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Bâtiments de demain : quels impacts sur la prévention des risques ?

Afin d’anticiper les évolutions du secteur du bâtiment et leurs conséquences en prévention, l’INRS a animé des travaux de prospective sur les enjeux en santé et sécurité au travail. Cette démarche a abouti à la rédaction d’un document et à un webinaire. Enseignements.

Date : 21/07/2022

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Virginie Leblanc

Bâtiments de demain : quels impacts sur la prévention des risques ?

Une démarche de prospective sur les enjeux en santé et sécurité au travail dans le bâtiment a été menée par l’INRS. Objectif : anticiper au mieux les évolutions du secteur et leurs conséquences en prévention. Des experts issus de divers organismes y ont participé, dont l’OPPBTP*. Cette démarche a abouti à la rédaction d’un document et à un webinaire organisé le 10 juin 2022. 

Au cours de cette matinée de prospective, les évolutions du secteur (numérisation, transition environnementale, industrialisation…) ont été abordées, ainsi que leurs conséquences en prévention.

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Numérisation, transition environnementale et industrialisation

Un rappel des scénarios de prospective a d’abord été réalisé. Le groupe de travail en a retenu quatre :

  • Difficile de tout faire : les acteurs du bâtiment et de l’immobilier ne réussissent pas à passer d’une stratégie de l’offre à une stratégie de réponse à la demande.
  • Les compagnons du durable : après la crise de la Covid-19 et dans un contexte de transition écologique, le bâtiment prend une place centrale dans la société.
  • Industrialisation et économie circulaire : le chantier devient un lieu d’assemblage de produits industriels. Une part importante de la valeur ajoutée est transférée du chantier vers l’usine.
  • Le bâtiment plateformisé : profitant de la faible capacité des acteurs de la construction et de la rénovation à s’adapter aux besoins très évolutifs des utilisateurs, de nouveaux acteurs des services immobiliers émergent, d’abord sur des marchés de niche, puis dans tout le parc de bâtiments.

Michel Héry, ancien responsable de la mission Prospective de l’INRS a fait part, sur la base des scénarios présentés, de trois moteurs de transformation, déjà en cours : la numérisation, la transition environnementale et l’industrialisation. La question est de savoir comment ils pourraient évoluer dans les prochaines décennies. Le groupe de travail a approfondi quatre risques : les troubles musculosquelettiques, les chutes, le risque chimique et les risques psychosociaux.

Trois enjeux de prévention sont relevés : la question de la coordination des acteurs, la prise en compte des interventions ultérieures et la réaffectation de bâtiments à de nouveaux usages.

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Construction hors-site et sur site

Si les innovations et les transformations actuelles et futures génèrent des bénéfices pour la prévention, elles peuvent aussi engendrer de nouveaux risques. Présente dans tous les scénarios retenus par le groupe de prospective, l’industrialisation des processus de construction a été analysée de près. Dans la construction hors-site, Véronique Lamblin, directrice d'études de prospective et stratégie de Futuribles voit un avantage pour les opérateurs : la durée des chantiers est réduite, une meilleure maîtrise des conditions de travail est possible, des ateliers sont chauffés ou climatisés, le travail est réalisé dans un même endroit, etc. Mais des limites existent : le coût des produits et du transport, la logistique parfaite à organiser, la manutention rendue plus complexe en particulier pour le levage, le risque de déqualification pour les compagnons qui ne feraient qu’assembler, la perte d’autonomie pour la main-d’œuvre, le risque d’intensification des processus de fabrication en usine. Les compétences seraient concentrées sur la conception, la logistique, la coordination sur les chantiers et le contrôle qualité. « Les logisticiens et les grutiers seraient les personnes les plus fondamentales pour la bonne conduite du chantier », synthétise Véronique Lamblin.

Dans le domaine de la construction sur site, les robots et les exosquelettes sont encore émergents. « On diminue des risques et la main-d’œuvre, souligne Véronique Lamblin. Et de nouveaux risques apparaissent, liés à l’interface homme-machine », l’opérateur se retrouvant seul face à sa surcharge mentale. De plus, il existe des risques de heurts avec les machines en mouvement et un risque d’intensification et de répétitivité du travail quand l’opérateur cherche à suivre la cadence de la machine. « Si on élimine les TMS grâce à un exosquelette, il ne faut pas que l’aide apportée soit un prétexte pour augmenter la charge de travail et la cadence », prévient Véronique Lamblin. Des risques sur lesquels les préventeurs seront justement amenés à travailler, en connaissance de cause.

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Prévention intégrée

De son côté, Alain Delage, chef de projet ingénierie sociale chez Vinci, cite pour exemple le BIM, qui permet une meilleure coactivité et l’anticipation des flux et des volumes. Mais il met en avant les réflexes différents que peuvent avoir les digital natives avec cet outil face aux plus anciennes générations qui conservent en référence l’utilisation de plans en 2D. D’où un possible risque d’incompréhension. Autre exemple, « grâce au BIM, toutes les informations sont capitalisées au même endroit, mais qui le fait et le valide ? », se demande-t-il. Notamment si on est en présence d’une vingtaine de sous-traitants.

Philippe Robart, directeur technique de l’OPPBTP, constatant d’ores et déjà la cohabitation d’ouvrages réalisés de manière traditionnelle et de nouvelles catégories d’ouvrages, a plaidé pour la prévention intégrée en amont. Il faut la commencer « tout de suite », selon lui, si l’on veut atteindre l’ambition Vision Zéro, développée au cours du symposium de l’Association internationale de la Sécurité sociale, à Berlin, en juin dernier. Avec davantage de rénovations, par exemple, « quand on intervient sur de l’existant, on ne sait pas forcément où on met les pieds », souligne-t-il. D’où l’importance pour les intervenants de disposer de diagnostics de qualité. Autre exemple : le développement des parcs d’éoliennes nécessitera de la maintenance en hauteur, qu’il faut aussi anticiper.

L’anticipation est aussi le maître mot de Jacques Balzer, ingénieur conseil à la Carsat Alsace-Moselle, qui pointe la nécessité d’intégrer dès la conception, les modalités des interventions ultérieures sur ouvrages. D’autant que les nouveaux bâtiments vont de plus en plus se végétaliser et se couvrir de panneaux solaires. Cela demande de l’entretien. Il en profite pour rappeler qu’en aucun cas, « les protections collectives ne doivent être une variable d’ajustement pour remporter un marché. »

Les enjeux de développement durable, au cœur des préoccupations du secteur, sont abordés par Dominique Naert, directeur du master Executive immobilier et bâtiments durables, à l’Ecole des Ponts ParisTech. Avec le recours aux biomatériaux, géomatériaux plus sobres en carbone, il souligne la nécessité de « se réapproprier des techniques traditionnelles tout en allégeant la pénibilité associée. » L’expert note également que le déploiement de hautes technologies combinées à des technologies bas carbone va nécessiter des compétences hybrides. Un autre chantier pour le secteur.

Accéder au replay du webinaire sur le site de l’INRS.

Lire le document « Les bâtiments de demain : quels enjeux de santé et de sécurité au travail ? »

Lire l’article paru dans Hygiène & sécurité du travail.

 

*Ont participé au groupe de travail : Jacques Balzer (Carsat Alsace-Moselle), Marc Bury (Carsat Nord-Est), Alain Delage (Vinci), Jérémy Hauwn (Bouygues Construction), Véronique Lamblin (Futuribles), Dominique Naert (Ecole des Ponts ParisTech), Philippe Robart (OPPBTP), Jean-Christophe Visier (CSTB et Ademe), ainsi que Marc Malenfer, Michel Héry et Mathilde Silvan (INRS).

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