Démarche Propobois : une nouvelle méthode de mesure de l’exposition aux poussières de bois
Les entreprises de seconde transformation du bois sont toujours confrontées aux enjeux techniques, réglementaires et économiques posés par la réduction du risque lié aux poussières de bois. La démarche Propobois offre une méthode d’auto-évaluation de l’exposition aux poussières de bois, notamment une métrologie en temps réel. Ce procédé pourrait compléter les mesurages réglementaires et apporter une solution potentiellement adaptée à la prévention du risque chimique.
Date de mise à jour : 5 nov. 2020
Les moyens de réduire le risque lié aux poussières de bois font encore l’objet de nombreuses questions sur les plans réglementaire, technique et économique. Une nouvelle méthode d’évaluation, telle que la métrologie en temps réel, testée et validée dans le cadre de la démarche Progrès pour la réduction de l’exposition aux poussières de bois (Propobois), permet d’entrevoir des solutions prometteuses pour les entreprises.
Environ 370 000 salariés concernés
L’exposition aux poussières de bois concerne environ 370 000 salariés¹, dont la moitié dans le secteur du BTP, et reste encore complexe à appréhender par les entreprises concernées.
Outre le captage à la source et les systèmes d’extraction et d’aspiration, la mise en œuvre d’une prévention collective efficace repose aussi en amont sur une évaluation du risque dont l’enjeu clé est le respect de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) aux poussières de bois, fixée en France à 1 mg/m3 sur huit heures.
Le contrôle du respect de la VLEP est réalisé conformément à l’arrêté « métrologie » du 15 décembre 2009, après détermination de Groupes d’exposition homogène (GEH). Ces GEH correspondent à un groupement d’opérateurs effectuant les mêmes tâches, sur des machines similaires ou dans des conditions similaires, représentatives d’un niveau d’exposition identique. L’hétérogénéité des situations d’exposition dans les ateliers de travail du bois ne facilite pas la constitution de ces GEH. Cette difficulté entraîne, dans le système de contrôle actuel, un coût très élevé de mesurages à effectuer, difficilement abordable pour les petites structures.
À la suite de ce constat, une série d’études (Tempobois 1 & 2, Mesorem), pilotées par l’Institut technologique forêt, cellulose, bois-construction, ameublement (FCBA) et financées par le Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois (Codifab), a mis en évidence les difficultés rencontrées par les entreprises pour répondre à leurs obligations. Les études ont également exposé les limites de la mesure « conventionnelle » basée sur la méthode gravimétrique (pesée). Cette méthode fournit un diagnostic sur le dépassement ou non de la VLEP sur huit heures d’activité, sans toutefois donner d’information sur la ou les tâches exposantes, ce qui permettrait pourtant de guider les entreprises dans une démarche raisonnée de réduction de l’exposition.
Propobois : des outils pour une auto-évaluation de l’exposition
Face à ces difficultés de mise en œuvre d’une prévention spécifique permettant de se conformer à la réglementation, les organisations professionnelles de la seconde transformation du bois² ont poursuivi leurs efforts en lançant la démarche Propobois. Un des volets vise à développer, et mettre à disposition des entreprises, des outils pour une auto-évaluation de l’exposition aux poussières de bois.
L’étude Propobois a mis au point une méthodologie de caractérisation de l’émissivité des machines ou des postes de travail. Elle a conduit à l’élaboration de 11 fiches « Procédé » telles que celle relative à la déligneuse mono-lame ou celle dédiée à la scie radiale. Ces fiches constituent une base de connaissances professionnelles qualifiée et riche en données opérationnelles.
Cette étude a également permis d’analyser les contextes opérationnels des résultats d’exposition enregistrés, et de faciliter la constitution des GEH par les entreprises. Des mesures complémentaires seront nécessaires pour caractériser de nouveaux procédés et ceux n’ayant pas pu faire l’objet d’une validation dans Propobois, neuf procédés ont déjà été analysés sur les vingt-huit caractérisés. Par ailleurs, un guide pratique d’autodiagnostic viendra illustrer les différents enseignements recueillis au cours de l’étude Propobois.
Intérêt du capteur optique
L’étude a également permis une meilleure compréhension du fonctionnement du capteur optique (appareil en lecture directe), pour une utilisation optimale, et a démontré l’intérêt de sa mise en œuvre pour une métrologie en temps réel.
En l’état actuel, pour des raisons de métrologie, la mesure en temps réel ne peut pas se substituer à la méthode appliquée pour effectuer les contrôles réglementaires, même si elle permet l’analyse des situations d’exposition. En effet, le capteur optique peut donner des résultats relatifs : variation de la concentration en poussières, selon le lieu dans l’atelier et selon le temps. Il constitue donc un outil complémentaire aux mesurages réglementaires, pouvant servir de moyen d’autocontrôle pour une meilleure compréhension, et pour une identification plus rapide des sources d’émissions, qui permettront ensuite de trouver des solutions de prévention adaptées au poste de travail.
D’une façon plus générale, la métrologie en temps réel apparaît comme étant une solution potentiellement adaptée à la prévention du risque chimique.
Simplification du dispositif de contrôle réglementaire
L’OPPBTP est favorable à une simplification du dispositif de contrôle des expositions professionnelles, dans l’optique d’améliorer l’effectivité de la réglementation sur le terrain.
En effet, l’utilisation par les entreprises d’appareils à lecture directe, sous réserve qu’ils soient facilement accessibles, offre de nombreux avantages en termes de coût, de pédagogie, d’intégration aux process…
Cet autocontrôle permet aux entreprises de se réapproprier la prévention du risque lié aux émissions et aux expositions aux poussières de toutes natures. Cette réappropriation n’est pas envisageable lorsque l’entreprise achète, auprès d’un laboratoire extérieur, des prestations de mesures ponctuelles, espacées dans le temps.
Les travaux de l’OPPBTP sur les poussières de bois, réalisés avec l’Institut technologique FCBA et l’ensemble des organisations professionnelles de la seconde transformation du bois, montrent la faisabilité technique d’un tel dispositif.
1. Enquête Sumer 2010
2. Ameublement français, UNAMA, Capeb, UMB-FFB, UFME, Scop BTP et UIPC
Les textes légaux et réglementaires mentionnés dans cet article sont ceux consolidés à la date de publication de l’analyse.