Le travail en 2040 : quels impacts en prévention ?
Comment travaillerons-nous en 2040 et quels impacts les évolutions à venir auront-elles sur la santé et la prévention ? C’est à ces questions qu’a tenté de répondre un groupe de travail pluridisciplinaire animé par la mission Veille et prospective de l’INRS.
Date de mise à jour : 1 déc. 2023
Auteur : Cendrine Barruyer
©GettyImages - Guillaume
L’exercice de prospective « Le travail en 2040 : modalités de pilotage, enjeux de santé et sécurité au travail » présenté le 20 novembre 2023, propose des pistes d’action à mettre en œuvre dès aujourd’hui pour construire un futur favorable à la santé et à la sécurité au travail. Ce travail est fondé sur l’étude de la littérature et la consultation de soixante experts, chefs d’entreprise et étudiants. Il a permis de construire une démarche en trois étapes.
- Tout d’abord l’analyse prospective proprement dite. « La prospective ne vise pas à prédire l’avenir, explique Jennifer Clerty copilote du groupe de travail, mais à définir les différents futurs susceptibles de survenir afin de se préparer aux changements qui vont en découler ou d’agir en faveur des scénarios les plus souhaitables. » Cette étude a ainsi mis en lumière onze mutations probables de l’environnement des entreprises et douze dynamiques influant sur le travail et son organisation.
- La deuxième étape, dite de design fiction, a consisté à créer huit entreprises imaginaires comme la coopérative Co-Peint, entreprise du bâtiment où les compagnons travaillent avec un cobot qui les aide ou les remplace pour une partie de leurs tâches. Cette coopérative permet le maintien en emploi de peintres touchés par un handicap, comme Guillaume. En 2036, cet artisan a dû liquider sa TPE pour cause de soucis de santé, et après un parcours de réinsertion, il a rejoint Co-Peint. Neuf autres travailleurs fictifs illustrent cette section, à l’image de Sébastien. Grâce à l’intelligence artificielle, Sébastien, gérant d’une unité de l’entreprise de recyclage gRRReen, s’est trouvé en mesure de répondre à une interview télévisée « en direct » lors de la présentation de l’étude au public.
- La troisième étape vise à identifier les principaux risques professionnels et enjeux pour l’organisation et la prévention en 2040. Elle a aussi pour objet de discerner des opportunités et de proposer des stratégies de prévention.
Dans les nouvelles organisations du travail à venir, les acteurs de la prévention vont devoir adapter leurs pratiques, souligne le document. Les préventeurs seront amenés à faire évoluer leurs méthodes d’intervention pour chercher à faire intégrer les enjeux de santé et sécurité au travail aux orientations stratégiques des entreprises. Les modalités de leurs interventions pourraient être de plus en plus tournées vers l’accompagnement, d’une part, des transformations technico-organisationnelles des entreprises et, d’autre part, vers l’instauration d’un dialogue social et professionnel au sein des organisations où ils interviennent.
Face à des effectifs hétérogènes, le travail de prospective souligne également que les préventeurs devront savoir exploiter les données collectées sur les lieux de travail et auprès des travailleurs à des fins de prévention collective. Ces évolutions impliquent une multidisciplinarité des profils de préventeurs qui, au-delà de leur expertise technique (en chimie, ergonomie, acoustique…), devront disposer de compétences sur les technologies et leurs implications sur l’organisation du travail, mais également de connaissances sur la gestion, l’économie ou la sociologie des organisations.
« En explorant les transformations futures du travail, l’INRS apporte une aide utile aux décideurs, aux préventeurs, aux acteurs de la santé au travail afin qu’ils puissent préparer l’avenir, identifier les besoins, les difficultés qu’il faudra surmonter et les points sur lesquels il faudra être vigilant », conclut le Dr Bernard Salengro, médecin du travail APST-BTP et vice-président de cette journée.
Visionner le replay de l'événement de prospective.
Consulter le rapport « Le travail en 2040. Modalités de pilotage, enjeux de santé et sécurité au travail »