Une enquête menée par l’OPPBTP révèle que les professionnels du BTP semblent mieux sensibilisés aux dangers de l’amiante. Si les outils et ressources proposés par l’organisme sont jugés utiles, la réglementation, en vigueur depuis 2012, reste un défi pour les petites entreprises. Retour sur les perceptions et pratiques d’un secteur face à ce risque majeur…
Date : 16/12/2024
Fabienne Leroy
Comment les entreprises du BTP perçoivent-elles et appliquent-elles la réglementation amiante, en date de 2012(1) ? Et comment les outils et documents mis à leur disposition par l’OPPBTP sont-ils utilisés ?
Une enquête, réalisée en 2023 par Viavoice, permet de prendre le pouls de la profession sur ce risque cancérogène. Cette enquête a été menée sur la base de questions posées à un large panel (soit 1 280 personnes) incluant des chefs d’entreprise, encadrants, préventeurs, opérateurs et maîtres d’ouvrage(2).
L’étude montre une prise de conscience accrue des risques associés à l’amiante. 86 % des dirigeants (chefs d’entreprise, encadrants et préventeurs) reconnaissent le danger de ce matériau, et 76 % des personnes interrogées ont suivi une formation ou une sensibilisation dédiée.
Cette tendance témoigne d’une évolution vers une culture de la sécurité, où le risque amiante est davantage intégré dans les pratiques professionnelles. Cela est particulièrement vrai pour les grandes entreprises dont une part de leur activité est consacrée au désamiantage.
Les formations sont jugées adaptées et certains dirigeants vont jusqu’à spécialiser leurs équipes dans la gestion de l’amiante pour garantir une maîtrise accrue du sujet.
Les outils comme « Carto Amiante » et les « Règles de l’art amiante SS4 » de l’OPPBTP sont salués pour leur utilité et leur accessibilité. Environ 77 % des dirigeants s’en disent satisfaits, utilisant ces outils pour rédiger des modes opératoires.
Ces ressources facilitent la gestion du risque amiante et permettent de simplifier la planification des interventions en fonction des besoins du chantier. Les outils sont perçus comme fiables et adaptés aux réalités du chantier, notamment en comparaison avec d’autres sources d’information, ce qui conforte l’OPPBTP dans son rôle central d’accompagnateur des professionnels du BTP.
Les formations en sous-sections 3 et 4 (SS3 et SS4, voir encadré) répondent aux attentes des opérateurs et des encadrants en matière de connaissance pratique du sujet. Les professionnels sont toutefois demandeurs de contenus toujours plus opérationnels, tout en reconnaissant que les formations proposées sont globalement satisfaisantes et donnent des clés utiles pour gérer les risques de manière effective.
Ils formulent cependant le souhait de pouvoir suivre des formations plus courtes et plus fréquentes, avec des contenus pratiques et ludiques.
L’étude révèle que plusieurs obstacles subsistent dans la mise en œuvre de la réglementation amiante. En effet, 47 % des dirigeants estiment que la réglementation n'est pas systématiquement respectée dans leurs entreprises, notamment en raison de sa complexité et de son coût élevé.
Les petites entreprises, en particulier, se sentent parfois dépassées par les lourdeurs administratives et les exigences techniques, ce qui peut les pousser à contourner certaines règles. Le « manque de clarté » des distinctions entre les sous-sections 3 et 4 constitue également une source de confusion pour les donneurs d’ordre.
Ces points à améliorer soulignent le souhait des entreprises d’une réglementation simplifiée et de clarifier davantage les exigences de celle-ci. Les entreprises du BTP appellent également à une responsabilisation des particuliers, en tant qu’acteur déterminant dans la bonne conduite des travaux sur des matériaux ou produits contenant de l’amiante. De précieux enseignements qui orienteront les prochaines réflexions et actions menées par l’OPPBTP.
(1)Décret n°2012-639 du 4 mai 2012 relatif aux risques d’exposition à l’amiante.
(2)1 280 personnes ont été interrogées incluant chefs d’entreprise (695 personnes), encadrants (306 personnes), préventeurs (231personnes), opérateurs (33) et maîtres d’ouvrage (15 personnes).
Un maître d’ouvrage catégorisera un chantier « amiante » en sous-section 3 ou en sous-section 4, selon l’activité à réaliser :
La multitude de cas particuliers a amené le ministère du Travail à préciser des règles générales au travers de deux logigrammes agrémentés d’exemples :
DGT : Logigramme sur les immeubles par nature ou par destination
Tous les indispensables pour gérer et se former sur la prévention : les dernières actualités en prévention et dans le BTP et bien plus encore... C’est par ici !
Tous les vendredis, notre lettre hebdomadaire vous propose un condensé d’actualités sur la prévention et dans le secteur du BTP.
En savoir plusInsérez vos espaces publicitaires sur le site, le magazine, et/ou la newsletter PréventionBTP
Voir le Kit MédiaExplorez des solutions pratiques et réalistes pour améliorer la vie sur vos chantiers.
Construisez, avec toute l’entreprise, des mécanismes et systèmes de prévention adaptés et personnalisés.
Simplifiez-vous la vie avec des outils faciles et pratiques, qui vous aideront à mettre en place la prévention dans votre entreprise.
Explorez des ressources pratiques pour sensibiliser les compagnons et sécuriser les situations de travail.
Connectez-vous à l'actualité de la prévention : articles, événements, magazine…