EDF DTEAM, division d’EDF spécialisée, entre autres, dans la maintenance des centrales nucléaires en France, a mené un important travail pour encourager ses salariés à signaler les situations dangereuses sur les chantiers et à sortir du « silence organisationnel ». Elle a poussé ses équipes à déclencher des stop chantiers. Un exemple intéressant dans le secteur industriel qui inspire le monde du BTP.
Date : 28/06/2022
Armelle Gegaden
Les entreprises ont beau mettre le paquet pour protéger leurs salariés, à grand renfort de normes et de procédures, leurs résultats ont tendance à stagner en matière d’accidentologie. C’est ce constat qui a poussé EDF DTEAM à engager un travail sur sa culture de sécurité. Cette division du géant français de l’énergie spécialisée dans la maintenance du parc nucléaire a réussi à inverser la courbe de son accidentologie, en adoptant l’approche pionnière de l’Icsi (Institut pour une culture de sécurité industrielle). Il y a quelques années, l’OPPBTP s’est rapproché de cette organisation, créée après le drame d’AZF en 2001, pour élaborer un programme d’accompagnement à la transformation culturelle des entreprises. Un processus qui prend plusieurs années, pour changer les mentalités, les perceptions et les croyances.
EDF DTEAM n’a jamais lésiné sur la sécurité. Elle évolue dans un secteur audité à l’extrême. Ses unités sont d’ailleurs certifiées. Son système de management de la sécurité est totalement aux normes. « Nous avons toujours investi dans le pilier technique de la sécurité », indique Alain Quiot, son délégué sécurité, sûreté et radioprotection. Ses chiffres stagnent, quand un vaste diagnostic auprès des 5 000 salariés est lancé avec l’Icsi. En 2017, un questionnaire anonyme leur est envoyé. « Le résultat nous a chamboulés », se souvient Alain Quiot. Ce qu’il révèle ? Le personnel est noyé dans 163 règles à connaître pour intervenir sur une centrale nucléaire, il ne maîtrise pas les risques majeurs, la vision du danger est hétéroclite, quand une règle n’est pas applicable, le chantier se poursuit.
Avec l’Icsi, EDF DTEAM va alors initier un vaste chantier de transformation culturelle en associant ses équipes, à travers des groupes de travail. L’objectif étant d’aboutir à une vision commune et à des règles mieux respectées, car issues de la réalité du terrain. « Personne ne se réveille un matin en se disant, 'aujourd’hui, je vais avoir un accident', explique Alain Quiot. Les gens sont de bonne volonté. Mais on a beau les former aux règles, ils ne vont pas forcément les appliquer, en raison, notamment, de biais cognitifs ».
Cinq grands projets sont ensuite actés :
« En mettant la pression sur le planning, un manager conditionne une réponse des salariés qui souhaitent satisfaire son attente, relate Alain Quiot. Nous avons donc repositionné la primauté de la sécurité en valorisant les stop chantier. »
« Dans la majorité des accidents, quelqu’un savait », souligne Alain Quiot. Féliciter le salarié qui parle est donc un levier pour réduire l’accidentologie et recueillir des signaux faibles de situations dangereuses. Leur traitement favorise l’engagement des équipes.
Parmi ces situations dangereuses, certaines ont un haut potentiel de gravité. Elles font l’objet d’une analyse approfondie et d’un partage avec l’ensemble des salariés.
« Ce qui est sur le terrain reste sur le terrain » : une phrase qui dit tout du silence organisationnel contre lequel EDF DTEAM a décidé de lutter, par la diffusion d’une « culture juste » qui fait la différence entre des erreurs et des transgressions. Entre une culture permissive, qui ne traite pas les remontées du terrain, et une culture répressive, qui muselle les équipes, un juste équilibre doit être recherché.
L’exemplarité ne s’arrête pas au port des EPI. EDF DTEAM déploie désormais un programme de formation au leadership en sécurité pour ses managers, afin que chaque décision soit imprégnée de cette culture. Six cents managers ont été formés, en premier lieu, les Codir (comités de direction) des unités.
Cinq ans plus tard, les lignes ont bougé. « Aujourd’hui, nos dix règles vitales sont bien connues de tous et 10 000 situations dangereuses sont signalées tous les ans. » De même, cent événements à haut potentiel de gravité sont analysés annuellement et plus de 1 500 stop chantiers, déclenchés. « Nous avons fait d’importants progrès, mais la route est encore longue », souligne Alain Quiot.
À venir dans le numéro 264 du magazine PréventionBTP (juillet-août 2022), un dossier complet sur l’accompagnement au changement. Avec des regards d’experts et les témoignages d’EDF TEAM et d’entreprises du BTP impliquées dans des démarches de transformation de leur culture sécurité.
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