Journée du bruit

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    « Contre le bruit, j'agis », tel était le leitmotiv de la première Journée nationale technique du bruit organisée par l'OPPBTP à Paris le 28 juin dernier. Durant toute une journée, experts, entreprises et fabricants de solutions de prévention sont venus échanger autour des dangers de l'exposition au bruit et des moyens de prévention collective et individuelle.

    En introduction de cette journée, Paul Duphil, secrétaire général de l'OPPBTP est venu rappeler que le bruit était un enjeu majeur en milieu professionnel et particulièrement dans le BTP où deux salariés sur trois sont concernés par les nuisances sonores¹. La surdité représente aujourd'hui 1,4 % des maladies professionnelles dans le BTP. En complément, le secrétaire général a également fait une présentation de la campagne de sensibilisation au risque bruit menée par l'organisme en 2021et rappelé que la prévention était un véritable levier de performance et de progrès.

    Intervention de Paul Duphil à la Journée Nationale du bruit le 28 juin 2022 à Paris Intervention de Paul Duphil à la Journée Nationale du bruit le 28 juin 2022 à Paris

    Pollution sonore et santé auditive

    C'est ensuite l'association Journée nationale de l'audition (JNA), via son porte-parole Sébastien Leroy, qui a présenté les résultats de son baromètre, qui fait apparaître que 53 % des actifs déclarent être gênés par le bruit dans le cadre du travail, entraînant du stress pour 55 % et de la souffrance psychologique pour 37 % d'entre eux. Pour lutter concrètement contre l'exposition au bruit, l'association conseille en premier lieu d'agir sur la réduction des émissions sonores à leur source (matériel et locaux) et de protéger les salariés tout en agissant sur les comportements. « Intégrer la réduction du bruit aux valeurs éthiques de l'entreprise permet d'apporter du sens, de modifier la place du bruit et de sortir de la contrainte », a ainsi exposé Sébastien Leroy.

    Le bruit et ses dangers

    Les dangers du bruit sur la santé sont nombreux. C'est ce qu'est venu rappeler à son tour Nicolas Trompette, expert acousticien à l'INRS. « L'oreille est un mécanisme sophistiqué et fragile », a-t-il résumé. Les atteintes lésionnelles par fatigue ou rupture sont irréversibles. L'expert a également rappelé les limites pour l’exposition journalière : le risque apparaît à partir de 80 dB(A) et il est avéré à partir de 85 dB(A) sur 8 heures. Pour les bruits très intenses (dits « impulsionnels »), il existe un risque à partir de 130 dB(C). L'exposition au bruit peut entraîner d'autres risques : accidents, fatigue, stress, anxiété… Un risque qui a un coût très élevé : 61 millions d'euros par an.

    Démarches de prévention des nuisances sonores et accompagnement

    Après l'exposition des dangers de l'exposition au bruit, place a été faite aux moyens de prévention. Thomas Bozom, ingénieur conseil à la Carsat Languedoc-Roussillon est venu présenter quelques exemples d'action de réduction à la source, sur la propagation ou sur le récepteur. Puis un focus a été fait sur les démarches d'accompagnements proposées par les Carsat et la Cramif. Ces dernières disposent de nombreux moyens d'action pour aider les entreprises : interventions en entreprises (conseil et contrôle), aide à la conception de situations et d'équipements de travail, documentation, formations…
    L'Assurance maladie-Risques professionnels propose également des incitations financières qui diffèrent en fonction de la taille de l'entreprise (subventions TPE-PME ou contrats de prévention pour les moins de 200 salariés). Des aides à retrouver sur le site de la Carsat.

    Mesures collectives et organisationnelles

    La journée s'est poursuivie par deux tables rondes consacrées aux moyens de prévention. Tout d'abord par le biais des mesures organisationnelles et des moyens de prévention collective. Malika Benamar, responsable, en charge des sujets sur l'organisation des chantiers à l'OPPBTP, a rappelé que le bruit était la quatrième cause de maladie professionnelle en France. La lutte contre le bruit passe aujourd'hui par la multiplication des innovations tels que l'électrification des engins et matériels de chantier ou la mise en place de revêtements routiers absorbeurs de bruit, parmi tant d'autres. Après avoir rappelé le rôle de l'employeur dans le cadre de l'exposition au bruit, la responsable a évoqué les méthodes de réduction du bruit à la source et l'aménagement des postes de travail et des chantiers. « Agir contre le bruit, c'est aussi gagner en performance durable », a-t-elle affirmé, en guise de conclusion de sa présentation.

    Pour illustrer ses propos, la table ronde faisait également intervenir Christophe Roux, directeur SQE de Colas Rail qui a présenté des exemples de solutions de réductions du bruit appliquées aux chantiers ferroviaires mais également Frédéric Brandt, de la société Com'In, venu exposer une solution digitale de mesure d'exposition au bruit sur les chantiers du BTP. C'est enfin Michel Lagache, responsable technique de chez Delaunay-Acoustique , qui a détaillé les solutions de réduction du bruit à la source ou de réduction de la propagation du bruit proposées par son entreprise.

    Mesures individuelles de lutte contre le bruit

    Après les mesures collectives, ce sont les mesures de protection individuelle qui ont été présentées. Mohamed Trabelsi, responsable du domaine EPI à l'OPPBTP a ouvert le bal en rappelant la réglementation européenne sur les EPI. Il a ensuite abordé les critères de sélection des protecteurs individuels contre le bruit (PICB) : implication des acteurs, tester, valider, informer et former et, enfin, penser à la maintenance et au renouvellement. Un focus a également été présenté sur les différents types de PICB, soulignant l’importance de la triple performance (efficacité, confort et coût). L'expert de l'OPPBTP a clôturé son intervention sur le lien prévention et performance en l’illustrant avec deux cas concrets sur les PICB.

    Puis, pour poursuivre les échanges sur les protections individuelles, un nouveau témoignage d'entreprise a été proposé à l'auditoire, en la personne de Michaël Hernandez, ingénieur spécialisé en acoustique à la SNCF. Enfin, Sylvie Sermage de chez 3M et Gwenolé Nexer, de chez Cotral sont venus exposer les atouts respectifs des protecteurs auditifs individuels et des protecteurs auditifs personnalisés.

    Enfin, la journée s'est achevée par une série de pitchs de start-up et de fabricants d'EPI venus présenter leurs solutions de lutte contre le bruit sur chantier.

    Un succès pour cet événement qui a rassemblé une centaine de participants.

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