Résultats d'une étude sur les expositions aux poussières de bois chez les salariés et non-salariés
Santé publique France vient de publier une évaluation de l’exposition aux poussières de bois chez les travailleurs salariés et non-salariés en 2017. Les travaux de construction spécialisés représentent la majorité des populations concernées.
Date de mise à jour : 26 avr. 2023
Auteur : Cendrine Barruyer
©OPPBTP
En 2017, près de 305 000 travailleurs ont été exposés aux poussières de bois (1,2 % des actifs en emploi), soit 212 000 salariés et 93 000 non-salariés, révèle une enquête publiée le 25 avril par Santé Publique France. Chez les non-salariés, 55 % exerçaient dans le secteur des travaux de construction spécialisés. Les travailleurs salariés exposés travaillaient, eux, principalement dans le secteur des travaux de construction spécialisés (38 %) et celui du travail du bois, sauf fabrication de meubles (14 %).
Cancers professionnels et autres pathologies
Les poussières de bois inhalables peuvent provoquer des pathologies comme l’asthme, la rhinite ou l’eczéma, mais aussi des cancers. L’Union européenne a classé les travaux exposant aux poussières de bois dur comme cancérogènes et fixé les limites d’exposition professionnelle à 3 mg/m3 jusqu’au 17 janvier 2023 et à 2 mg/m3 après cette date. En France, en 2017, 69 cancers d’origine professionnelle imputables aux poussières de bois ont été indemnisés au titre du tableau 47 des maladies professionnelles. Cela représente 16,7 % des cancers reconnus d’origine professionnelle non liés à l’amiante (source : Rapport annuel 2017 de l'Assurance maladie-Risques professionnels).
Pas de suivi médical pour les travailleurs non-salariés
L’étude, publiée le 25 avril dans le BEH, est la première réalisée sur l’ensemble de la population active française. Elle est particulièrement intéressante, car les connaissances dans ces domaines étaient jusqu’alors issues des enquêtes Sumer, qui ne concernent que les populations salariées. Or l’exposition aux poussières de bois touche de nombreux indépendants, notamment des artisans du bâtiment. L’enquête montre que la sous-population des travailleurs non-salariés représente une part non négligeable des exposés, alors que ces travailleurs ne bénéficient d’aucun suivi dans le cadre de la médecine du travail ou de système de reconnaissance des pathologies professionnelles.
Des indicateurs d’expositions professionnelles pour l’ensemble des travailleurs
Santé publique France coordonne le programme Matgéné, qui vise à construire des matrices emplois expositions (MEE) et à produire des indicateurs d’expositions professionnelles pour l’ensemble des travailleurs. La matrice comporte également un niveau d’exposition relatif qui permet de hiérarchiser les emplois les uns par rapport aux autres. Les travaux en cours permettront de quantifier plus précisément ces niveaux et d’identifier les professions et les secteurs où les expositions sont les plus fortes.
Source BEH n° 7, 25 avril 2023