Risque routier : les comportements dangereux en hausse depuis dix ans, selon une étude
L’enquête MMA sur les déplacements professionnels révèle à la fois une aggravation des pratiques à risques, notamment dans le secteur du BTP, et des lacunes en prévention de la part des entreprises.
Date de mise à jour : 29 mai 2024
Auteur : Chloé Devis
©OPPBTP
Un anniversaire en forme de signal d’alarme : pour sa dixième édition, l’étude menée par l’assureur MMA et l’Ifop* auprès des actifs au sujet de leurs trajets professionnels met en évidence, en premier lieu, une méconnaissance tenace de l’importance du sujet. Ainsi, 28 % d’entre eux seulement savent que le risque routier est la première cause d’accident mortel au travail, soit un recul de 7 points par rapport à 2015. Cette part tombe à 25 % parmi les professionnels du BTP, bien que 54 % d’entre eux conduisent en moyenne une fois par jour, et que 43 % d’entre eux aient subi un accident ou une sanction au cours des cinq dernières années.
Les autres résultats dévoilés à l’occasion des Journées de la sécurité routière au travail 2024 sont tout aussi préoccupants. La vitesse demeure un enjeu de sécurité majeur, 40 % des enquêtés affirmant rouler parfois ou souvent au-dessus des limites autorisées (+5 points par rapport à 2015). Par ailleurs, 80 % des personnes interrogées admettent avoir déjà conduit en étant fatiguées, une part qui passe à 88 % dans les métiers du BTP. Aucun progrès non plus n’est à signaler en ce qui concerne un autre facteur de risque notable, la consommation d’alcool avant de prendre le volant : 15 % des sondés ont déjà conduit après deux verres ou plus, une proportion qui grimpe à 27 % dans le BTP.
Le véhicule professionnel parfois vu comme un deuxième bureau
Concernant l’usage du téléphone, 84 % des répondants déclarent passer ou recevoir des appels en conduisant, contre 74 % en 2015, une part qui s’élève à 90 % dans le BTP. Cette mauvaise habitude s’étend à la lecture ou à l’écriture de textos, la consultation de réseaux sociaux…
De manière générale, alors que le manque d’attention au volant représente aujourd’hui l’une des principales causes d’accident mortel sur la route, un quart des actifs, et 31 % de ceux du BTP, considèrent leur voiture comme un « deuxième bureau », et seuls 38 % – 33 % côté BTP – indiquent que leur employeur élargit le droit à la déconnexion aux déplacements professionnels. Ce constat invite à relativiser le gain de sérénité procuré par les outils d’aide à la conduite (GPS, régulateur de vitesse, applications…) à 76 % de leurs utilisateurs quotidiens (79 % dans le BTP).
Des entreprises incitées à passer à l'action
En miroir de cet état des lieux, l’investissement des entreprises reste insuffisant sur le terrain de la prévention routière. Pour 42 % des personnes, les actions mises en place par leur entreprise sont « inexistantes » (+ 3 points vs 2015), pour 35 % « rares » (+ 3 points) et pour 23 % « régulières » (- 6 points) – 28 % dans le cas des effectifs du BTP. Moins d’un quart des actifs a déjà suivi une formation de sensibilisation aux risques routiers (24 %), une part à peine supérieure côté BTP. 32 % des sondés sont pourtant demandeurs en ce qui concerne ce type d’initiative, 30 % souhaitant l’organisation d’une journée sécurité routière, 27 % l’instauration d’une charte de bonnes pratiques au volant et 23 % la diffusion de messages de sensibilisation aux risques routiers ou d’outils pédagogiques sur la conduite. Ces attentes sont partagées dans des proportions similaires par les professionnels du BTP.
*L’enquête a été menée auprès de 1 023 personnes effectuant des déplacements professionnels au moins une fois par mois, extraites d’un échantillon de 3 126 personnes représentatif de la population active occupée française.
Dans le cadre des Journées de la sécurité routière au travail qui se déroulent du 27 au 31 mai 2024, et en parallèle de son étude sur les comportements routiers, MMA lance une campagne de prévention audio digitale sous le slogan « Quand on est pro, on ne joue pas au volant ». Ces spots de prévention prennent la forme d’un jeu radiophonique pour rappeler aux dirigeants la réalité du risque routier professionnel et l’importance d’en informer leurs salariés et de mettre en place des actions pour les protéger.