La crise du logement neuf s’accentue
Dans sa note de conjoncture de rentrée, la FFB révise à la baisse ses prévisions en annonçant une évolution de l’activité proche de 0 % en volume. L’accélération de l’amélioration-entretien est toutefois positive.
Date de mise à jour : 14 sept. 2023
Auteur : Virginie Leblanc
©Arthur Maia
L’évolution de l’activité bâtiment ressortira proche de 0 % en volume pour 2023. C’est le constat fait par le président de la FFB, Olivier Salleron, lors d’une conférence de presse dédiée à la conjoncture le 13 septembre 2023. Explications : le logement neuf recule plus rapidement qu’anticipé, et le non résidentiel neuf ne progresse plus.
La crise s’accentue en effet dans le logement neuf. En glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2023, les mises en chantier abandonnent déjà plus de 15 % et « le mouvement ne peut que s’accentuer puisque les permis chutent de près de 30 % », souligne Olivier Salleron.
Sur les sept premiers mois de 2023, les mises en chantier de logements atteignent péniblement 303 000 unités, comme en 1991, année précédant les points bas historiques de 1992 et 1993 (environ 275 000 unités).
Les ventes s’effondrent d’environ 35 %
La situation à l’amont de la filière reste très mauvaise, poursuit le président de la FFB. Les ventes s’effondrent d’environ 35 % entre les premiers semestres 2022 et 2023, dans l’individuel diffus comme dans la promotion immobilière. Avec à peine plus de 150 000 unités en cumul sur douze mois à fin juin, les ventes aux particuliers définissent un plus bas depuis 2007 (année d’origine de la série), 75 000 unités de moins que la moyenne observée depuis cette date.
Le non résidentiel neuf continue de décevoir. En effet, en cumul de janvier à juillet 2023 par rapport à la même période un an auparavant, les surfaces commencées abandonnent 19,2 %, sans changement de rythme récent, malgré un net redressement à +12,9 % pour les bâtiments administratifs. Quant aux surfaces autorisées, elles fléchissent de 1,5 %, là encore grâce aux bâtiments administratifs (+8,4 %), mais aussi aux bâtiments industriels et assimilés (+4,2 %). En revanche, les segments des bureaux et des commerces inquiètent.
Enfin l’amélioration-entretien, marché qui compte pour 54 % de l’activité du bâtiment, accélère un peu au deuxième trimestre 2023. Le chiffre d’affaires réalisé affiche +2,4 % en volume sur un an. Il en va de même de la rénovation énergétique, avec +2,3 %.
Hausse des effectifs salariés de 2 900 unités
Le bâtiment reste créateur d’emplois sur l’ensemble du premier semestre 2023 avec, en solde net, 2 600 postes de plus qu’au même semestre de 2022. La hausse des effectifs salariés de 2 900 unités fait plus que compenser les 300 postes intérimaires en équivalent-emplois à temps plein (ETP) perdus.
Toutefois, entre les deuxièmes trimestres 2022 et 2023, l’emploi salarié commence à se replier, de -1 800 postes, alors que l’emploi intérimaire affiche 1 000 postes ETP de plus. L’emploi global s’infléchit donc et semble s’accompagner d’un basculement vers l’intérim, sans doute du fait d’une prudence accrue des entrepreneurs face à des perspectives qui s’assombrissent.
Les défaillances d’entreprises de bâtiment progressent sur un an de près de 39 % entre les huit premiers mois 2022 et 2023. Toutefois, la base de comparaison bénéficie encore de l’accompagnement public post-Covid-19. Plus économiquement, le nombre d’entreprises du bâtiment en procédure collective affiche toujours 4,6 % en deçà des huit premiers mois de 2019.
Olivier Salleron prévient : « À l’horizon 2025, si rien n’est fait, donc si l’on laisse la crise du neuf s’enclencher, l’activité bâtiment reculera d’environ 8 %, hors effet prix, soit 14 milliards d’euros en moins. S’ensuivra une réelle montée des défaillances et une chute de l’emploi, avec près de 150 000 destructions de postes, salariés et intérimaires, ETP confondus. »