Performance globale et qualité de vie au travail grâce à l’écoute des salariés
Plusieurs experts en santé au travail ont lancé la Fondation Projet 41-21 avant l’été. Un projet de recherche dont l’objectif est d’améliorer de façon significative le niveau de santé et qualité de vie au travail et de généraliser l’adoption de bonnes pratiques avérées au sein des entreprises. Explications.
Date de mise à jour : 4 sept. 2024
Auteur : Virginie Leblanc
©DR
C’est un projet de recherche unique en son genre : il entend réunir 1 000 entreprises, de toutes tailles et tous secteurs d’activité, afin qu’elles s’engagent dans une démarche structurée où l’écoute des travailleurs serait centrale et où les bénéfices sur leur santé, celle des dirigeants et de l’entreprise seraient évalués. À l’initiative du projet 41-21*, Vincent Baud, dirigeant du cabinet Master (Management de la santé au travail par l’écoute et la réponse), qui a lui-même expérimenté dès 2002 les premières démarches de prévention « par l’écoute » basées sur le cycle : écouter – évaluer – agir. Elles ont donné « des résultats considérables en termes de baisse des accidents du travail, de l’absentéisme et des risques psychosociaux », relate-t-il. Il avait d’ailleurs été nommé correspondant national des politiques SQVT (santé et qualité de vie au travail) des enseignes pour les Carsat à cette époque.
L’heure est aujourd’hui au partage de cette expérience en prévention, et le projet 41-21 fait suite aux réactions et au Tour de France de la QVT après la parution de son livre au titre volontairement provocateur « La QVT, en finir avec les conneries ». Le lancement du projet le 13 juin dernier est aussi lié à ce constat : « Les conditions de travail se dégradent et l’attractivité se dégrade, affirme Vincent Baud. Les accidents du travail en proportion des travailleurs après avoir beaucoup baissé ne diminuent plus. De plus, selon Santé publique France, la souffrance psychique en lien avec le travail a doublé entre 2007 et 2019. » Pour que cela change, les membres de la Fondation Projet 41-21 sont convaincus, à l’instar de tous les grands rapports sur le sujet, que l’écoute des travailleurs est l’élément central d’une politique SQVT efficace.
Pour les initiateurs du projet, la seule manière de convaincre est l’illustration par l’exemple à grande échelle. C’est pourquoi la fondation par fonds de dotation appelle 1 000 organisations – de toutes tailles et de tous secteurs d’activité – à se saisir du référentiel projet 41-21, basé sur le triptyque « Écouter > Évaluer > Agir » et disponible en libre accès sur le site de la fondation. Ce référentiel comprend des blocs de compétences à atteindre. Exemples : prévenir les risques majeurs, écouter les salariés en organisant un entretien d'écoute, analyser les accidents du travail et les maladies professionnelles, avec à chaque fois un rappel de l'objectif à atteindre, une liste d'actions à mettre en œuvre et des précisions et bonnes pratiques). L'idée est d'intégrer des éléments essentiels d'une démarche SQVT dans le management des entreprises qui souhaitent y adhérer et d'en mesurer les effets.
Le point de départ de l'implication des entreprises se concrétisera par une lettre d’engagement reprenant leur feuille de route en SQVT, au regard de ce qui reste à faire après un auto-diagnostic. Elles s’engageront ainsi dans une démarche de SQVT menée collectivement, avec leurs partenaires sociaux, afin d’en démontrer la valeur ajoutée effective sur leur performance globale. Et ce, sur un, deux ou trois ans maximum.
Depuis le lancement, du projet, cinquante entreprises l'ont rejoint et cent préventeurs se sont portés volontaires pour accompagner les entreprises s'y impliquant.
Différents experts de la SQVT soutiennent le projet. Parmi eux, dans son comité d’évaluation : Sophie Thiéry, consultante, co-garante des Assises du travail, Jean-François Naton, rapporteur du Cese et ancien président de l’INRS, Stéphane Seiller, ancien directeur des Risques professionnels à l’Assurance Maladie, Michel Ledoux, avocat fondateur du cabinet Ledoux & associés, Cyril Cosme, président du Bureau international du Travail pour la France, ou encore Hervé Lanouzière, directeur de l’INTEFP (Institut national de l'emploi et de la formation professionnelle), ancien directeur de l’Anact.
*En référence à l’article L 4121-1 du Code du travail, qui place sous la responsabilité de l’employeur la protection de la santé physique et mentale de ses travailleurs à égalité de traitement.