Certification Mase : une enquête confirme le sentiment de confiance des entreprises qui l’ont adoptée
Le système de management Mase apporte aux dirigeants d’entreprise certifiée le sentiment d’une meilleure maîtrise des risques professionnels, selon une enquête menée fin 2021. L’application du référentiel se traduit par une meilleure confiance en l’avenir des dirigeants interrogés et une nette diminution de la sinistralité.
Date de mise à jour : 29 mars 2022
Auteur : Fabienne Leroy
©OPPBTP
L’objectif de l’enquête était de mesurer l’impact de la certification Mase sur la performance d’entreprise. Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 127 entreprises représentatives des quelque 1400 entreprises du BTP certifiées Mase (Manuel d'amélioration sécurité santé environnement des entreprises).
L’échantillon est constitué d’entreprises issues de toute la France. Les entreprises de moins de dixsalariés constituent 16 % du panel interrogé.
Rappelons que la certification Mase relative au management de la santé, de la sécurité au travail et de la protection de l’environnement concerne à ce jour 6 000 entreprises toutes activités confondues.
Interrogés sur les raisons qui les ont poussés à entreprendre la certification Mase, il est à noter que 80 % des dirigeants avaient pour objectif de satisfaire la demande d’un donneur d’ordre. Mais aussi, une entreprise sur deux (55 % ) souhaitait entamer ou poursuivre une démarche globale de prévention. Enfin, 46 % des répondants ont mentionné leur volonté de respecter la réglementation en termes de santé et sécurité, tandis que 37 % souhaitaient répondre à des problèmes de santé et sécurité.
« La certification Mase nous a permis clairement de nous développer. Plus, je donne de l'autonomie aux gens, moins ils ont besoin de me solliciter, et, par conséquent, je récupère du temps pour réfléchir au développement. »
98 % des dirigeants plébiscitent la certification Mase
Premier enseignement : les dirigeants expriment un très haut niveau de satisfaction sur les résultats de leur démarche de certification. Si la démarche peut s’avérer complexe pour près de la moitié des entreprises (45 %), la quasi-totalité des dirigeants (98 %) déclarent que sa mise en place en vaut la peine. Conséquence : ils n’hésitent pas à recommander la certification.
Autre enseignement : la certification favorise la consolidation du chiffre d’affaires des entreprises sur leurs marchés. Elle s’avère une source d’opportunités commerciales pour plus de sept dirigeants sur dix.
Quelles sont les principales difficultés relevées ? C’est avant tout l’adhésion du personnel à la démarche (pour 50 % des répondants mais surtout les entreprises de plus de 50 salariés), puis le suivi du référentiel et la documentation (49 %) . Seules 9 % des entreprises ont pointé le coût comme difficulté.
88 % des entreprises certifiées sont plus confiantes en l’avenir
Les entreprises « masées » expriment à 88 % une confiance élevée en l’avenir, en raison de l’impact positif perçu sur la prévention des risques santé et sécurité. Elles estiment pouvoir limiter les risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Une opinion exprimée par la quasi-totalité des entreprises certifiées depuis dix ans et plus (93 % d’entre elles). De même, les situations quotidiennes sont davantage maîtrisées pour 69 % des entreprises se disant confiantes en l’avenir.
Concernant l’impact de la certification Mase sur le chiffre d’affaires, 13 % des entreprises constatent une progression, tandis que 85 % signalent une stabilisation de l’activité a minima. Enfin, 15 % des entreprises ont constaté une progression de leur marge.
Une meilleure image de l’entreprise auprès des clients
Pour la quasi-totalité des dirigeants (97 %), la certification donne une meilleure image de l’entreprise et 57 % d’entre eux l’affirment avec certitude. De même, 81 % estiment que l’outil améliore les relations avec les partenaires et prestataires. Enfin, 80 % y voient une chance de fidéliser davantage leurs clients, et 72 % l’ouverture d’opportunités commerciales, voire de développements de nouvelles activités (47 %).
Cette amélioration de l’image est notable auprès des clients de l’entreprise certifiée (96 % du panel interrogé), mais elle est aussi ressentie pour les institutionnels (Carsat, Inspection du travail…) pour 73 %.
La certification améliore la qualité de vie au travail
Les dirigeants sont très nombreux (83 %) à estimer que la certification améliore la qualité du travail, tout en apportant de l’innovation dans la manière de travailler au quotidien (80 %). Et pour quatre dirigeants sur dix, la certification permet de gagner en productivité.
L’impact de Mase sur la réduction des accidents se perçoit surtout dans la durée. En effet, concernant l’accidentologie, le référentiel Mase a permis de diminuer la gravité des accidents de travail pour 73 % des entreprises, ainsi que la fréquence des accidents (71 %). L’impact est plus important pour les entreprises certifiées depuis plus de dix ans : 80 % constatent une diminution de la gravité des accidents, et 89 % estiment que leur fréquence est en baisse.
« La certification Mase fidélise nos gars car ils ne veulent pas d’accidents. Ils n’ont donc pas envie de partir de chez nous Et c'est aussi très intéressant pour le recrutement. Ils préfèrent aller chez nous plutôt que chez les autres. »
Des changements bénéfiques perçus chez les collaborateurs
66 % des sondés constatent une amélioration de la performance de leurs salariés grâce au référentiel, et 65 % affirment qu’il a permis de rendre les salariés plus autonomes. 36 % des dirigeants constatent aussi un effet de fidélisation de leurs salariés, et 30 % relèvent une diminution du taux d’absentéisme.
Il ressort de l’étude un niveau de satisfaction globale élevé, puisque 96 % des dirigeants affirment que les efforts engagés pour la certification en valaient la peine.
Dans la même logique, le niveau de recommandation est très élevé et très tranché, puisque 47 % des dirigeants attribuent des notes de 9 ou 10/10 quand on leur pose la question « Recommanderiez-vous Mase à un confrère ». Il s’agit d’un excellent niveau de recommandations, selon les auteurs de l’enquête.
En conclusion, alors que la plupart des dirigeants avait pour objectif l’obtention de marchés, quasiment tous s’accordent à dire qu’ils y ont trouvé d’autres bénéfices ; en prévention bien sûr, mais aussi sur d’autres sujets de performance.
« Mase, je ne la considère pas comme une certification, c’est une méthode de travail qui fait qu’on devient fort en prévention et en autocritique : on se pose des questions pour être meilleur qu’avant. On est toujours en train de se remettre en question, même si tout va bien. »
Le tableau indique la répartition des entreprises par effectifs (EI, entreprise intervenante). À noter que 40 % des adhérents EI sont des structures de moins de 20 salariés et que 34 % des nouvelles adhésions sont des structures de moins de 10 salariés, ce qui démontre que la certification Mase et la mise en œuvre d’un système de management sont à la portée des TPE.
Mase certification enquête.
La baisse de la sinistralité apparaît clairement sur le tableau présenté, qui concerne l’ensemble des entreprises certifiées Mase. Elle diminue en proportion de la durée de certification, que ce soit en termes de taux de fréquence (TF) ou taux de gravité (TG). 73 % des entreprises interrogées affirment ainsi que le référentiel Mase leur a permis de diminuer l’accidentologie depuis sa mise en place.
Mase certification enquête.
Mobiliser le personnel demeure l’une des difficultés relevées par les chefs d’entreprise. En effet. la réalisation de changements d’organisation ou de pratiques nécessite de communiquer et partager la vision, de multiplier les échanges avec les collaborateurs, ce qui peut s’avérer plus difficile qu’imaginé. Cela touche en effet à la culture de l’entreprise. Plus de 81 % des répondants des entreprises de plus de 50 salariés vivent cette difficulté, en comparaison d’une moyenne de 50 % pour toutes les entreprises interrogées. Pour aider les entreprises sur ce point, l’association Mase dans son carnet de conseils pratiques « les conseils de Masecotte », aborde les notions de base de culture prévention, afin de donner quelques clés aux entreprises pour leurs pratiques managériales, afin d’y intégrer les facteurs humains et organisationnels
Nicolas Allayrat (Allayrat SA) : « La certification Mase nous a fait progresser dans des proportions que l’on n’imaginait pas »
À la tête d’une PME familiale de génie civil de 30 salariés à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), Nicolas Allayrat, 38 ans, affirme ne plus pouvoir se passer du système de management Mase mis en place dans l’entreprise dès 2008. Son objectif : zéro accident.
Nicolas Allayrat, P-DG de l'entreprise de génie civil de 30 salariés à Saint-Vallier
L’entreprise créée en 1948 par Adrien, grand-père de Nicolas, et David, respectivement P-DG et directeur général, est spécialisée dans les travaux de génie civil industriel. « Nos clients sont les grands donneurs d’ordre industriels de la région. C’est l’un d’eux, le groupe sidérurgique Aperam, qui nous a recommandé la certification Mase », indique Nicolas Allayrat.
Pour mettre en place cette démarche, l’entreprise a bénéficié de l’accompagnement de son client Aperam, de la Chambre de commerce et d’industrie de Saône-et-Loire et du soutien de l’association Mase. « Nous avions déjà une culture sécurité forte. À la lecture du référentiel, on a forcément un peu d’appréhension car il y a de nombreux sujets détaillés à traiter. La question se pose aussi de savoir comment les présenter aux équipes », se souvient Nicolas Allayrat.
Le dirigeant a pu profiter d’un climat social de confiance avec ses collaborateurs : « Je suis allé voir chaque chef de chantier et compagnon pour leur expliquer la démarche Mase, et c’est tous ensemble, grâce à l’investissement de chacun, que nous avons réussi ce challenge. »
Un plan d’action complet pour prévenir les risques sur les chantiers
Concrètement, la direction de l’entreprise déploie un plan d’action avec mise en œuvre de mesures correctives, alimenté par les remontées d’informations du terrain. Le système de management s’appuie sur plusieurs outils de prévention quotidiens et hebdomadaires, dont :
- Le panneau des 5 premières minutes décrivant les objectifs de la journée avec les risques auxquels l’équipe va être exposée et les moyens de prévention à appliquer.
- La note interne quotidienne recensant les éventuels accidents/incidents, l’utilisation de la trousse de secours, les besoins et la conformité du matériel.
- Le quart d’heure sécurité, animé chaque lundi matin par le chef de chantier avec un thème défini par l’encadrement selon l’actualité issue de la presse locale ou nationale, du magazine PréventionBTP ou de la veille réglementaire…
- Deux audits de chantier sont réalisés tous les mois par l’encadrement et les chefs de chantier, afin de vérifier la conformité des aspects sécurité, hygiène, qualité et environnement. Ces audits sont également l’occasion d’échanger librement sur la vie de l’entreprise, les points positifs du chantier et les pistes d’amélioration.
Objectif : zéro accident du travail sur les chantiers
Enfin, chaque année, un audit réalisé par un auditeur Mase (ou externe) permet d’évaluer le système de management santé sécurité et environnement à l’échelle de l’entreprise. « En fait, c’est un système complet et unique qui s’attache aussi particulièrement au respect du Code du Travail », analyse Nicolas Allayrat, qui ajoute : « Nous avons une démarche complètement intégrée, et il est clair que l’on ne pourrait plus s’en passer aujourd’hui ».
Résultat concret pour l’entreprise : la tendance en accidentologie est à la baisse depuis plusieurs années. « En 2018 et en 2020, nous avons enregistré un « zéro accident » et c’est notre plus belle satisfaction », reprend le dirigeant. Son objectif 2022 demeure sans surprise le même : un zéro accident qu’il espère atteindre grâce au système mis en place et l’accompagnement continu de l’association Mase.
Fabien Thollet (Auglans) : « Le référentiel Mase nous amène à réfléchir différemment »
L’entreprise Auglans, présente dans le Grand Sud Ouest de la France (Millau, Lunel et Capens) et dirigée par Fabien Thollet (60 personnes), a obtenu la certification Mase en 2016. Depuis, elle s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue de son système de management de la prévention.
Spécialisée dans le génie civil et la réparation des ouvrages en béton (ouvrages d’art, hydrauliques, tunnels, parkings…), l’entreprise s’est engagée dans la démarche de certification Mase à la demande de l’un de ses clients, en l’occurrence EDF.
« La société EDF était elle-même engagée dans cette démarche au niveau du groupe et de ses fournisseurs dont nous faisons partie. Et de notre côté, nous avions déjà un état d’esprit porté vers la prévention. Cependant la sollicitation de notre client nous a permis de mieux structurer nos actions. Ils nous ont mis le pied à l’étrier, ce qui est tombé à point nommé car nous avions besoin de la colonne vertébrale du référentiel Mase à ce moment-là », souligne Fabien Thollet.
« De nombreuses décisions sont prises en commun grâce aux remontées du terrain »
Malgré une part de formalisme du référentiel, qu’il faut faire accepter par tous, les équipes sont satisfaites des résultats. Le quart d’heure sécurité mais aussi les autres outils déployés sont un moyen de communication qui facilite la prise en compte des remontées du terrain, analyse Fabien Thollet.
« Sur nos projets, les chefs d’équipe sont sollicités sur les points techniques mais aussi sur la sécurité. En fait, de nombreuses décisions sont prises en commun », reprend le dirigeant. Autre exemple : lors de la campagne de remplacement des EPI, les salariés sont directement sollicités et l’entreprise attend leurs observations avant de procéder à de nouveaux achats de matériels.
Cette nouvelle démarche structurée impacte tous les niveaux, qu’il s’agisse de stratégie, d’investissement en matériel ou de formation. « Cela nous amène à réfléchir différemment grâce à une panoplie d’outils qui nous permettent de faire davantage de suivi et de traçage », analyse le chef d’entreprise.
« Des audits croisés entre confrères du BTP »
Outre les audits de certification, qui ont lieu tous les trois ans, l’entreprise a souhaité aller plus loin : elle réalise des audits croisés avec quatre autres entreprises du BTP. « Un animateur QSE issu d’une autre entreprise vient chez nous pour faire son audit, et cet échange de connaissances est riche en enseignements pour tous », explique Fabien Thollet.
Autre résultat concret de la certification Mase : la diminution de l’accidentologie, et notamment la chute du taux de fréquence et de gravité chez Auglans. « Nous ne nous limitons pas à l’application du référentiel, nous définissons librement nos objectifs en créant nos outils et en travaillant sur la culture prévention des salariés. C’est donc une démarche d’amélioration continue », termine le dirigeant. Son entreprise a d’ailleurs été primée aux Mase Awards en 2018, au titre des bonnes pratiques, à la suite de la création d’ateliers santé en interne !