L’usage de l’alcool et du cannabis sont répandus en milieu professionnel, selon les médecins du travail
Les addictions à l’alcool et au cannabis se diffusent en milieu professionnel, selon une étude menée auprès des professionnels de santé au travail, publiée par l’INRS. Pour prévenir ces risques, un meilleur suivi des salariés est organisé depuis une dizaine d’années.
Date de mise à jour : 23 févr. 2022
Auteur : Virginie Leblanc
©Getty Images - reklamlar
L’alcool est la substance psychoactive qui pose le plus de problèmes chez les travailleurs, pour 91 % des professionnels des services de santé au travail. Viennent ensuite le tabac pour 66 % d’entre eux, le cannabis pour 64 % et enfin les médicaments psychotropes pour 43 %. Ces résultats sont issus d’une étude sur la prévention des pratiques addictives en entreprise commanditée par l’INRS et réalisée par l’Institut Cemka auprès de 1 245 professionnels des services de santé au travail (médecins, infirmiers, psychologues et ergonomes). L’objectif était d’évaluer leur perception des conduites addictives et d’identifier leurs pratiques en matière de prévention. L’intérêt de cette étude était également de comparer les résultats par rapport à une étude similaire menée en 2009.
Consommation de cannabis en augmentation
Pour 64 % des professionnels des SST, la consommation d’alcool et de cannabis est répandue au travail. Les médecins du travail évaluent à 8,6 % les salariés en difficulté avec l’alcool, sans augmentation significative par rapport à 2009. En revanche pour le cannabis, ce taux est aujourd’hui de 7 %, avec une augmentation de deux points par rapport à 2009.
De plus, l’étude indique que 89,6 % des médecins du travail ont été sollicités au cours des douze derniers mois par un chef d’entreprise pour un problème d’alcool chez un salarié, 39,6 % pour un problème de cannabis.
Les addictions mieux prises en compte lors des visites médicales
Lors des visites de suivi de l’état de santé des travailleurs, 73,2 % des professionnels de santé au travail recherchent l’existence d’un lien entre le travail et la consommation de substances psychoactives. D’après eux, les facteurs qui favorisent le plus la consommation sont les risques psychosociaux (RPS), les horaires atypiques, le travail isolé, les pots en entreprise, les séminaires ainsi que le télétravail.
Selon l’enquête, les médecins du travail indiquent prendre mieux en compte le sujet des addictions qu’en 2009 : 75 % d’entre eux interrogent les salariés sur leur consommation d’alcool et retranscrivent cette information dans leur dossier médical en santé au travail contre 46 % en 2009. Pour le cannabis, ce taux est de 51 % alors qu’il n’était que de 17 % en 2009.
Afin de mieux prendre en charge les problèmes liés aux pratiques addictives, plus de la moitié des répondants donne des conseils et associe le médecin généraliste.
- plus de 60 % des médecins, infirmiers et psychologues conseillent aux employeurs d'inscrire le risque « Pratiques addictives » dans le document unique,
- près de 80 % conseillent d’encadrer la consommation d’alcool dans l’entreprise,
- et près de 70 % conseillent de mettre en place des mesures de prévention vis-à-vis des facteurs de risque connus pour favoriser les consommations.
Lire l’enquête sur les pratiques addictives sur le site de l’INRS.