L’IA, une opportunité pour le bâtiment
Conception, planification et génération de plans, aide à la décision, amélioration de la prévention… L’IA ne manque pas d’atouts pour le secteur du bâtiment. Dans la continuité de précédents travaux, la Fédération française du bâtiment publie une note de synthèse sur le sujet.
Date de mise à jour : 24 août 2023
Auteur : Virginie Leblanc
©Yuichiro Chino / Getty Images
« Mobiliser les données au service de l’IA et de l’innovation dans le secteur du bâtiment ». Tel est le titre de la note de synthèse de la Fédération française du bâtiment (FFB) publiée fin juillet 2023. Objectif : mettre en lumière « le rôle majeur des données pour l’ensemble de la filière », souligne Olivier Salleron, président de la FFB, dans l’édito du document. « Ces outils d’aide à la décision doivent nous permettre de gagner en productivité et de créer de la valeur dans un contexte économique difficile », ajoute-t-il.
Consulter la note de synthèse de la FFB sur l'IA.
Cette note de synthèse s’inscrit dans la continuité du rapport publié en 2019 par le groupe de travail créé par la FFB en 2018 sur le thème de l’intelligence artificielle (IA). Elle avance « quelques préconisations qui visent à la fois la FFB et ses partenaires. C’est un second jalon qui permettra de nourrir les débats en interne comme en externe », écrit Cécile Mazaud, présidente de la Commission innovation et transition numérique de la fédération.
« La capacité d’apprentissage de l’IA constitue une opportunité. On voit par exemple l’importance de ces technologies en matière de conception, de planification et de génération de plans avec le jumeau numérique, qui existe déjà dans l’industrie », estime la FFB. D’autres potentiels sont relevés pour l’exploitation des bâtiments, notamment pour répondre aux défis de la transition écologique, quelle que soit la taille des entreprises.
Cas d'usage des données
Dans le secteur du bâtiment, le document rappelle que les usages des données ont gagné en importance ces dernières années. « Les entreprises utilisent de plus en plus les données pour améliorer leur efficacité opérationnelle, optimiser la conception des bâtiments, faciliter la gestion des actifs, réduire les coûts et accroître la durabilité environnementale. »
Parmi les principaux usages, la FFB retient :
- La conception et la modélisation. La création de modèles numériques des bâtiments permet aux équipes de mieux visualiser et simuler les projets avant leur construction. Les logiciels de BIM intègrent des données sur la conception, la construction et la maintenance des bâtiments, ce qui facilite la coordination entre les différentes parties prenantes et réduit les erreurs. Et c’est bénéfique aussi pour la prévention des risques professionnels.
- La gestion de la construction. Les données sont utilisées pour suivre et gérer les projets de construction, en fournissant des informations sur l’avancement du chantier, la gestion des coûts, la planification des ressources et la coordination des équipes. Les capteurs et les dispositifs IoT (Internet des objets) sont utilisés pour collecter des données en temps réel sur les sites de construction, permettant ainsi d’optimiser l’utilisation des ressources et de détecter les problèmes potentiels.
- La gestion des actifs et de la maintenance. Les données sont utilisées pour suivre et gérer les actifs immobiliers tout au long de leur cycle de vie. Les propriétaires et les gestionnaires de bâtiments utilisent des systèmes de gestion des installations pour collecter et analyser les données sur les performances des bâtiments, la consommation d’énergie, la maintenance préventive, etc.
- La performance énergétique et la durabilité. Les données sont utilisées pour évaluer et améliorer la performance énergétique des bâtiments. Les données sont également utilisées pour évaluer, dès la conception, et suivre les performances environnementales des bâtiments, notamment en ce qui concerne les émissions de carbone et l’empreinte écologique.
- L’analyse prédictive et la prévention des risques. Par exemple, les données historiques peuvent être utilisées pour prévoir les pannes d’équipement, permettant ainsi de planifier la maintenance de manière proactive. De même, l’analyse des données peut aider à identifier les risques liés à la sécurité sur les chantiers de construction, ce qui permet de prendre des mesures préventives.
Plateforme de mutualisation de données pour le BTP
Dans sa note, la FFB détaille plusieurs cas d’usage :
- planification des chantiers,
- meilleure prévision de la quantité de matériau utilisée,
- optimisation de la gestion des déchets,
- autocontrôle sur chantier (utilisation de la réalité virtuelle pour mener des contrôles via un casque de réalité augmentée ou de réalité mixte doté d’une IA),
- maintenance prédictive,
- détection intelligente de hotspots (points chauds) par images thermiques.
Avec d’autres acteurs du BTP, la FFB travaille au projet Construction DataHub (plateforme de mutualisation de données et d’intelligence artificielle pour le secteur de la construction), lauréat d’un financement France 2030. Une initiative qui permettra de déployer les cas d’usage initiés par la FFB, notamment, et d’interconnecter les données des métiers.
Les porteurs du projet ont toutefois identifié des freins qui subsistent : manque d’interopérabilité des systèmes ; morcellement de l’innovation ; inégalité entre grands groupes, start-ups et TPE-PME. « L’intérêt prioritaire de cette initiative est de pouvoir mobiliser et rendre accessibles les données générées par les entreprises du bâtiment afin de les partager de manière sécurisée dans l’écosystème et dans le respect des autorisations qu’elles donnent à leurs partenaires habituels », indique la note de la FFB.
Enfin, une partie du document est consacrée aux aspects réglementaires. Cécile Mazaud souligne que « les réglementations européennes sur ces sujets sont en cours de construction, et il revient aux différentes filières de s’organiser face à des acteurs du numérique qui pourraient capter la valeur des données. »
La filière bâtiment dispose de nombreuses typologies de données : environnementales, administratives, publiques, financières, internes aux entreprises, sonores liées à l’exploitation ou au chantier, images ou vidéos liées à l’exploitation ou au chantier, capteurs liés aux EPI, géolocalisation, informations liées au chantier, aux maquettes numériques, capteurs liés aux engins de chantier.