Une campagne pour améliorer l’hygiène sur les chantiers du BTP
« Dans le BTP, l'hygiène c'est notre chantier ! » Avec ce slogan, l’OPPBTP lance une campagne de communication, de sensibilisation et d'accompagnement sur le terrain pour améliorer l’hygiène sur les chantiers. À partir du 9 octobre, le dispositif, mis en place avec de nombreux partenaires, doit inciter la profession à agir grâce à des moyens dédiés et adaptés à chaque chantier.
Date de mise à jour : 3 oct. 2023
Auteur : Fabienne Leroy
©OPPBTP
Pour améliorer efficacement l’hygiène et les conditions de travail sur les chantiers, l’OPPBTP s’associe à de multiples acteurs* dans le cadre d’une campagne d’information et de sensibilisation du 9 octobre au 20 novembre 2023. Objectif : donner aux entreprises l’envie d’agir grâce à des moyens dédiés et à des solutions à mettre en place.
Sur les chantiers du BTP, l’hygiène répond à des besoins élémentaires pour les professionnels, comme l’accès à l’eau, aux toilettes ou encore la possibilité de prendre des repas à l’abri mais aussi de disposer de vêtements de travail propres et adaptés.
Absence de toilettes sur 70 % des chantiers de maisons individuelles
La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a rappelé l’importance pour les collaborateurs de travailler dans de bonnes conditions d’hygiène. La mobilisation contre la contamination a notamment permis d’améliorer ces conditions sur les chantiers.
Cependant, une étude de la Cnam réalisée en 2022 alerte sur le fait que 25 % des chantiers ne disposent pas de base vie mutualisée, raccordée ou entretenue quotidiennement. Sur les chantiers de maison individuelle, 70 % ne proposent pas de cabines de toilettes, et 25 % ne disposent pas de l’eau courante. Or, les enjeux concernant l’hygiène sur le chantier sont multiples pour le secteur (lire l'encadré ci-dessous).
« Tout n’est pas rose dans notre secteur en matière d’hygiène, rappelle Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP. La situation après Covid montre que certaines bonnes habitudes ont été perdues. C’est la raison pour laquelle, nous lançons une campagne ciblée sur le sujet. »
L'hygiène, c’est avant tout une question de dignité pour les femmes et les hommes du BTP en leur offrant des conditions de travail respectueuses de leurs besoins élémentaires : se laver les mains, aller aux toilettes, manger au chaud ou encore s’abriter et disposer de l’eau courante lors des périodes de fortes chaleurs par exemple. Cela concerne 1,4 million de salariés du BTP.
De plus, l’amélioration des conditions d’hygiène répond à une problématique d’attractivité du secteur. Pour accueillir décemment et motiver les 153 000 jeunes actuellement en formation et tous les futurs embauchés, il est nécessaire d’être en mesure de leur offrir des conditions de travail décentes.
Enfin, en permettant de réduire l’absentéisme, les accidents du travail ou encore les TMS, et en favorisant une meilleure ambiance de travail, l’amélioration des conditions d’hygiène est un facteur de gain en productivité et donc de performance économique pour l’entreprise.
Un dispositif pour améliorer l’hygiène sur les chantiers
La campagne, partagée auprès des entreprises du BTP, se déploiera sur les supports digitaux comme les réseaux sociaux. Elle met en avant des solutions pratiques et des témoignages avec pour leitmotiv : « L’hygiène pour tous. Une solution pour chaque chantier ».
Une série d’affiches, basée sur les cinq fondamentaux de l’hygiène sur les chantiers (la base vie, l’eau potable, l’accès aux toilettes, les espaces de repas et les vêtements de travail), est également mise à la disposition des entreprises.
Un webinaire national « Hygiène pour tous » et un site dédié
Pour aider les entreprises à agir, un webinaire national « Hygiène pour tous, à chacun sa solution » sera animé par l’OPPBTP et les services de prévention et de santé au travail. Organisé sur trois dates (les 7, 10 et 15 novembre 2023), il vise les opérateurs, encadrants et chefs d’entreprise, qui pourront s’inscrire à l’aide d’un site dédié hygienebtp.fr.
Le site dédié, hygienebtp.fr, très pédagogique, permettra en outre de découvrir les solutions pratiques et d’accéder à une boîte à outils complète. On y trouve une large sélection de contenus comme des affiches et stickers fonctionnels, 40 solutions chantiers et un guide d’aide au choix d’une base vie, élaboré en collaboration avec l’Acim-DLR (lire l'encadré ci-dessous). Des vidéos « Deux minutes Prévention » sensibilisent les salariés, et un support d’intervention sera remis aux CSE et réseaux de préventeurs.
Un guide, publié par l’OPPBTP et l’Acim-DLR*, aide les acteurs du BTP à choisir les installations à mettre en œuvre sur leurs chantiers, en fonction des caractéristiques suivantes :
- L’effectif du chantier.
- L’accessibilité.
- Le raccordement aux différents réseaux.
- La durée du chantier.
- Les différents postes de travail.
À partir de ces paramètres, une grille de choix permet d’identifier le type de solution adaptée, parmi les cinq familles existantes : base vie modulaire, monobloc, base vie mobile, cabine sanitaire autonome ou base vie démontable.
Ce guide intitulé « Bien choisir une base vie et ou/une installation d'hygiène » apporte également des conseils quant aux possibilités d’implantation et d’aménagement des installations. Il aborde l’aménagement extérieur par une zone tampon entre le chantier et les bases vie pour conserver les lieux de vie plus propres (abri, gratte-bottes…), et répertorie des solutions d’équipements indispensables à proposer à l’intérieur (lave-mains, sèche-vêtements, …). Enfin, les différents services associés y sont mentionnés (installation des bases vie, raccordement et désinfection du réseau d’eau potable, service d’entretien et de nettoyage, cantine, SAV pour les réparations éventuelles…).
*L'Acim-DLR réunit les Acteurs de la construction industrialisée et modulaire (Acim) et la Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels du BTP et de la manutention (DLR).
Deux cents chantiers visités pour un diagnostic ciblé
Dans le cadre de cette campagne, 200 chantiers seront visités par les conseillers en prévention de l’OPPBTP. Ils rencontreront les chefs d’entreprise et les compagnons afin d’établir un diagnostic ciblé de l’état de leurs chantiers. La façon dont la question de l’hygiène a été pensée et organisée sera également abordée. Une attention particulière sera portée sur les chantiers de courte et de moyenne durée.
Après chaque diagnostic, des préconisations sur mesure seront proposées aux entreprises. Elles intégreront des solutions à mettre en place en fonction de leurs besoins, comme des installations raccordables ou autonomes, fixes ou mobiles, mais aussi des équipements tels que des armoires chauffantes, lave-mains, gratte-bottes, sèche-vêtements…
Selon les acteurs de l’Acim-DLR, les solutions d’hygiène, type base vie et toilettes autonomes, coûtent de l’ordre de 6 à 8 euros par jour (location). Ce qui, pour une équipe de sept salariés, revient à un euro par salarié et par jour. L'hygiène représente de 1 à 2 % du coût du chantier en moyenne pour les entreprises.
Hygiène sur les chantiers : une enquête à destination des compagnons
Par ailleurs, une grande enquête, réalisée par les services de prévention de santé au travail du BTP et interprofessionnel, sera adressée aux compagnons lors de visites médicales. Ils seront questionnés sur leurs perceptions des installations d’hygiène sur les chantiers et les comportements individuels à adopter.
Les diagnostics et l’enquête compagnons ainsi que toutes les données recueillies durant la campagne permettront de disposer d’un baromètre « hygiène » et de retours d’expérience et de témoignages. Ces nouvelles données alimenteront l’action future de la branche BTP en faveur d’une meilleure hygiène sur les chantiers.
Sébastien Krajinovic, directeur de la société Jarnias Paris, livre son témoignage en matière d’installations d’hygiène. Selon lui, l’hygiène est un prérequis qui s’impose avant de déplacer ses équipes sur place.
Sébastien Krajinovic, directeur de la société Jarnias Paris
« En phase projet, l’hygiène est un prérequis pour nous, et nous nous demandons toujours comment nous allons nous installer avant de déplacer nos équipes », explique Sébastien Krajinovic. Particularité, l’entreprise utilise les installations d’hygiène, type base vie, de ses clients, dont la qualité dépend surtout du type d’opération et de son importance. « C’est toujours plus compliqué sur les petites opérations », résume-t-il.
L’hygiène, un gain et non un coût
L’entreprise Jarnias aborde ce sujet de l’hygiène en termes de gain et non de coût. Outre la distribution du gel hydroalcoolique pour ses salariés, une pratique mise en place lors de la période Covid et conservée, elle les équipe de vêtements de travail adaptés, au nom de l’entreprise. « Il y a suffisamment de vêtements de rechange pour rester propres pendant la durée du chantier. En plus, nous pouvons les floquer au nom de l'entreprise, ce qui nous permet de travailler sur notre image de marque », ajoute Sébastien Krajinovic. Ces pratiques, qui demeurent des solutions acceptables, participent à améliorer l’attractivité du secteur, selon lui, car le BTP cherche toujours à recruter…
*La Direction générale du travail (DGT), la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), les Services interentreprises de Santé au travail du BTP (Sist-BTP), l'Acim-DLR (les Acteurs de la construction industrialisée et modulaire et la Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels du BTP et de la manutention), avec le soutien de l’INRS et des organisations professionnelles d’employeurs et de salariés.