Entreprise Capraro: impliquer et former les salariés
L’entreprise aveyronnaise Capraro a misé sur la formation pour sensibiliser ses salariés aux risques inhérents à ses activités de génie civil et de canalisations. Elle n'hésite pas à les associer au choix du matériel et des EPI.
Date de mise à jour : 1 sept. 2019
Auteur : Delphine Renardet
©Jean-Baptiste Vetter
Dans l’entreprise familiale Capraro, spécialisée dans la canalisation pour les infrastructures d’approvisionnement en eau, chaque salarié est responsable de sa sécurité et de celle de ses collègues, en fonction de ses moyens et de ses compétences. « Les conducteurs de travaux ont une triple casquette, ce qui est une particularité de l’entreprise, précise Mathilde Delbos, responsable RH. Ils font les études de prix, préparent et réalisent le chantier et sont correspondants QSSE [qualité sécurité santé environnement, NDLR]. Une même personne qui gère ces trois phases est pour nous une valeur ajoutée. Cela lui permet d’opérer, en amont du chantier, une réflexion d’anticipation et de prévention ».
Identité: Capraro et Compagnie
Activités: canalisations et génie civil
Création: 1948
Chiffre d'affaires: 18 millions d’euros
Nombre de salariés: 130
Lieu: Capdenac-Gare (siège, Aveyron)
Conseiller en prévention de l'OPPBTP: Philippe Mercanti
Tout le matériel à disposition
L’entreprise, qui couvre le grand Sud-Ouest, a été obligée de mettre en place une organisation rigoureuse. Ses cent trente salariés sont en effet répartis sur trois sites : Capdenac-Gare (Aveyron, siège), Cahors (Lot) et Saint-André-de-Cubzac (Gironde). À Capdenac-Gare, l’entreprise dispose de son propre atelier, d’un dépôt avec quatre chauffeurs et un menuisier, ainsi que d’un magasin.
« Nous sommes éloignés des grandes métropoles et l’accès est difficile car nous n’avons pas de grands axes routiers, explique Thierry Farrugia, directeur de l’entreprise. Pour répondre à nos marchés, nous devons avoir tout le matériel à disposition et un gros stock de fournitures. Grâce aux ateliers menuiserie, mécanique et soudure, nous sommes totalement autonomes. » Une organisation qui lui permet d’anticiper d’éventuels problèmes techniques ou logistiques. Qui plus est, l’entreprise limite les déplacements des collaborateurs et prévient ainsi les accidents liés au risque routier.
Thierry Farrugia, directeur
Thierry Farrugia a rejoint l’entreprise en septembre 2001. Il travaille en étroite collaboration avec le président Jules Delbos. «La direction est le garant de la prévention et de la sécurité dans les bureaux, les ateliers et les chantiers. Avec nos collaborateurs, nous œuvrons au quotidien pour que la culture de la prévention et de la sécurité soit comprise et partagée par tous les intervenants dans l’entreprise.»
Participation des compagnons au choix du matériel
Attentive au partage de sa culture prévention avec son personnel, l’entreprise l’associe au choix du matériel et des EPI. « Nous sommes dans une recherche constante de matériel performant en termes de sécurité. Lorsque nous avons changé les casques, nous avons fait tourner plusieurs modèles auprès des salariés pour qu’ils choisissent, précise le directeur. Pour les équipements de coffrage, le choix s’est porté sur du matériel avec des passerelles intégrées pour éviter les manipulations dangereuses. »
De même, des plans de formation sont définis tous les ans. « Nous essayons d’accompagner les compagnons sur le plan technique et sur le matériel, comme les outils de détection », ajoute-t-il. Des méthodes de travail sont ensuite établies pour s’affranchir de certains risques. Pour les canalisateurs, l’attention est portée sur la casse d’une conduite de gaz, l’électrocution et l’ensevelissement. Quant au génie civil, les points de vigilance portent sur les chutes de hauteur, à savoir le montage des échafaudages, des coffrages et des ouvrages.
Former pour mieux communiquer
Partie du constat que certaines personnes dans l’entreprise n’étaient pas capables de lire et d’écrire, la direction a décidé en 2003 de lancer une démarche de formation des savoirs de base. «Nous sommes dans une zone rurale et agricole, explique Thierry Farrugia. Certains de nos salariés n’étaient pas capables de remplir un chèque. Nous avons donc voulu les accompagner.» Un diagnostic des compétences de chacun en lecture et en écriture a été réalisé. Il en est ressorti qu’une quinzaine de personnes possédaient d’importantes lacunes. «Nous avons donc pris en charge une formation pendant un an pour qu’ils puissent acquérir les bases de lecture et d’écriture», précise le directeur.
Lorsque l’entreprise a dû remplacer les représentants élus du personnel par un comité social et économique (CSE), elle n’avait pas l’obligation de créer une commission santé, sécurité et conditions de travail. « Nous avons voulu garder cette entité, explique Thierry Farrugia. C’est un bon outil de communication et de sensibilisation ». Composée de sept membres, la commission est suivie par la médecine du travail et l’OPPBTP. « C’est important de se sentir accompagnés et soutenus. »
Soucieuse de renforcer sa culture prévention et de mieux communiquer avec ses collaborateurs, la direction de l’entreprise a formé son personnel encadrant et programmé des réunions:
- Conducteurs de travaux et chef de chantier ont suivi trois sessions de formation Prev’action Encadrement de l’OPPBTP : les bases de la communication, la démarche de prévention et organiser la prévention dans l’entreprise.
- Ils ont ensuite suivi trois sessions de formation aux quarts d’heure sécurité pour leur apporter une compétence en animation avec une méthodologie et des outils appropriés.
- Une fois par semaine, le conducteur de travaux effectue une visite de chantier et relève les points à améliorer : risques de chute de plain-pied, propreté du chantier, accès aux tranchées, et balisage pour les chantiers de canalisation ; risques de chute de plain-pied, balisage, conformité et affichage sur les échafaudages pour les chantiers de génie civil.
- Conducteurs de travaux, responsables d’activité et direction se réunissent tous les jeudis matin pour aborder les problèmes organisationnels de la semaine suivante, et traiter des problèmes QSE à partir des remontées d’informations des opérations effectuées la semaine précédente.