Poussières de silice en milieu confiné, le cas des tunneliers
Biométrologie, traçabilité, prévention en milieu confiné. Telle était la thématique des 36es Journées nationales de santé au travail dans le BTP. Elles se sont clôturées par l’intervention du Dr Blandine Aublin sur le risque silice chez les tunneliers.
Date de mise à jour : 22 juin 2023
Auteur : Cendrine Barruyer
La silice était au cœur des 35es Journées nationales de santé au travail dans le BTP de Metz en 2019. Cette année, le sujet a été abordé sous l’angle de la prévention en espace confiné, en l’occurrence, les travaux en tunneliers.
Dans son intervention sur le sujet, le Dr Blandine Aublin, médecin conseil OPPBTP Auvergne Rhône-Alpes, membre du groupe de travail hyperbarie à l’OPPBTP et médecin du travail BTP Santé au travail à Villeurbanne, a d’abord rappelé le cadre des travaux en tunneliers (lire aussi l’encadré ci-dessous). Ceux-ci sont réalisés dans un environnement complexe qui peut associer :
- L’hyperbarie pour les tunneliers à pression ou pour les chantiers situés à plus de 50 mètres de profondeur ;
- L’humidité dans les tunneliers à pression de boue où le degré d’hygrométrie peut atteindre 80 % ;
- La chaleur ;
- Une ambiance lumineuse particulière (lumière artificielle, port du masque…) ;
- Une coactivité importante.
S’y ajoute le risque silice qui va dépendre du poste de travail (le « projeteur de béton » est ainsi particulièrement concerné), du type de terrain creusé (maximal par exemple lorsque la roche excavée est du Grès des Vosges) et des aléas de la découpe. « Lorsque cela bloque au niveau de la molette de la roue de coupe, les salariés se retrouvent couverts de poussière », note le Dr Blandine Aublin. Au fur et à mesure de la progression du tunnelier l’espace est de plus en plus confiné.
L’hyperbarie, un facteur aggravant ?
Les interventions dans les chambres d’attaque de tunneliers pressurisés (travail en milieu hyperbare) sont réalisées par des tubistes (salariés du BTP titulaire d’un certificat d’aptitude à l’hyperbarie - CAH - mention D) et, au-delà de 50 mètres de profondeur, par des scaphandriers (titulaire d’un CAH classe 2 mention A). L’hyperbarie est-elle associée à une pénétrance plus importante des poussières de silice ? C’est un risque à évaluer. « Proposer des campagnes de prélèvement sur des postes ciblés permettrait d’évaluer l’exposition sur ce type de chantier et compléter notre conseil auprès des entreprises », ajoute le Dr Aublin.
Dans l’état actuel des connaissances, la prévention collective est essentielle avec notamment une ventilation adaptée aux normes en vigueur pour évacuer les poussières, un contrôle de la qualité de l’air par capteurs fixes, l’éloignement des opérateurs de la zone d’émission, le recours à des robots équipés et l’humidification des matériaux secs. Sans oublier le port d’EPI adaptés. « Il faut également penser à nettoyer l’appareil de projection à toutes les phases du chantier », ajoute la spécialiste.
Il existe plusieurs types de tunneliers :
- Les tunneliers d’attaque, utilisés pour les roches dures, dont le creusement ne nécessite pas de soutènement.
- Les tunneliers à pression de terre ou ceux à pression de boue pour les terrains meubles et /ou aquifères. Dans ce dernier cas, le creusement du sol est stabilisé par la pression régnant dans la chambre d’abattage en attendant de fixer les structures en béton.
Ces immenses machines, composées d’une roue de coupe et d’un train suiveur de plusieurs dizaines de mètres de long assurent diverses fonctions : l’abattage de la roche (front de taille), l’évacuation des déblais et la mise en place d’un soutènement.