Japet Medical : des exosquelettes médicaux pour prévenir les TMS

« Au départ, je ne connaissais pas du tout la problématique des TMS », témoigne Antoine Noël, P-DG et cofondateur de Japet Medical. L’entreprise créée en 2016 a commencé par développer des exosquelettes orientés sur la rééducation du mouvement, en mariant la souplesse du textile aux apports des nouvelles technologies. Ce sont les entreprises qu’elle accompagnait dans leurs actions de retour à l’emploi qui lui ont fait part de leur souhait d’intervenir en amont de la survenue des pathologies. « Les travailleurs du BTP, notamment, rencontrent souvent de gros problèmes de dos, tout en disposant de compétences techniques parfois difficiles à trouver sur le marché », indique Antoine Noël. D’où l’intérêt d’agir au plus tôt : « Nous nous sommes ainsi aperçus que le plus fort potentiel de notre activité reposait sur la prévention. »

Accompagner les postures et gestes contraignants

En l’absence de normes à ce jour dans le domaine des exosquelettes, la société est la seule du marché à avoir décroché la certification de dispositif médical, dans la classe IIa. « C’est un moyen d’asseoir la crédibilité de nos revendications scientifiques tout en protégeant la santé des collaborateurs de nos entreprises clientes », note son dirigeant.

Les modèles conçus par Japet Medical, disponibles en plusieurs tailles, se démarquent également de leurs concurrents par leur efficacité associée à un faible encombrement grâce à l’emploi de textile plutôt que de ressorts tenseurs. D’un poids inférieur à 2 kg, fonctionnant sur batteries, l’exosquelette se présente sous la forme d’une ceinture lombaire avec deux micromoteurs de chaque côté qui jouent le rôle d’amortisseurs sur la colonne vertébrale. Alors que les autres produits du marché offrent plutôt un soutien à la flexion, celui-ci est particulièrement adapté au port de charges lourdes en position debout et à la réalisation de mouvements complexes dans tous les sens, notamment dans le cadre de positions prolongées ou de gestes répétitifs, le corps légèrement fléchi en avant.

Un dispositif à tester et à adopter par étape

Si l’intérêt des exosquelettes est démontré, en particulier dans les métiers du BTP où leurs applications sont les plus performantes, insiste Antoine Noël, « le vrai enjeu est leur déploiement à grande échelle : l’utilisation au quotidien de cette nouvelle technologie n’est pas encore une évidence pour tout le monde, et l’écart est encore important entre la perception de cet équipement et la réalité. » Pour savoir si cette solution est pertinente et trouver le produit adapté à ses besoins, il ne faut pas hésiter à poser des questions, demander des références, et essayer, conseille-t-il.

L’adoption de l’exosquelette passe également par une phase d’appropriation et d’intégration, « de la même manière qu’avec de nouvelles chaussures, on ne court pas un marathon immédiatement ». Ainsi, dans un premier temps, l’équipement pourra être porté pendant 30 minutes une à deux fois par jour. « C’est l’amélioration du rapport bénéfice/contrainte, avec la diminution de la fatigue et de la gêne lombaire, qui incitera le salarié à prolonger naturellement son utilisation plusieurs heures par jour », indique Antoine Noël.

La nouvelle version de son exosquelette intègre également une couche interne, dite « seconde peau », plus adaptée encore à la morphologie, confortable et lavable.

Innover pour faciliter l’acceptation des produits

Japet Medical estime ses perspectives de développement à plus de 30 % par an avec un « vrai potentiel sur le marché français ». Basée à Lille avec une trentaine de salariés, elle compte des implantations, à Lyon et à Strasbourg notamment, et ambitionne de doubler son empreinte internationale d’ici à 2026, en s’appuyant sur une croissance annuelle de 50 % du chiffre d’affaires à l’export et un marché en plein essor. Déjà déployé dans plusieurs pays, Japet Medical s’appuie sur un réseau de distributeurs en Chine, Canada, Mexique, Italie, Espagne, Suisse, Allemagne, Royaume-Uni, Belgique et Danemark. Dans les prochains mois, Japet Medical entend poursuivre son expansion sur les marchés porteurs, notamment en Asie et au Japon en particulier.

Pour la start-up, la démocratisation des exosquelettes passe par l’industrialisation, avec la construction d’usines en cours, et le développement de nouvelles gammes, axées sur la conception de produits toujours plus compacts et abordables à même de réduire les barrières à l’usage. Son intégration dans l’incubateur Impulse Partners, en mars 2023, lui a permis de nouer des relations avec de grands groupes aussi bien qu’avec des entreprises de taille modeste afin de conquérir les PME à moyen terme.

Guillaume Thibal, salarié d’Hervé Thermique

Je travaille dans le génie thermique et climatique, et je souffre d’une hernie discale qui provoque des irradiations du nerf sciatique dans les jambes. C’est très contraignant au quotidien, notamment dans certaines situations : le tirage de câbles, les manutentions de charges, les postures en extension… En concertation avec la médecine du travail, mon entreprise m’a proposé d’essayer le port d’un exosquelette. Au bout de 30 minutes, j’ai ressenti un soulagement : ma douleur s’est estompée d’au moins 70 %. C’est très appréciable, et j’ai donc pu confirmer à mes collaborateurs que c’était le dispositif le plus approprié à ma pathologie et à mon poste de travail !

Ordinateur présentant un page de prévention BTP avec , à côté le magasine de prévention BTP

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