37 % des salariés jugent ne pas être capables de faire le même travail jusqu’à la retraite
Plus d’un tiers des salariés, de tous secteurs professionnels, estiment qu’ils ne seront pas en mesure de faire le même travail jusqu’à la retraite, révèle une étude de la Dares. Parmi eux, plusieurs métiers du BTP sont représentés.
Date de mise à jour : 22 mars 2023
Auteur : Virginie Leblanc
En 2019, 37 % des salariés français, tous secteurs confondus, ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite, selon une étude de la Dares, service statistique du ministère du Travail. L’exposition à des risques professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d'insoutenabilité du travail, affirme le document.
L’enquête Conditions de travail, sur laquelle se fonde cette étude, interroge les salariés sur leur « capacité à faire le même travail jusqu’à la retraite », et les invite à se prononcer sur la soutenabilité de leur travail.
Les métiers les moins qualifiés, au contact du public (caissiers, employés de la banque, des assurances et de l’hôtellerie-restauration) ou dans le secteur du soin et de l’action sociale (infirmières et aides-soignantes) ainsi que certains métiers d’ouvriers non qualifiés sont considérés par les salariés comme les moins soutenables.
À l’opposé, les métiers les plus « soutenables » jusqu’à la retraite sont en moyenne plus qualifiés et davantage exercés dans des bureaux, que ce soit dans le privé ou dans le public.
50 % des ouvriers qualifiés du second œuvre disent ne pas être capables de tenir jusqu’à la retraite
Parmi les familles professionnelles comptant les proportions les plus élevées de salariés déclarant ne pas être capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite, on trouve dans le BTP :
- 50 % des ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment ;
- 46 % des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment ;
- 44 % des ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, des travaux publics.
À titre de comparaison, dans d’autres secteurs, ce sont 66 % des caissiers, employés de libre-service, 61 % des employés de la banque et des assurances, 51 % des ouvriers non qualifiés de la manutention, 47 % des ouvriers non qualifiés des industries de process et le même pourcentage chez les aides-soignants.
L’insoutenabilité du travail décroît fortement avec l’âge : 59 % des moins de 30 ans ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite, contre 18 % des 50 ans ou plus. Ce constat qui peut sembler paradoxal ne l’est qu’en apparence, selon la Dares : « Certains travailleurs occupant les postes les plus exposés aux risques professionnels les quittent au fil du temps, parfois pour raisons de santé, voire sortent de l’emploi. Les plus âgés ou les plus affectés peuvent aussi bénéficier d’aménagements de leur poste ou de leur temps de travail. Par ailleurs, l’horizon plus rapproché de la retraite leur offre une perspective qui peut alléger le sentiment d’insoutenabilité du travail. »
Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.
L'autonomie favorise un travail plus soutenable
Les risques physiques jouent un rôle important dans le sentiment d’insoutenabilité du travail, que ce soit les nuisances dans l’environnement de travail (bruit, chaleur, humidité, fumées ou poussières…) ou les contraintes physiques (rester longtemps debout, porter des charges lourdes…). Ainsi, 46 % des salariés qui y sont fortement exposés ont ce sentiment, contre 27 % de ceux faiblement exposés.
Une organisation du travail, qui favorise l’autonomie, la participation des salariés et limite l’intensité du travail, tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.
C’est surtout la hausse de l’autonomie donnée aux travailleurs qui permet à une plus grande proportion de salariés de ne plus se trouver en situation d’insoutenabilité (-12 points). Les marges de manœuvre laissées aux salariés (choisir la façon d’arriver aux objectifs ou de faire correctement son travail, régler personnellement les incidents…) permettent une meilleure maîtrise de l’environnement de travail et la minimisation des risques.