Une PME lyonnaise invente un porte-marteau innovant pour les travaux en hauteur

Avant de créer Bleu Ciel Services (BCS) en 1995, une entreprise de cordistes implantée dans la région lyonnaise, Yves Decrand était moniteur d’escalade. Une autre époque. « En vingt ans, la sécurité s’est beaucoup améliorée », juge ce chef d’entreprise, qui a immédiatement saisi l’importance d’un équipement de qualité pour travailler à 50 mètres de haut. Son entreprise est spécialisée dans les interventions d’accès difficile et les travaux sur cordes : réfection de toiture, nettoyage de vitres, reprise de maçonnerie, peinture en façade, zinguerie, mesures ultrasons… Elle intervient aussi sur l'installation de lignes de vie, de points d'ancrage, sur la sécurisation des toitures et des accès pour le compte des travailleurs en hauteur d’autres entreprises. Les cordistes de BCS installent des échelles à crinoline, des garde-corps…Ils travaillent dans de nombreux secteurs d’activité, notamment pour de grands groupes industriels dans la vallée de la chimie en Rhône-Alpes.

De la causerie sécurité au porte-marteau innovant

L’exigence de sécurité, cultivée depuis les débuts de BCS, a conduit Yves Decrand à concevoir un équipement innovant : le porte-marteau antichute. Un système simple né d’un presque accident. « Nous intervenions sur un site chimique. Frédéric, l’un de mes salariés expérimentés, a évité le marteau d'un échafaudeur. Comme le prescrit le référentiel Mase, nous avons stoppé le chantier et organisé une causerie sécurité », raconte le dirigeant de cette PME d’une dizaine de salariés. En investiguant, il découvre que les échafaudeurs ont du mal à attacher leurs marteaux, car leur système d’attache n’est pas ergonomique. D’où des risques de chute d’objets. Il s’arme d’un papier et d’un crayon et bricole des bouts d’aluminium dans son atelier. De ces recherches, émerge un prototype léger et solide en forme de « queue-de-cochon » qui se fixe sur le harnais.

Son intérêt ? Permettre aux techniciens de dégainer et de raccrocher rapidement leur marteau en hauteur tout en le laissant relié au harnais via un leash (une lanière), supprimant ainsi tout risque de chute d’objet. « Il suffit de faire pivoter le manche vers le haut pour l’enlever de la ceinture », décrit son inventeur. Cet équipement est commercialisé par « l’Équipeur », magasin spécialisé dans le matériel pour les travaux en hauteur et les EPI, créé par Yves Decrand, il y a quatorze ans.

Une entreprise certifiée Mase depuis 2012

L’innovation a été saluée par le jury des « Mase Awards ». Ce challenge est organisé tous les deux ans par le réseau associatif Mase, composé de donneurs d’ordre et sous-traitants de la chimie, de la pétrochimie et de l’industrie lourde. Bleu Ciel Services est certifiée depuis 2012. Un choix qui a permis à l’entreprise de se structurer sur le plan de la sécurité et de se développer économiquement. « Le Mase est un état d'esprit et une méthodologie globale qui nous conduit à planifier, dans le détail, chaque action d’une intervention », décrit Yves Decrand. Pour ce faire, le Mase s’appuie sur un référentiel de système de management de la santé et la sécurité au travail, un outil d’anticipation qui aide les équipes à mieux s‘organiser et à ne rien oublier. « On peut omettre de redire un mode opératoire toujours identique, sans penser à ceux qui n’ont pas réalisé l’intervention depuis un an. Le Mase nous rappelle qu’il faut réécrire un plan de prévention spécifique à chaque fois », ajoute le chef d’entreprise. Cette démarche systématique vise à réduire le nombre d'accidents du travail et d’incidents. Elle associe sous-traitants et donneurs d’ordre. « L’exigence est mutuelle : nous échangeons sur les risques exportés », poursuit Yves Decrand qui, depuis sa certification, n’a pas eu d’accident significatif.

Le Mase : un plus auprès des donneurs d’ordre

Grâce à cette certification, BCS a vu son portefeuille de clients s'étoffer. Le Mase, requis dans l'industrie lourde, la chimie et la pétrochimie, rassure les donneurs d'ordre. Mais son influence s'étend au-delà : la certification est appréciée dans les appels d'offres en général. « Le Mase est perçu comme un gage de qualité et de professionnalisme. Il démontre notre engagement en sécurité : un impératif absolu, surtout à 50 mètres de haut », ajoute le dirigeant qui a créé une structure de formation aux travaux en hauteur. Cette rigueur surprend parfois les nouveaux arrivants dans l’entreprise. Un livret d'accueil leur est remis expliquant les enjeux de la certification. « Les salariés comprennent alors le sens de cette démarche qui vise à les préserver. C'est un cercle vertueux et tout le monde est gagnant ».