L'organisation des secours sur chantier amiante doit être pensée en amont, voire faire l'objet d'une « instruction » au titre du système qualité amiante en sous-section 3 (SS3). Cette instruction doit être concertée avec les multiples intervenants (entreprise de travaux, coordonnateur SPS, maître d’ouvrage, maître d’œuvre, caserne des pompiers locale, service secours du site…). Elle doit notamment prendre en compte les différents risques présents sur le chantier (déplacements de véhicules, présence de gaz, accessibilité, activités du site occupé…). Quels sont les moyens de communication et d'alerte à mettre en place et comment organiser les secours sur un chantier amiante ? Explications.
Rédigé le 21/06/2024
Dans le cadre de travaux en milieu intérieur et extérieur, dès l’arrivée sur le chantier (lors de l’installation), les personnels doivent :
Si l’entreprise utilise des produits chimiques signalés par des pictogrammes de danger (losanges blancs entourés de rouge comme ci-après), les fiches de données de sécurité (FDS) correspondantes sont disponibles au poste du « gardien de sas » et/ou au niveau du chef de chantier. Leur emplacement doit être connu de tous.
Dans le cas de services de secours sur place, ces derniers sont informés, voire disposent d’une copie.
Ces dispositions sont abordées lors de la visite de sécurité, la visite préalable commune…
Dans le cadre de travaux en milieu intérieur, afin de garder le contact entre le surveillant de l’opération ou le gardien de sas situé en zone non contaminée (dite zone « verte ») et les personnels en zone contaminée (dite zone « rouge »), il est important de disposer de moyens d’alerte. Bien que le Code du travail impose des « fenêtres de visite » sur les chantiers amiante, le contact visuel peut être rompu. En outre, les chantiers « amiante » en espace confiné sont généralement des chantiers bruyants.
Il faut donc, le plus souvent, disposer d’un système d’alarme visuelle et sonore à l’extérieur du confinement.
Le système sonore doit être reconnaissable (et connu) par tous les intervenants du chantier. Selon les codes établis en entreprise, l’alarme peut être activée pour signifier aux opérateurs :
En complément, la mise en œuvre d’une alarme visuelle (type gyrophare), déportée en zone, relaye l’alarme sonore qui peut être couverte par le bruit des matériels et des équipements.
Dans le cas d'une victime immobilisée, il peut être pertinent d’avoir une solution d’appel en zone pour que le sauveteur secouriste du travail (SST) puisse recevoir directement les consignes du médecin régulateur (téléphone IP 65).
L'affiche « En cas d'urgence » rappelle la procédure à suivre face à une situation d'urgence impliquant une victime.
Complétez-la et affichez-la ; elle rappelle les étapes à suivre quand survient l'accident.
Dans le cadre d’une zone confinée, la première issue de secours à privilégier est le sas personnel puis, dans un second temps, le sas matériels/déchets (souvent utilisé pour le brancardage).
La sortie de secours aménagée sur le confinement n’est utilisée qu’en dernier recours (rupture du confinement). Dans une certaine mesure, elle est placée de manière à offrir une issue de chantier (voire un accès pour les services de secours) autre que dans l’environnement proche des sas.
Selon l’urgence, la victime est accompagnée par un autre opérateur pour sortir en essayant d’observer les principes de décontamination (aspiration, décontamination à l’humide). Bien évidemment, la zone lésée (blessure) n’est pas, par principe, concernée par cette décontamination. L’évaluation de la situation et l’initiative restent celles du secouriste.
En aucun cas, une procédure de gestion des accidents qui peuvent survenir n’est à rédiger ! Chaque situation est particulière et gérée par le secouriste formé aux gestes de premiers secours. Il reste le seul à même d’évaluer la situation au moment des faits (en lien avec le médecin conseil le cas échéant).
À l’exception de situations très spécifiques (suspicion de rupture du rachis après une chute d’un échafaudage par exemple, victime incarcérée…), la plupart du temps, le sauveteur secouriste du travail (SST) soustraira la victime de la zone confinée (dangereuse).
Liste des matériels et proposition d’aménagement d’une issue de secours.
Principe d'organisation des sorties de secours en zone confinée.
Les secours en zone amiante sont organisés selon les principes de fonctionnement suivants :
Sur le lieu de travail, le personnel doit disposer d'une trousse de secours afin de pouvoir effectuer rapidement les premiers soins. Son contenu est déterminé avec le médecin du travail qui peut suggérer des compléments en lien avec certaines activités de votre entreprise. Attention à vérifier régulièrement les dates de péremption des produits !
Voir nos conseils pour composer votre trousse de secours en consultant notre question-réponse « Que doit contenir une trousse de secours ? ».
Selon les exigences réglementaires (article R4224-15 du Code du travail), au moins un salarié doit être formé au secourisme dans chaque atelier où sont accomplis des travaux dangereux.
Le dispositif de formation du SST (INRS) impose de consacrer un temps « nécessaire », lors de la formation, à la gestion des risques spécifiques de l’entreprise. Le(s) sujet(s) est(sont) donc intégré(s) en amont de la formation en concertation avec le formateur et le médecin du travail.
Les secouristes sont identifiables, reconnaissables durant les phases de travaux (brassards ou casque de couleur différente ou combinaison de couleur différente ou marquages visibles sur la combinaison…), pas uniquement par les personnels du chantier mais également par toutes les personnes susceptibles d’intervenir en zone.
Les travaux en présence de CMR limitent les déplacements entre la zone contaminée et la zone « propre ». Les premiers gestes de secours doivent pouvoir être organisés depuis la zone de travail, l’un des premiers principes du SST étant de ne pas s’exposer. Si le SST (qui serait une personne extérieure) doit, au préalable, se protéger vis-à-vis du risque amiante (combinaison, masque…), un temps précieux est perdu. Le SST dispose de « trois minutes pour agir ».
Ainsi, il revient à l’employeur de déterminer combien de SST sont présents sur le chantier. L’OPPBTP recommande de disposer :
Le sauveteur secouriste du travail intervient notamment sur son lieu de travail pour porter secours à toute personne victime d'un accident ou d’un malaise. Aussi, parmi ses missions, relevons celles de :
En aucun cas, le SST est formé à prodiguer des soins ! Il n’est pas en mesure de faire un diagnostic et donc de déterminer s’il s’agit d’un blessé grave ou léger. Seul un médecin urgentiste peut réaliser un tel pronostic (vital).
Dans cette perspective, les consignes, rappels, procédures qui sont intégrés dans le système qualité d’une entreprise figurent dans le plan d’intervention du SST. Comme toute instruction d’un système qualité, ce plan peut, le cas échéant, être affiché en zone contaminée, voire à l’extérieur de la zone contaminée.
Le risque amiante est identifié dans le plan d’intervention du sauveteur secouriste du travail (SST) de l’INRS
Plan d'intervention SST.
Les travaux ou interventions en milieu amiante imposent un coût cardiaque élevé (ambiance chaude, port de combinaisons favorisant la sudation, respiration sous masque…). Aussi l’entreprise doit s’interroger sur l’accès à un tel équipement.
L’employeur doit s’assurer que les salariés ont été formés (régulièrement) à l’utilisation des moyens de lutte contre les débuts d’incendie.
De manière générale, le Code du travail prévoit la mise à disposition d’au moins un extincteur portatif à eau pulvérisée d'une capacité minimale de 6 litres pour 200 m² de plancher avec au moins un appareil par niveau.
Pour rappel, les chantiers amiante, particulièrement sous confinement, contiennent de grandes quantités de matériaux inflammables (rubans adhésifs, colle en aérosol, bois, films de propreté… utilisés en grande partie pour le confinement, l'emballage des déchets…).
Aussi, sur tous les chantiers amiante, l’OPPBTP recommande la mise à disposition d’au moins deux extincteurs de 6 kg à eau pulvérisée avec additif, à l’opposé l‘un de l’autre en zone (pour feux de classes A et B).
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