Logement neuf : la chute se poursuit, selon la FFB
Le neuf n’en finit pas de dégringoler, alerte la FFB à l’occasion d’un point de conjoncture. S’en suivent des défaillances d’entreprises en hausse, ainsi que des pertes d’emploi. Seule l’activité en amélioration-entretien progresse. Olivier Salleron, président de la FFB, espère que les récentes annonces gouvernementales sur MaPrimeRénov’ vont avoir un effet positif sur le secteur. À condition de faire vite.
Date de mise à jour : 12 mars 2024
Auteur : Virginie Leblanc
©DR
« Le plongeon du logement neuf ne ralentit pas », déplore Olivier Salleron, président de la FFB, à l’occasion d’une conférence de presse dédiée à la conjoncture du bâtiment. En glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2024, la chute des mises en chantier s’établit à -23,3 %. En revanche, celle des autorisations se tasse, à -2,1 %, mais par un pur effet de base pré-RE2020 sur les logements collectifs (+8,6 %). « Les perspectives de vente en neuf aux particuliers sont très mauvaises, avec seulement 563 000 ventes les douze derniers mois, un chiffre historiquement bas. Le non résidentiel neuf est également au plus bas. » En cumul, de novembre 2023 à janvier 2024 par rapport à la même période un an auparavant, les surfaces commencées de bâtiments non résidentiels abandonnent 11,2 %.
L'amélioration-entretien progresse
Seule l’activité en amélioration-entretien progresse, de 2,3 % à prix constants en 2023, avec un score similaire pour la rénovation énergétique (+2,2 %). Toutefois, on relève un tassement récent, avec +2,6 % sur un an au quatrième trimestre 2023, après +3 % au troisième trimestre, du fait d’un net ralentissement à +2,2 % de la rénovation énergétique. Pour autant, les perspectives à l’horizon du printemps 2024 restent bien orientées, avec une activité attendue en hausse de 2 % à 3 % en volume sur un an, selon l’étude du réseau des Cerc (observatoires régionaux de la filière construction). Par ailleurs, Olivier Salleron souligne qu'« il y avait urgence à faire face à la complexité de MaPrimeRénov’*. Cette simplification obtenue par les organisations professionnelles nous contente mais il faut que son application soit réalisée le plus rapidement possible. Tout jour perdu est une perte d’activité sur le terrain. »
Prévisions de 90 000 emplois détruits dans le bâtiment à fin 2024
L’emploi s’adapte également à la nouvelle situation, indique la FFB dans sa note de conjoncture. Le bâtiment a perdu 3 300 postes en 2023, dont 1 900 postes salariés. Et le mouvement s’accélère puisqu’entre les seuls quatrièmes trimestres 2022 et 2023, le recul atteint 13 300 postes. « De plus, nous maintenons nos prévisions de 90 000 emplois détruits à fin 2024 », signale Olivier Salleron.
Pour autant, les difficultés de recrutement chez les entreprises de plus de dix salariés restent à niveau élevé sur le quatrième trimestre 2023, 79,3 % d’entre elles déclarant en souffrir, contre environ 60 % en moyenne depuis début 1990.
Selon l’Insee, en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2024, hors micro-entrepreneurs, les créations d’entreprises dans la construction reculent de 8,3 %, alors qu’elles augmentent encore légèrement pour l’ensemble de l’économie (+1,1 %).
Quant aux défaillances dans le bâtiment, selon Altares, elles s’envolent de 40,3 % sur la même période et même de 32,4 % par rapport au niveau d’avant crise sanitaire (novembre 2019 à janvier 2020), sans disparité entre gros œuvre (+31,9 %) et second œuvre (+32,7 %).
Seules bonnes nouvelles, les coûts des matériaux et de l’énergie se stabilisent globalement, ce qui simplifie les calculs de prix « justes », et les délais de paiement clients semblent se réduire, après la brusque envolée de l’été 2023 qui pesait sur les trésoreries.
*Dans un communiqué en date du 8 mars 2024, la FFB a indiqué qu’il a été décidé par le gouvernement « de lever les freins sur les gestes simples, notamment en supprimant l’obligation de changer le système de chauffage et d’établir un DPE préalable. L’interdiction de recourir aux gestes simples pour les passoires thermiques à compter du 1er juillet est également levée. Par ailleurs, la simplification du mécanisme de validation prévue pour Mon Accompagnateur Rénov devrait permettre de supprimer progressivement les plus lourds blocages et réduire les délais d’intervention. »