Covid-19 : un dialogue social de qualité est un atout
Le dialogue social reste un levier privilégié dans tous les secteurs pour faire face aux enjeux sanitaires, économiques et sociaux liés à la crise de la Covid, selon une étude de l’Anact parue fin mai 2021.
Date de mise à jour : 1 juin 2021
Auteur : Chloé Devis
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La crise sanitaire a provoqué une intensification du dialogue social, atteste une étude de l’Anact sur les pratiques sociales en temps de crise. Parmi les 1 415 répondants*, représentants des employeurs et des salariés d’entreprise de tous secteurs, 44 % affirment que le rythme des réunions entre représentants du personnel et direction a été plus soutenu. Ils ont observé, en parallèle, une augmentation des temps d’échanges et de coordination informels.
Les sujets abordés lors de ces réunions ont été nombreux. En premier lieu, ceux touchant à l’organisation du travail liée à la crise : 77 % des répondants évoquent le plan de continuité d’activité. La santé et la prévention des risques vient en deuxième position, devant les aspects économiques : situations des personnes vulnérables du point de vue de leur santé (thème cité par 62 % des répondants), expression des difficultés (51 %), risques ou craintes pour la santé, réévaluation des risques professionnels et mise à jour du DUERP (47 %).
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Les CSE en première ligne durant la crise sanitaire
Une tendance positive pour l’Anact : « Les CSE ont contribué à régler des situations en urgence, à adapter l’activité et l’organisation et à ajuster les protocoles sanitaires au plus près des besoins du terrain », relève Marion Gilles, chargée de mission au sein de l’Anact. Le dialogue social s’est vu conforté comme un levier essentiel pour traiter conjointement des questions de santé au travail et de maintien de l’activité de l’entreprise. « Ce rôle est à pérenniser », souligne l’organisme, tout en développant la participation, encore timide, des représentants du personnel au travail d’analyse des risques.
L'importance de cultiver le lien avec les salariés
Une ombre au tableau : les moyens n’ont pas forcément suivi l’augmentation de la charge de travail liée au dialogue social, tant en ce qui concerne l’assouplissement des heures de délégation que la mise à disposition de ressources complémentaires et d’appuis externes.
À la clé, met en garde l’Anact, un risque d’épuisement, en particulier des représentants du personnel, menaçant également l’attractivité des mandats. L’Anact souligne, à l’inverse, l’importance de cultiver le lien entre salariés et représentants, notamment en matière de remontées d’information et d’alerte, au travers du travail des élus, complémentaire à celui de l’encadrement.
Organisation et télétravail en tête des préoccupations
La consultation de l’Anact révèle également une évolution des relations sociales « en demi-teinte ». 56 % des répondants estiment qu’elles sont globalement identiques à ce qu’elles étaient avant la crise sanitaire, quand 35 % jugent qu’elles se sont dégradées. C’est dans les structures où l’investissement des acteurs du dialogue social est le plus fort et les moyens les plus adaptés que la perception est la plus favorable. Une analyse à laquelle font écho l’expression d’un besoin de nouveaux outils, et en second lieu d’une montée en compétences. D’autant que la crise a fait émerger de nouveaux sujets : organisation et conditions de travail (sujet mentionné par 66 % des répondants), télétravail (53 %), reconnaissance des métiers et des compétences (38 %).
Que ce soit sur ces sujets émergents, sur les méthodes ou sur les postures, le déploiement de formations est un axe essentiel aux yeux de l’Anact, à alimenter également par la réalisation d’un retour d’expérience de cette période particulière. Encore sous-exploité, l’exercice s’avère riche d’enseignements au profit de l’amélioration de la qualité du dialogue social au sortir de la crise.
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*Le 12 janvier dernier, le réseau Anact-Aract a diffusé un questionnaire via son site, ses réseaux sociaux et ses partenaires, sur l’impact de la crise sanitaire sur le dialogue social et les relations sociales. Cette consultation n’a pas été adressée à un échantillon représentatif mais proposée, en libre accès, à l’ensemble des acteurs du dialogue social. 1 415 questionnaires ont été complétés jusqu'au 26 février 2021.
Les répondants sont à 81 % des représentants du personnel (15 % de représentants d’employeurs). 66 % des acteurs du dialogue social qui ont participé à la consultation exercent au sein d’une structure privée, 15 % dans une structure associative et 19 % au sein de la Fonction publique.