Milieux confinés dans le BTP : comment mieux percevoir et repérer les risques ?
Vous croyez savoir ce qu’est le travail en milieu confiné ? Pas sûr ! Sur le mode de l’humour et avec beaucoup de pertinence, Benoit Sallé, expert à l’INRS a levé les idées fausses sur le sujet lors d’une intervention aux 36es Journées nationales de santé au travail dans le BTP*.
Date de mise à jour : 14 juin 2023
Auteur : Cendrine Barruyer
©DR
Une photo vaut mille mots. Cette photo, c’est celle d’un chantier de démolition. « Quatre ou cinq engins travaillent à tout curer : le bloc central, l’escalier, la cage d’ascenseur… » , explique Benoit Sallé, expert assistance-conseil incendie-explosions-milieux confinés à l’INRS, à l’occasion des 36es Journées nationales de santé au travail dans le BTP, à Marseille, le 2 juin 2023. Tous ces engins sont bruyants et les riverains mécontents. Ils exigent du maître ouvrage une meilleure insonorisation du chantier. Des panneaux d’isolation phonique sont donc mis en place. « Conclusion, trois personnes sont passées en caisson hyperbare car elles avaient été intoxiquées au monoxyde de carbone ». Avec la pose de ces panneaux, le chantier avait été transformé en espace confiné ! Pour éviter cette situation, la solution aurait consisté à choisir des panneaux d’isolation phonique avec ventilateur intégré…
Tous les milieux confinés ne sont pas des espaces clos
Cette anecdote permet d’illustrer ce qu’est un milieu confiné et quels sont ses dangers. « Un volume peut, par sa conception, être un espace confiné, mais il peut aussi le devenir en fonction de l’opération effectuée », résume l’expert. A travers quatre ou cinq exemples parlants, Benoit Sallé montre que la définition de l’espace confiné est beaucoup plus complexe qu’on pourrait le croire. Surprise : tous les milieux confinés ne sont pas des espaces clos. Ainsi cette tranchée à ciel ouvert, profonde de 1,2 mètres. Il faisait froid et humide. Un compagnon s’agenouille au fond de la tranchée pour faire la jonction de deux tuyaux et s’évanouit. Explication : le groupe électrogène en bout de tranchée avait gazé la zone et intoxiqué le compagnon.
« Un espace confiné ce n’est pas un risque. Ce n’est pas un équipement non plus. C’est une situation de travail. Par essence une situation de travail est multi-risques, donc il faut réaliser une analyse de risques. » Celle-ci tient compte de nombreux critères environnementaux, de la météo, de la coactivité, de la ventilation, mais aussi de la nature des travaux effectués, des équipements utilisés, des produits mis en œuvre, des produits émis…
Mettre en place un plan de prévention adapté aux risques identifiés
Une fois cette première étape d’analyse des risques réalisée, un plan de prévention doit être établi pour définir des procédures, stabiliser l’organisation du travail (avec notamment la mise en place de surveillants), détecter les substances asphyxiantes ou inflammables dans l’atmosphère, déterminer les moyens et équipements de sécurité à mettre en œuvre en cas d’incident, les moyens de communication pour alerter. Car souvent les accidents en milieu confiné ne concernent pas une seule victime mais deux ou trois : lorsqu’un compagnon constate qu’un collègue est en danger, sa première réaction est d’intervenir pour l’aider. Et ce faisant, si le compagnon n’est pas dûment formé, il risque d’être à son tour intoxiqué.
Une formation des intervenants est indispensable
Pour mieux gérer le risque, les fédérations professionnelles de l’assainissement ont développé une procédure de certification de compétences, le Catec® (Certificat d’aptitude au travail en espace confiné). Les compétences sont mises à jour tous les trois ans. Divers organismes ont également déployé des formations et des certifications pour les rôles d’intervenant en milieu confiné et de surveillant (personne qui reste en dehors de l’espace confiné et peut prendre les décisions adaptées en cas d’incident). La liste des structures habilitées à dispenser ces formations est disponible sur le site de l’INRS.
Il n’existe aucune réglementation concernant l’échappement des moteurs thermiques non routiers. Or les quantités de monoxyde de carbone et d’hydrocarbures émises par ces moteurs sont très élevées. En milieu confiné, dans le meilleur des cas ces gaz peuvent provoquer des maux de tête, de nausées, des vertiges. Au pire, une asphyxie.