Crise du bâtiment : il y a urgence !
Tous les indicateurs sont au rouge, prévient la FFB à l’occasion de la publication de sa note de conjoncture de la mi-mars. Des solutions existent pour relancer le secteur.
Date de mise à jour : 26 mars 2021
Auteur : Cendrine Barruyer
©GettyImages
Une année pire que ce qui était redouté. C’est le bilan dressé le 23 mars, par Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), au cours d’une conférence de presse sur la conjoncture dans le secteur. La chute de la construction de logements neufs se confirme. Les mises en chantier s’établissent à 351 000, soit 10 000 de moins que la moyenne annuelle observée depuis 1986. La dégradation se poursuit sur les trois premiers mois de l’année 2021, avec des ouvertures de chantiers et des autorisations qui se replient respectivement de 13,1 % et 9,1 %. Le non résidentiel neuf affiche des résultats encore plus alarmants, les surfaces commencées et autorisées s’effondrant respectivement de 16,3 % et 19,2 % en 2020.
Le secteur de la rénovation énergétique résiste
Du côté de l’amélioration et de l’entretien, le déclin est un peu moins marqué, en raison notamment de la bonne résistance du secteur de la rénovation énergétique qui affiche un repli limité à 5,2 % en 2020. Le déblocage de MaPrimeRénov’ ainsi que le volet bâtiment du plan « France relance » (septembre 2020), commencent à faire sentir leurs effets.
En matière sociale, les mesures de soutien prises par le gouvernement et le succès du déconfinement dans le secteur du bâtiment ont permis de préserver l’emploi : 22 300 emplois salariés ont été créés, comblant pratiquement les 25 200 postes d’intérim qui ont disparu sur la période. Le déficit sur l’année s’établit donc à 2 900 emplois nets seulement. Toutefois, avec 44 000 logements commencés en moins sur 2021, quelque 70 000 emplois risquent de se trouver fragilisés à l’horizon 2022. Si l’on tient compte également de l’effondrement du non-résidentiel neuf, le chiffre pourrait atteindre 100 000 emplois.
Envol des prix des matériaux et ruptures d’approvisionnement
Autre source d’inquiétude, l’envol du prix des matériaux depuis le début de l’année 2021. Il a d’abord concerné l’acier et le cuivre, puis le bois de construction et les métaux non ferreux. Plus récemment, d’autres produits comme le PVC, le polyuréthane et le polystyrène se sont retrouvés en tension. Des augmentations de prix de l’ordre de 20 à 30 % — voire plus — ont pu être constatées. « La situation est intenable », souligne Olivier Salleron. D’autant qu’à l’augmentation des prix s’ajoute le danger de rupture des approvisionnements. C’est le cas pour le bois, le PVC et bientôt le cuivre. Les craintes se portent maintenant vers le matériel électrique, électronique, et tous les équipements dotés de composants en silicium. La FFB redoute la cascade de conséquences qui découlera de cette situation, avec notamment les risques de pénalités de retard pour chantier non terminé et la réalisation par les entreprises de chantiers à perte.
Le blocage de l’artificialisation des sols pose également problème. Une enveloppe de 300 millions d’euros a été octroyée pour le recyclage des friches. C’est un premier pas, mais cela reste insuffisant pour la FFB.
Des pistes pour sortir de la crise
Quelles solutions ? Pour soutenir le bâtiment, la FFB en appelle aux collectivités locales afin qu’elles accélèrent la délivrance des permis de construire. Elle propose également de mettre en place un « permis déclaratif » pour toute opération réalisée sous permis d’aménager ou en zone d’aménagement concerté. Et pour redynamiser les commandes, la FFB recommande de majorer la réduction d’impôt Pinel pour la location et de booster l’investissement public local. « Le nouveau protocole d’engagement Action logement-État-USH en faveur du logement social s’avère de bon augure, indique Olivier Salleron. Mais il conviendrait d’aller plus loin pour permettre une véritable reprise de la primo-accession. »
Parmi les autres suggestions : le partage des coûts liés au choc des prix des matériaux, la réactivation des ordonnances de gel des pénalités de retard de 2020, un accompagnement financier permettant de couvrir les surcoûts associés à la RE2020 et enfin une communication gouvernementale forte sur l’importance d’indexer les marchés. Sinon, prévient la FFB, de nouvelles faillites en série risquent de survenir dans les mois à venir.