Retour sur Préventica Paris : EPI connecté et intelligent, comment s’y retrouver ?
Une des conférences du salon Préventica Paris, qui s’est tenu du 23 au 25 mai, a abordé la question des EPI connectés et intelligents. Comment les définir ? Comment les choisir ? Témoignages.
Date de mise à jour : 5 juin 2023
Auteur : Virginie Leblanc
©DR
EPI connecté et intelligent. On en parle de plus en plus mais les entreprises du BTP sont-elles vraiment au fait de ce qui se cache derrière ces termes séduisants ? C’était le thème d’une conférence du salon Préventica Paris, le 23 mai dernier. Experts et entreprises témoignent de leurs expériences.
« Le premier secteur à avoir défini ce qu’est un système de protection individuelle et intelligent (SPII) a été celui des vêtements, indique Mohamed Trabelsi, responsable Organisations, méthodes et équipements à l’OPPBTP. Nous avons regardé l’état de l’art et nous avons réfléchi à la meilleure façon d’accompagner les entreprises afin de faire le tri entre le bon équipement et le gadget». Les travaux de l’OPPBTP ont en effet mis en évidence une confusion sur le marché entre les termes connecté, smart, intelligent, communicant…
Pour l’OPPBTP, un EPI intelligent est un équipement fonctionnel et augmenté qui interagit activement avec son porteur et son environnement. L’intelligence de l’EPI se définit par rapport à sa valeur ajoutée en prévention et en protection. Pour qu’il soit intelligent, l’ajout d’un composant électronique, d’un nouveau matériau, d’un capteur, d’un actionneur ou d’un calculateur doit avoir un apport en prévention des accidents ou maladies professionnels, voire améliorer les conditions de travail.
Des semelles connectées intégrées aux chaussures
C’est ce qu’a fait Cathy Salvignol, directrice Santé sécurité environnement, au sein de l’entreprise Snef, spécialiste des métiers de conception, d’intégration et de maintenance dans les domaines de l’électricité, des télécommunications, des procédés industriels, de la mécanique et de l’industrie 4.0. et de Snef Maintenance, spécialiste de la maintenance multitechnique bâtiments tertiaires et utilités industrielles. « Comment protéger utilement nos salariés et les faire adhérer à un nouvel équipement sans qu’ils le considèrent comme une contrainte et l’intègrent dans leur quotidien ? », s’est-elle interrogée. La question se posait pour des salariés travaillant dans l’activité de maintenance, des travailleurs isolés ou sous astreinte. « Nous sommes toujours à la recherche d’innovations, et nous constations que les boîtiers Dati étaient parfois oubliés », rapporte Cathy Salvignol. L’entreprise a donc été intéressée par l’intégration de semelles connectées aux chaussures de ces salariés.
Elle a retenu celles de la société TRAXxs, qui a accompagné Snef dans l’écoute et le processus d’adoption des semelles connectées. « Avec nos semelles connectées, vous avez la technologie d’un smartphone dans vos chaussures de sécurité », avance Sylvain Rispal, fondateur de TRAXxs. En cas de danger (perte de verticalité, SOS volontaire…), les semelles transmettent une alerte géolocalisée au service de sécurité. En cas d’alerte incendie, les travailleurs équipés de semelles connectées reçoivent une vibration continue et le superviseur bénéficie d’un suivi temps réel de l’évacuation. La société TRAXxs travaille avec différents fabricants de chaussures en Europe.
Silice cristalline alvéolaire : des APR qui s'adaptent à la respiration des opérateurs
Au sein de l’activité matériaux d’Eurovia (Vinci Construction), s’est posée une toute autre question liée à la protection respiratoire des opérateurs dans le cadre des opérations de production et de maintenance sur les sites de carrières (production de granulats). L’objectif était de mieux protéger les compagnons par rapport aux poussières de silice alvéolaire. « Nous voulions faire évoluer la prise de conscience de nos opérateurs sur la nécessité de porter les protections et leur plus-value, notamment lors de l’exposition aux poussières alvéolaires de silice cristalline », indique Olivier Mailloux, délégué prévention matériaux industries au sein de la direction prévention de la division route de Vinci Construction. L’entreprise a évalué le risque pour le quantifier et réduire les expositions majeures au maximum par la protection collective. « Mais lorsque la protection collective n’est pas garantie à 100% sur une situation de travail, nous devons trouver le bon EPI puis contrôler les expositions et vérifier les niveaux de seuils. »
L’entreprise a réalisé un benchmark, sélectionné différents APR (appareils de protection respiratoire) et réalisé une campagne de Fit test (ou tests d’ajustement) auprès des opérateurs. C’est finalement la société CleanSpace qui a été retenue. « Le masque qui a été choisi a l’avantage de caler le débit d’air en fonction de la respiration de l’opérateur et d’apporter une protection maximale », explique Karine Herpeche, responsable commerciale France de CleanSpace. La société a également mis en avant l’ergonomie du masque afin de réaliser un système compact et équilibré pour éviter les TMS et apporter le plus de confort possible, avec un poids léger, 400 grammes. « Pour les sites matériaux concernés par un risque d’exposition à la silice cristalline alvéolaire, la démarche d’évaluation de l’efficacité des APR avec les opérateurs a conduit au rejet de certains d'entre eux, jusqu’à l’interdiction des demi-masques jetables FFP3 », ajoute Olivier Mailloux.