Travaux ferroviaires : le SETVF développe son observatoire de sécurité
Le Syndicat des entrepreneurs de travaux de voies ferrées (SETVF) a mis en place un observatoire de la sécurité à disposition de ses adhérents. Cet outil, simple d’utilisation, permet de remonter les accidents et presqu’accidents, et de proposer des pistes d’amélioration pour les entreprises mais aussi les maîtres d’ouvrages dont la SNCF.
Date de mise à jour : 20 mars 2024
Auteur : Fabienne Leroy
©SETFV ©Jules Despretz
La commission Prévention sécurité du SETVF(1) a conduit le développement d’une plate-forme informatique à disposition de ses adhérents depuis le début de l’année 2024. Elle doit permettre de reporter les accidents et événements de chantier survenus à l’occasion des travaux effectués sur les voies ferrées de France. Avec un objectif : travailler sur les données récupérées pour améliorer les situations de travail et réduire la sinistralité.
Une fois par mois, les entreprises de travaux ferroviaires sont désormais invitées à reporter, de façon anonyme, les accidents ou presqu’accidents survenus sur leurs chantiers. Ce qui ne les empêche pas pour autant de partager un « flash info » à l’occasion d’un événement important.
La création de cet outil signe, selon Philippe Rocher(2), président de la commission Prévention sécurité du SETVF, « le passage progressif d’une culture individuelle de sécurité à une culture de partage de nos écarts mais aussi de bonnes actions pour éviter les accidents. » Certains adhérents saisissaient en effet déjà des indicateurs liés à la sécurité sur leurs chantiers. Une interface développée avec la nouvelle plate-forme leur évite d’ailleurs une double saisie fastidieuse.
Les principales causes des accidents dans la profession sont liées à des heurts mais également à des chutes de plain-pied, car les opérateurs cheminent et travaillent dans le ballast. Les difficultés d’accès au poste de travail et le type de matériel utilisé nécessitent souvent le port et la manutention de charges lourdes pouvant entraîner des accidents.
Principales causes d'accidents lors des travaux ferroviaires.
Deux thématiques traitées : l’accidentologie et les événements de chantier
Concrètement, l’outil également utilisable sur le smartphone grâce à une appli, permet de remonter des données précises sur deux sujets majeurs : l’accidentologie du personnel et les événements de sécurité.
Sur le premier sujet, les accidents, il est possible de renseigner leurs circonstances détaillées et de spécifier le type de personnel impliqué : équipes en propre de l’entreprise ou personnel intérimaire. Ce qui donnera lieu à des statistiques précises, avec le taux de fréquence et de gravité lié à chaque type d’accident recensé.
Le second sujet concerne les événements de sécurité sur le chantier, ceux qui pourraient conduire à un accident grave. Il peut s’agir, par exemple, du non-respect d’un signal de sécurité qui n’a pas eu de conséquence. Ce type d’événement donne lieu à un classement défini par une norme issue de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), souligne Philippe Rocher.
Des statistiques précises pour dialoguer en interne et avec la SNCF
Ainsi classées, ces différentes données alimentent des statistiques que le SETVF partagera avec ses adhérents et la SNCF. « Ce sera un outil de dialogue d’autant plus que de nouveaux indicateurs permettront de préciser l’environnement de travail ou la localisation des événements signalés (atelier, voie ferrée, base arrière) », ajoute Heraklès Katsikas(3), directeur prévention chez Eiffage Rail et expert au sein de la commission du SETVF.
Ainsi, concernant les chutes de plain-pied, première cause d’accidents dans ce métier, « nous aurons une meilleure vision et compréhension de ce qui se passe réellement, et nous pourrons travailler sur les causes. , précise Heracklès Katsikas.
Suivre les tendances des chantiers ferroviaires et réagir face aux accidents
Selon le syndicat, les informations transmises par la SNCF n’ont pas toujours le niveau de précision suffisant pour que la commission Prévention sécurité puisse choisir les actions prioritaires à mener, d’où la nécessité de récupérer des données plus précises. « On améliore que ce que l’on mesure, d’où cette nécessité de tout mieux mesurer », reprennent-ils.
Ces différentes données pourront ainsi être comparées et analysées plus finement d’une année sur l’autre afin de suivre les tendances et évolutions du secteur. « L’activité ferroviaire a beaucoup augmenté avec de nombreux chantiers programmés à venir. Il est donc important de voir si on s’améliore et surtout, comment on réagit face aux accidents constatés », conclut Philippe Rocher.
La SNCF a renforcé ses exigences pour ses appels d’offres, en fixant des seuils qui challengent la profession. Elle a d’ailleurs abaissé ses seuils pour pousser les entreprises à s’améliorer. « Ainsi, une entreprise ne doit pas avoir connu plus de trois événements de sécurité pour pouvoir répondre aux appels d’offres », rappelle Philippe Rocher. Plusieurs actions d’accompagnement ont été mises en place, en collaboration avec l’OPPBTP, pour permettre aux entreprises de progresser en sécurité et ne pas être exclues des marchés.
« On a réussi à amortir le nombre d’événements sur le volume d’heures travaillées, en clair, on peut comparer ce qui est comparable, pour ne pas discriminer les plus grosses entreprises exposées à davantage d’événements que les plus petites », témoigne Heraklès Katsikas.
Grâce à des statistiques mieux gérées, la profession pourra ainsi analyser plus finement ses données et continuer de progresser en prévention pour mieux travailler en sécurité sur ses chantiers.
- Le SETVF regroupe 53 adhérents dont les entreprises réalisent essentiellement des travaux de voies ferrés et un peu de caténaires. S’y ajoutent quelques entreprises travaillant dans les métiers de la sécurité ferroviaire. La profession réalise un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et emploie entre 11 000 et 12 000 salariés
- Philippe Rocher, président de la commission Prévention sécurité de SETVF, est président du groupe Unifer (1 000 personnes, 200 millions d’euros de CA).
- Heraklès Katsikas est responsable prévention chez Eiffage Rail (1 000 personnes).