Métiers du curage et de la déconstruction : une étude pour améliorer les conditions de travail
L’OPPBTP publie les résultats d’une étude métier sur les conditions de travail des professionnels du curage et de la déconstruction. Elle permet de dégager des pistes d’action.
Date de mise à jour : 31 mai 2024
Auteur : Fabienne Leroy
©OPPBTP
L’étude métier du curage et de la déconstruction(1) a été réalisée par l’OPPBTP en partenariat avec le syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage (SEDDRe) et trois services de prévention et de santé au travail. Elle a été menée selon la méthode d’analyse et d’évaluation des conditions de travail (Maect).
Elle se fonde sur l’observation, dès 2015, de professionnels réalisant le curage de bâtiments, dans le cadre de travaux de rénovation ou de démolition, ainsi que sur des observations complémentaires réalisées en 2023. Notons que les évolutions réglementaires liées à la transition énergétique impactent notamment aujourd’hui ce type de métiers.
Trois binômes d’opérateurs observés sur trois chantiers de curage
Des binômes d’opérateurs, issus de trois entreprises volontaires, ont pu être observés pendant 3 à 4 jours consécutifs sur trois chantiers : un curage avant destruction d’un immeuble d’habitation, un curage avant réhabilitation d’un immeuble tertiaire et un curage avant destruction de la partie bureau et d’un site industriel.
La première phase d’observation de l’étude a été menée sur vingt facteurs, répartis en quatre thèmes. Elle a permis de faire des constats sur l’organisation du chantier, l’environnement de travail, l’activité physique et l’activité mentale et les relations au travail. Il apparaît notamment que la durée très courte de ce type d’opération engendre des difficultés pour déployer des infrastructures d’hygiène et de cantonnement mais aussi pour organiser des accueils et formation ainsi que des plans particuliers de sécurité et de protection de la santé (PPSPS).
Des observations menées en 2015 et complétées en 2023
L’étude relève que certaines caractéristiques de l’environnement de travail présentent des risques pour l’intégrité physique : risque de surdité, d’exposition aux ambiances thermiques contraignantes et d’accidents. Sont également à prendre en compte les risques d’exposition aux vibrations et aux poussières ainsi que l’encombrement de la zone de travail.
Par ailleurs, lors des opérations de démontage de cloisons et l’évacuation de gravats, les efforts physiques sont intenses et demeurent l’une des principales sources d’accident du travail, de maladie professionnelle et d’inaptitude au travail.
Des observations complémentaires ont été menées en 2023 pour étudier les impacts de la transition énergétique. Il apparait que les opérations de déconstruction sont de plus en plus mécanisées, quand cela est possible, réduisant ainsi la charge physique liée aux opérations d’abattage de parois et de plafonds, ou de manutention des gravats.
Aussi, la loi relative à la responsabilité élargie des producteurs (REP) implique des opérations supplémentaires nécessitant des ports de charges et des postures contraignantes afin de procéder au tri systématique des matériaux déconstruits. Néanmoins, l’essentiel des constats réalisés initialement lors de la première étude métier Maect reste d’actualité.
Un plan d’action et des pistes d’amélioration pour les métiers du curage et de la déconstruction
Plusieurs pistes d’action ont ainsi été dégagées, afin d’améliorer les conditions de travail des professionnels concernés. Des premiers travaux ont par ailleurs déjà été réalisés, tels que la définition d’une qualification professionnelle Qualibat Curage, ainsi que la mise à jour en 2021 du référentiel CQP Préparateur en démolition.
Le métier étant considéré comme émergent, ce CQP a été enregistré au répertoire national des compétences professionnelles en avril 2022 pour une durée de trois ans. Par ailleurs, une qualification « dépose sélective en vue de réemploi » est en cours de création afin de répondre aux objectifs d’économie circulaire.
D’autres pistes sont à l’étude, comme la mise en œuvre d’actions visant à l’acquisition de compétences et à l’amélioration de l’accueil des salariés sur le chantier, qu’il s’agisse de compagnons débutants, de salariés en insertion ou en contrat de travail temporaire. Un système de passeport équivalent au Pasi BTP est également à l’étude.
Enfin, des travaux en collaboration avec les industriels sont en cours. Ils visent à améliorer les matériels, outillages et EPI les plus courants, tels que les robots de démolition et les chariots légers de manutention, les EPI auditifs et respiratoires, les vêtements techniques et les dispositifs de brumisation.
(1)En savoir plus : Étude métiers du curage et de la déconstruction