Un plombier du Bas-Rhin a constaté que des aides fonctionnaient pour adapter le matériel de travail proposé à l’ouvrier handicapé qu’il voulait embaucher.
Date : 23/07/2024
Hubert Heulot
« Ce n’est pas tous les jours qu’on arrive à faire quelque chose pour une petite entreprise ». Au 37e Congrès national de médecine au travail, à Montpellier, Anca Raluca Popa, médecin d’Alsace en santé au travail (AST67), a détaillé l’aide qu’elle a apportée à Feuerstein & fils, la petite entreprise de plomberie de Weyer, 530 habitants, dans le Bas-Rhin.
Il y a deux ans, son dirigeant, Cédric Feuerstein, cherche à embaucher. Dans ces confins de la Moselle, où il a repris l’entreprise de son père, le travail ne manque pas. Depuis le Covid, on rénove, on construit plus que jamais. D’une équipe de deux plombiers, il veut passer à quatre. Il veut engager Jean-Luc Seamann, 47 ans, un ancien camarade de lycée, plombier de métier comme lui mais ouvrier communal à Diemeringen, à une douzaine de kilomètres de là. Il veut changer d’emploi. « Jean-Luc avait installé des chaudières que j’avais vendues à sa commune. Je l’ai vu faire. J’étais sûr qu’il travaillait bien », explique Cédric Feuerstein. Simplement, pour travailler pour lui, Jean-Luc Seamann doit disposer d’une camionnette avec toilettes mobiles.
Le futur embauché souffre d’une maladie orpheline, le syndrome de Lynch, qui le prédispose au cancer colorectal. On lui a donc retiré le colon à 34 ans. Dès qu’il mange, il doit se rendre aux toilettes, contrainte gênante dans un travail fixe, rédhibitoire, sauf à reporter ses repas, si l’on enchaîne les chantiers parfois équipés de toilettes, parfois pas, comme sur les maisons en construction.
Effectivement, Cap emploi a dépêché ses experts dans l’entreprise de plomberie. Et lui a présenté le devis de l’opération, qu’il a accepté. « Tout s’est très bien passé par la suite. Notre dossier a marché. Cela demande un peu de temps administratif mais c’est du concret », explique Cédric Feuerstein.
La camionnette lui a coûté 40 000 euros, auxquels s’ajoutent environ 4 000 euros pour l’aménagement intérieur : des toilettes sèches dans un espace d’1,20 m sur 1,20 m, comme dans un camping-car. La subvention de l’Agefiph a couvert un cinquième de l’investissement. L’entreprise a reçu aussi un complément, versé en trois fois, pour la charge spécifique pour l’entreprise d’employer Jean-Luc Seamann : l’accompagnement obligatoire d’un autre ouvrier parce qu’il ne peut pas porter de grosses charges (une chaudière de 200 litres peut peser lourd) ; les absences régulières, au moins une journée par mois, pour le contrôle médical de sa maladie.
Cédric Feuerstein est sur le point de racheter la camionnette adaptée qu’il a d’abord louée. Car l’essai a été concluant. Jean-Luc Seamann travaille à temps plein. Le hasard veut que l’ouvrier qui l’accompagne – un plombier travaille de toute façon mieux par équipes de deux – est son fils de 16 ans, engagé dans un bac pour le même métier que son père, auprès des Compagnons du Devoir.
Partout en France, le service public Cap emploi apporte un vrai soutien technique et financier à toute TPE désireuse de recruter une personne handicapée ou d’en maintenir une dans son emploi. En général 75 % à 80 % du surcoût occasionné par l’emploi de cette personne est indemnisé. C’est en fonction de la taille de l’entreprise.
Tout commence (c’est un préalable absolu) par un médecin du travail qui donne sa préconisation pour l’adaptation du travail. Si le service de prévention de la santé au travail local est en pénurie de médecin, Cap emploi aide à trouver le médecin-conseil référent désigné par la sécurité sociale.
L’étape du médecin du travail est d’autant plus cruciale qu’elle doit intervenir le plus tôt possible pour traiter le cas au mieux. Le pire est d’attendre, par exemple, qu’une personne soit en arrêt de travail pour songer à adapter ses conditions de travail.
Car ensuite, l’examen technique de la situation de la personne, par Cap emploi et ses experts, est complet. L’objectif est de sécuriser, malgré tout, son parcours professionnel en mettant en place toutes les façons de compenser son handicap dans le travail. À son bénéfice et à celui de l’entreprise. Matériel adapté, formation sur ce matériel, accompagnement humain dans le travail, la solution va jusqu’aux compensations financières à l’entreprise pour l’emploi de la personne. Un devis de cet effort d’adaptation est soumis à l’entreprise, assorti d’un plan de financement intégrant les aides possibles. Elles font l’objet, par Cap emploi, d’une demande auprès de l’Agefiph dans le secteur privé et du Fiphfp(3) dans le secteur public. En plus de l’aide au maintien dans l’emploi peut s’ajouter une reconnaissance de la lourdeur du handicap.
Cap emploi suit les personnes et l’entreprise dans leur parcours commun.
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