Kooping allie la vidéo et l'IA pour détecter les risques

L’intelligence artificielle (IA) peut-elle contribuer à la diminution du nombre d’accidents du travail sur les chantiers ? C’est la conviction de Marc Decombas, ingénieur et docteur en IA, qui a fondé Kooping il y a quatre ans pour mettre ses compétences en innovation technologique au service des enjeux RSE de l’industrie et du BTP. Parmi ses défis, les risques du chantier, que nombre d’entreprises ont encore du mal à appréhender, malgré une prise de conscience croissante, note l’expert. Ce constat est à l’origine du développement d’une solution qui s’appuie sur le traitement par l’IA de flux vidéo afin de détecter les situations de travail potentiellement dangereuses.

« La démarche s’inscrit dans une logique d’amélioration continue, et non dans une logique d’exploitation en temps réel des informations recueillies, celle-ci n’ayant de sens que dans les cas, rares, où l'on peut agir immédiatement sur le risque », souligne Marc Decombas. L’autre argument est de nature éthique : seule une exploitation différée garantit l’anonymat de données et des personnes, un facteur qui est aussi un gage d’acceptation du dispositif par les salariés.

L’outil Kooping permet donc d’agréger et consolider des indicateurs dans le temps pour suivre les évolutions sur des problématiques précises, afin de les prendre en compte dans l’élaboration des plans de prévention de l’entreprise. Le but est ainsi de réduire la fréquence des accidents, « ce qui a nécessairement une incidence sur leur gravité », souligne-t-il.

Découvrir le site de la société Kooping.

Une mesure tendancielle des manquements sur le chantier

Sur le plan technique, le filtre IA se connecte sur des caméras de vidéosurveillance standard, placées au niveau de points stratégiques préalablement identifiés sur le chantier. Cette analyse de site peut être menée par Kooping avec le responsable RSE et le personnel de terrain. La société met également à disposition de l’entreprise un catalogue d’IA correspondant à différents types d’objets et de situations métiers à analyser. « En pratique, la coactivité, le respect des procédures et le port des EPI représentent 80 % des scénarios de détection », indique Marc Decombas.

Les données images collectées par la « Kooping Box » sont ensuite envoyées de manière sécurisée vers une interface web après avoir été soumises à un traitement qui les anonymise et les convertit en données chiffrées. Chiffres-clés et tendances sont accessibles via un tableau de bord permettant d’observer et de partager avec les collaborateurs de l’entreprise l’évolution des irrégularités éventuellement constatées. Ces statistiques, les mesures prises en conséquence et, par la suite, les nouveaux indicateurs qui en démontrent l’efficacité peuvent être documentés dans le DUER de l’entreprise.

Une aide à la décision pour progresser en sécurité

« Par rapport aux méthodes déclaratives pour la remontée des accidents et presqu’accidents, qui comportent des biais, la solution Kooping présente l’avantage de livrer des informations objectives, fait valoir Marc Decombas. Elle permet également de couvrir simultanément différents sites là où un responsable RSE ne peut être partout à la fois. »

L’outil s’adresse ainsi à des entreprises de 50 à 100 salariés. Son coût s’établit à 150 euros par mois et par caméra, sachant que « trois ou quatre points de mesure permettent déjà de couvrir une zone importante », ce qui rend la démarche « moins coûteuse que des audits traditionnels », poursuit le dirigeant de Kooping.

Pour aller plus loin, la société travaille actuellement à l’intégration d’un assistant virtuel QHSE, type chatbot adapté aux besoins et situations propres à l’entreprise, capable d’analyser les données, de ressortir les « points chauds » et de recommander des actions à mettre en place.