Le CCCA-BTP a mené une étude inédite pour analyser les relations entre l'activité professionnelle, l’activité physique et la santé des apprentis du BTP.
Date : 13/03/2025
Jean Didier
Le sport est-il bénéfique pour la santé ? Peut-il prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS) ? Les résultats d'une étude menée par le CCCA-BTP viennent remettre en question des certitudes largement partagées. En 2018, le CCCA-BTP lançait son programme « BTP-BTP-Bien dans ta peau, bien dans ton poste » pour sensibiliser les centres de formation aux enjeux de la santé et du bien-être des jeunes. L'une des actions phares de ce programme a été le lancement des appels à candidatures « BTP-BTP », visant à encourager les centres de formation du BTP à s'engager dans un dispositif de sensibilisation à la santé et à la sécurité au travail axé sur la pratique physique et la préparation mentale. « Ce dispositif nous a montré à quel point la pratique sportive est essentielle dans la pédagogie des métiers du bâtiment et des travaux publics, mais il nous est apparu nécessaire d’aller plus loin en menant cette étude pour mieux comprendre la relation entre les pratiques sportives et la santé professionnelle », explique Jacques-Olivier Hénon, directeur des politiques de formation et de l'innovation pédagogique au CCCA-BTP.
Réalisée en 2024, l'enquête Espace (Évaluation de la santé physique des apprentis de la construction dans les établissements de formation) explore, pour la première fois en France, les liens entre activité professionnelle, activité physique et santé mentale des apprentis du BTP. Au total, près de 3 300 apprentis ont répondu à ce questionnaire, majoritairement des apprentis en première année de CAP (54,5 %). Les formations aux métiers de l'énergie (38,1 %) et au gros œuvre (19,2 %, dont 16 % de maçons) sont les plus représentées.
Premier constat : 68 % des apprentis pratiquent un ou plusieurs sports, principalement le football, la musculation et la course à pied. Malgré une pratique sportive régulière et un niveau d’activité physique global conforme aux recommandations de l’OMS, 85 % des répondants affirment ressentir « au moins une douleur physique », en particulier dans le bas du dos (56,7 %), le haut du dos (50,4 %), le cou (47,3 %) et les épaules (44,9 %). « L’analyse des résultats montre que la fatigue professionnelle, liée à une exposition prolongée aux facteurs de risque physiques et à une intensité d’effort professionnel élevée, joue un rôle central dans l’apparition des douleurs corporelles : plus cette fatigue augmente, plus les douleurs s’intensifient, précise Fabien Ruiz, expert en sciences de l’activité physique et de la santé, fondateur du cabinet Proactif, et auteur de l’étude. Ces observations remettent en question l’idée selon laquelle la pratique physique suffirait à compenser les contraintes physiques liées au travail. »
En revanche, l'étude met en évidence un facteur clé de prévention des douleurs : la santé mentale. « Les apprentis ayant une mauvaise santé mentale souffrent de douleurs plus fréquentes et souvent plus intenses », ajoute Fabien Ruiz, précisant que les résultats confirment des études antérieures qui montrent l'importance de diversifier les disciplines sportives pratiquées et d'augmenter l'activité physique quotidienne pour maintenir une bonne condition physique. L'étude Espace souligne également l'existence d'un « effet nocébo » très marqué chez les apprentis. Contrairement à l'effet placebo, qui génère des effets bénéfiques grâce à des croyances positives, l’effet nocébo provoque des symptômes physiques réels, causés par des anticipations négatives. « Les recommandations sur les bons gestes et les bonnes postures à adopter au travail peuvent être perçues comme des éléments contribuant à l'idée d'un corps fragile, détournant ainsi l'attention des véritables enjeux physiques du métier, poursuit Fabien Ruiz. En réalité, il n’existe pas de mouvement ou de position intrinsèquement mauvais pour le corps. Ce sont les corps qui ne sont parfois pas préparés à ces gestes. »
Pour réduire les douleurs corporelles, plusieurs recommandations sont formulées. Cependant, cela nécessite un véritable « changement de paradigme » dans l’approche de la prévention dans le BTP. Il est essentiel de repenser l’écosystème de prévention et de se débarrasser des facteurs nocébo. Il est également recommandé de favoriser l’émergence de plans d'action innovants, inspirés du sport de haut niveau, pour accompagner les apprentis dans une pratique physique plus efficace, adaptée à leurs métiers. « Les résultats de cette étude nous permettront de mettre en place une stratégie et des actions en faveur des centres de formation, notamment pour les formateurs en EPS et les animateurs socio-éducatifs. L'objectif est d’aider les jeunes à bénéficier d’une préparation physique adaptée à leur métier, d’une attention particulière à leur santé et d’une meilleure gestion de la fatigue », conclut Jacques-Olivier Hénon.
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