre de briques de terre ou de la chaux sable pour l’isolation extérieure est aussi au programme du CFA.
L’intérêt du BTP pour ces solutions va croissant. Organisées du 3 au 5 décembre (au centre des congrès de Reims) par le CCCA-BTP, les Journées de l’innovation pédagogique (JIP) dédiées aux métiers du gros œuvre ont consacré un de leurs thèmes au développement durable et à l’écoconstruction. « La présence à cet événement des industriels et des fournisseurs de cette branche bio-iso-sourcée montre que, grâce à la formation, on peut faire découvrir toutes ces méthodes et susciter des vocations », conclut Lionel Correia.

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Pour en savoir plus sur le BTP CFA Ile-de-France: https://btpcfa-iledefrance.fr/

Les objectifs du démonstrateur

• Promouvoir l’écoconstruction auprès du grand public, des apprentis, des entreprises, des architectes et des maîtres d’ouvrage.

• Favoriser le développement des compétences des apprentis et des entreprises dans le domaine de l’éco-construction et dans l’usage des matériaux biosourcés.

• Encourager la coactivité et la coresponsabilité des secteurs du BTP et de l’agriculture.

• Stimuler le développement des enjeux économiques et sociaux du territoire.

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