ACTU Bec usure professionnelle maintien en emploi

    ©Bec Construction Champagne

    « Tenir ma place jusqu'au bout : c’est important psychologiquement », témoigne Roland Marlot, 59 ans, maçon pendant plusieurs décennies chez Bec Construction Champagne, entreprise générale de bâtiment du groupe Fayat. En novembre prochain, il partira à la retraite après trente-trois ans dans la même « maison », une PME de cent personnes, implantée dans la Marne, à Épernay. Roland Marlot est heureux de ne pas avoir dû abréger sa carrière professionnelle, malgré deux opérations aux cervicales. Il y a huit ans, son poste a été aménagé. « Un jeune m’a d’abord été affecté pour me venir en aide sur les chantiers, et je lui ai transmis mon savoir. Ensuite, j’ai été placé en mi-temps thérapeutique avant d’être déclaré travailleur handicapé. Je suis alors devenu chef d’équipe », raconte ce professionnel en invalidité à 30 %. Aujourd’hui, plus question pour lui de porter des charges lourdes, d’utiliser des outils vibrants ou de monter des échafaudages. Son travail à mi-temps consiste à gérer des équipes, coordonner différents corps de métier, assurer la relation avec la clientèle... « Cet aménagement me permet de finir en douceur et de partir dans de bonnes conditions en préservant ma santé », souligne-t-il.

    15 % de départs en retraite dans les cinq ans

    Comme Roland Marlot, quinze autres salariés partiront en retraite dans les cinq ans. Un vrai défi pour l’entreprise. « Nous devons tout autant permettre aux seniors de partir dans de bonnes conditions que d’assurer une continuité du savoir-faire », souligne Valentin Gazzoli, animateur Qualité Sécurité Environnement (QSE). Pour répondre à ce double enjeu, Bec Construction Champagne a prévu une série d’actions pour maintenir ses salariés en emploi dans de bonnes conditions, prévenir l’usure professionnelle et assurer le transfert des compétences.

    Cela passe d’abord par un dialogue ouvert avec les collaborateurs de plus de 50 ans, lors de l’entretien professionnel annuel. Sylvie Bauchet, DRH de l’entreprise, les fait parler de leur santé physique, psychologique, de leurs souhaits, de leurs doutes éventuels. « Certains ont du mal à se dire qu’ils n’iront pas jusqu’au bout », témoigne la DRH.

    Des binômes junior-senior

    Pour repérer certains signes de fatigue, Sylvie Bauchet s’appuie également sur ses indicateurs d’absentéisme, le travail de terrain de l’animateur QSE et sur une collaboration étroite avec le médecin du travail. Cette vigilance collective qui embarque les chefs d’équipes et les conducteurs de travaux permet d’aménager les postes aux premières alertes. « On se met alors d’accord avec les chefs de chantiers pour leur éviter des tâches difficiles comme le port de charges lourdes, les travaux en hauteur, le marteau-piqueur, etc. », expose Valentin Gazzoli. La mise en place d’un binôme junior-senior peut aussi être proposé. « Nous déterminons avec le médecin du travail s’il convient d’adjoindre une personne à mi-temps ou à temps plein », précise Sylvie Bauchet. Ces duos, s’ils ont vocation à soulager les plus âgés, sont aussi l’occasion de transférer le savoir-faire aux jeunes générations.

    Éveil musculaire et travail sur les postures

    Bec Construction Champagne a aussi lancé l'opération « Zéro TMS ». Il y a deux ans, l’entreprise a fait appel au kinésithérapeute de l’équipe de France de football pour diffuser la bonne parole sur l’importance de prendre soin de son corps, que l’on soit maçon ou joueur de football professionnel. Un travail sur les postures, poste par poste, a été initié, avant de déployer un éveil musculaire quotidien. « Aujourd'hui, cet exercice est devenu naturel. Mais il a fallu changer les habitudes et c’est le plus difficile », avoue Sylvie Bauchet.

    ACTU Bec construction Champagne usure professionnelle TMS Chez Bec Construction Champagne, un travail sur les postures, poste par poste, a été entrepris, avant de déployer un éveil musculaire quotidien.

    Pour inscrire cette action dans la durée, l’entreprise a formé des jeunes alternants. « Nous nous appuyons sur ces relais pour qu’ils aient un œil sur les postures de leurs collègues. Ils se permettent de dire : Attention, rectifie ta posture, pense à bien travailler avec ton dos, tes genoux, etc. Ce sont des sujets qui se travaillent en permanence », estime Sylvie Bauchet. « Pour nous, c’est trop tard », ajoute Roland Marlot, qui en fin de carrière, cumule des soucis aux cervicales, de canal carpien et de genoux. « Mais les jeunes, eux, prennent conscience de l’importance de leur corps et de leur façon de travailler. »

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