Un robot porteur de charges chez Eiffage Infrastructures
La start-up Borobo et Eiffage Infrastructures ont développé un robot suiveur porteur de charges. Une solution utile et adaptée aux spécificités du BTP pour soulager le travail des compagnons. Témoignages des acteurs du projet.
Date de mise à jour : 2 févr. 2024
Auteur : Virginie Leblanc
©Frantz Bouton
À l’occasion de la présentation de la nouvelle édition de l’Observatoire des tendances d’innovation du BTP et leurs impacts sur les métiers, la sécurité, la prévention et la formation le 18 janvier 2024, Eiffage Infrastructures a témoigné de sa collaboration avec une start-up. Borobo, spécialisée dans la conception de robots porteurs, suiveurs et autonomes pour le transport de charges lourdes sur tout-terrain, a développé avec Eiffage Infrastructures un robot adapté aux besoins de ses métiers, Help-E.
C’est parti d’un coup de fil. « Nous avons reçu un appel d’un collaborateur d’Eiffage nous expliquant ses attentes. Une chance pour notre petite start-up de créer un robot sur mesure pour les besoins du BTP, témoigne Patrick Chanudet, fondateur CEO de Borobo, basée à Nice (Alpes-Maritimes). Nous avons par la suite signé une convention de partenariat. Et depuis 2020, nous travaillons avec le groupe. » Borobo répond à des besoins d’industriels de grands groupes, et selon son fondateur, le secteur du BTP est le plus demandeur.
Plus de confort dans le travail
« Notre attention portée à la santé et à la sécurité au travail contribue à apporter de la qualité de vie au travail, de la performance, et donc contribue à la pérennité de l'entreprise, souligne Érick Lemonnier, directeur Prévention Eiffage Infrastructures. Il existe un fort enjeu d’attractivité pour nous. Proposer des innovations et diminuer toutes les formes de contraintes, notamment physiques, pour les opérateurs sur le terrain contribue à renforcer l’attractivité et apporte plus de confort dans le travail. »
Engagée dans ce projet de R&D, l’entreprise a souhaité le présenter aux opérateurs et leur faire comprendre ce que le robot peut leur apporter. « L’objectif est de les aider dans leurs tâches pour exprimer pleinement leur savoir-faire technique, explique Vincent Besse, responsable risque chimique Santé Innovation d’Eiffage Infrastructures, on a fait des dizaines et des dizaines de tests ! Plus de 1 000 salariés ont vu le robot et ont pu nous faire leurs retours. » Grâce à cela, le robot a pu évoluer dans le temps en fonction des besoins du terrain. « Il faut travailler au plus près de l’utilisateur, renchérit Patrick Chanudet, écouter ce que disent les compagnons, c’est la clé de succès pour bien comprendre les besoins, tester, retester, avec beaucoup de patience. » Par rapport à la version 1, « nous avons prévu que le robot ait une base pour disposer tout un tas de dispositifs de nacelles, raconte Vincent Besse, on peut sangler des sacs, disposer une nacelle avec un système élévateur pour mettre n’importe quel élément à hauteur d’une table par exemple, cela évite de soulever pour mettre dans le robot. » Un opérateur a aussi suggéré de pouvoir tirer une prise électrique.
Plus de 1 000 salariés ont vu le robot et ont fait leurs retours pour le faire évoluer. Crédit photo : Frantz Bouton.
Le robot porte des charges de 80 kg
Il a fallu également prendre en compte les différents métiers. Le robot a pu s’adapter au génie civil, à la route, aux travaux en intérieur.
Le projet n’est pas terminé mais d’ores et déjà Vincent Besse témoigne de ses bénéfices en prévention : « Vous n’avez rien dans les mains quand vous marchez. » Ce qui prévient les chutes de plain-pied, car l’opérateur a une pleine visibilité quand il marche. « Le port de charges lourdes est délégué au robot, donc l’opérateur porte moins de charges, poursuit-il. Selon une étude interne, sur certains postes de travail, nous arrivons à diminuer de 80 % les charges portées. » Un atout pour la prévention des troubles musculo-squelettiques et la lutte contre les pathologies lombaires.
Le robot est capable de porter des charges lourdes de 80 kg sur tout terrain, y compris les déclinaisons. Il fonctionne selon trois modes : télécommandé, en mode suis-moi (le robot suit la personne selon sa morphologie, sa taille, la couleur de ses vêtements), et en mode autonome.
« Nous allons terminer ce projet pour passer à une phase d’industrialisation et de commercialisation, indique Érick Lemonnier. Le fruit de cette R&D a vocation à être partagé avec le plus grand nombre. L’innovation n’a de sens que si elle est partagée ».