Canicule : les précautions à prendre sur les chantiers
Face à la canicule, quelles sont les solutions à adopter sur les chantiers ? Surveillance de la météo, adaptation des horaires de travail, hydratation : suivez le guide !
Date de mise à jour : 21 août 2023
Auteur : Isabelle Condou
En période de canicule, la première mesure de sécurité consiste à vérifier quotidiennement les conditions météorologiques et les bulletins d’alerte afin d’évaluer le risque au jour le jour. La vigilance est nécessaire dès que la température dépasse les 30 °C à l’ombre et accrue dès lors que les températures nocturnes sont supérieures à 25 °C.
Pour une information en temps réel de la situation météorologique, vous pouvez consulter la carte de vigilance de Météo France qui est mise à jour a minima deux fois par jour à 6 heures et 16 heures : https://vigilance.meteofrance.fr/fr.
Dans un contexte de grande chaleur associée au travail, il faut être vigilant quant aux tâches à exécuter. Cela implique par exemple de limiter le travail physique et de réaliser les tâches lourdes tôt le matin, de prévoir et de fournir des aides à la manutention. La vigilance doit être renforcée face à certains types de travaux comme les interventions sur les toits pour les couvreurs, ou sur les enrobés pour les ouvriers des travaux publics.
Canicule sur un chantier : boire au moins 3 litres d'eau par jour
Sur les chantiers du BTP, les employeurs sont tenus de mettre à la disposition des travailleurs trois litres d’eau, au moins, par jour et par travailleur. Il est recommandé de boire régulièrement (un verre d’eau fraîche toutes les 20 minutes), même si l’on ne ressent pas la soif, ne pas consommer d’alcool et manger salé pour compenser l’élimination des sels minéraux. Pour savoir si l'on a assez bu, la couleur des urines est un bon indicateur. Lorsqu’elles sont claires, l’hydratation est suffisante et tout va bien. En revanche, plus elles sont foncées, plus elles indiquent un état de déshydratation.
Les chantiers sont-ils concernés par l'interdiction de distribuer des bouteilles en plastique (article L. 541-15-10 du code de l’environnement) ?
Le chantier, qui constitue la « zone » sur laquelle des locaux vont être construits, est un lieu de travail mais ne peut par essence être regardé comme un local [à usage professionnel]. Il n'est donc pas concerné par cette interdiction.
Les employeurs doivent-ils distribuer des gourdes aux compagnons?
Le code du travail ne prévoit, sur les chantiers, que l’obligation de mettre à disposition des travailleurs de l’eau potable et fraiche pour la boisson à raison d’au moins trois litres par jour et par travailleur (R. 4534-143). Même si aucune règle n’est fixée en ce qui concerne la fourniture de contenants pour l’eau, la mise à disposition de gourdes aux compagnons semble être une préconisation d’autant plus appropriée qu’elle participe aux objectifs nationaux de réduction drastique de l’usage du plastique auxquels, ce faisant, les chantiers du BTP pourraient utilement contribuer.
Adapter l'habillement
Les fortes chaleurs nécessitent de porter des vêtements adaptés. Les couleurs claires favorisent l’évaporation de la sueur et sont donc à privilégier. L’employeur, s’il juge que le port du short ou du bermuda ne répond pas aux impératifs de sécurité, peut l’interdire. Il devra alors le faire expressément dans le règlement intérieur. Même en cas de hausse du mercure, le casque et les chaussures de sécurité doivent être conservés. Enfin, il faudra penser à protéger les yeux avec des lunettes de protection teintées.
Vigilance partagée
Chaleur… et contact ! En effet, en situation de canicule la surveillance mutuelle est particulièrement recommandée. Il est important d'être à l'écoute de ses salariés et compagnons de travail qui pourraient peiner. Il s'agira donc de privilégier le travail d'équipe et d'inciter à ce que chacun soit attentif à l'autre. Pour limiter le temps d'exposition au soleil, il est également conseillé d'effectuer une rotation des tâches lorsque des postes moins exposés en donnent la possibilité. Le nombre de pauses peut aussi être augmenté.
Savoir reconnaître le coup de chaleur
Le coup de chaleur, qui correspond à une élévation de la température du corps au-delà de 40,6 °C, est une urgence vitale. Il est donc important de connaître les signes d’alerte (anomalies du comportement, grande faiblesse ou grande fatigue, vertiges, nausées, vomissements, soif intense…) et réagir précocement. En attendant les secours, il s’agira de réfrigérer au maximum le malade : lui enlever ses vêtements, le ventiler et l’asperger d’eau fraîche. Souvent mortel, le coup de chaleur doit être pris en charge et soigné rapidement pour ne pas entraîner de séquelles.
L'une des mesures de prévention organisationnelles préconisées est l’aménagement des horaires de travail. En effet, les températures sont généralement plus basses en soirée, mais surtout tôt le matin, rendant ainsi moins contraignants les travaux à réaliser. Cependant, nombre de collectivités sont soumises à des règles locales, arrêtés municipaux ou préfectoraux, encadrant voire limitant certaines activités, et notamment les travaux, avant 7 heures ou 8 heures du matin, empêchant de fait un aménagement effectif des horaires de travail par les entreprises.
Les collectivités locales ont tout intérêt à se saisir de ce sujet, à double titre. D’une part, en tant qu’employeur d’agents qui réalisent des travaux et interventions rendus plus contraignants par forte chaleur ; l’aménagement de leurs horaires de travail, tout comme de ceux des compagnons du BTP, participe à l’amélioration de leurs conditions de travail en période de forte chaleur. D’autre part, au titre de leur pouvoir de police, maires et préfets sont les autorités compétentes pour autoriser, de façon dérogatoire, pour une période dédiée, les interventions et travaux en horaires décalés afin de favoriser de bonnes conditions de travail. Les dérogations peuvent par ailleurs être limitées quant à l’étendue des nouvelles plages horaires, au niveau de vigilance canicule à partir duquel elles peuvent être mises en œuvre, ou le type d’interventions favorisées pendant ces créneaux. Ces mesures ont toute leur importance dans la gestion collective du risque d’exposition des travailleurs aux fortes chaleurs. En santé et sécurité au travail, l’enjeu sanitaire comme la réponse en prévention doivent être collectifs.
Des ressources pour s'informer et se protéger
L'OPPBTP a publié, en juin 2023, un guide qui répond également à des enjeux d'amélioration de conditions de travail et de continuité d'activité.
Consulter le guide Fortes chaleurs et effets caniculaires sur les chantiers.
Consulter la boîte à outils de l'OPPBTP Fortes chaleurs et canicule.
Le document insiste sur la nécessité d'anticiper la gestion des épisodes de fortes chaleurs. Par exemple en concluant des accords avec des clients pour aménager les horaires de travail, en prévoyant des lieux de repos adaptés pour la récupération des salariés...
Le guide propose des solutions pour sensibiliser les salariés et les aider à mieux comprendre les répercussions des fortes chaleurs sur leur sécurité et leur santé et à prévenir le risque coup de chaleur. Il préconise de bien identifier ce risque et de l'évaluer dans le document unique. En annexe, une synthèse recense les différentes préconisations en fonction de l'évolution de l'alerte vigilance météo. Une autre rappelle les consignes à appliquer suivant l'exposition à l'effort et les vêtements portés.
De son côté, le gouvernement a présenté le 8 juin 2023 un plan pour la gestion des vagues de chaleur comprenant un objectif à destination des employeurs afin d’assurer la continuité de la vie économique.
Consulter le plan du gouvernement.
Le site de Santé publique France met également de nombreux outils en ligne.
Consulter le site de Santé publique France.
Un mémo de l'Iris-ST vous aide à anticiper les effets des conditions climatiques particulières en mettant en place des moyens de prévention adaptés.
Plan canicule : les 4 niveaux d'alerte
Depuis le 1er juin 2022, le plan national canicule est activé sur le territoire. Objectifs : anticiper l’arrivée d’une canicule, définir les actions à mettre en œuvre aux niveaux local et national pour prévenir et limiter les effets sanitaires de la canicule, et adapter au mieux les mesures de prévention et de gestion en portant une attention particulière aux populations spécifiques.
Différents niveaux peuvent être déclenchés selon les régions. Des mesures de prévention particulières doivent alors être mises en œuvre en fonction du niveau d’alerte atteint. Ces niveaux correspondent aux niveaux de vigilance météorologiques.
Le niveau de vigilance jaune correspond à deux situations :
- un pic de chaleur : exposition de courte durée (un ou deux jours) à une chaleur intense
- un épisode persistant de chaleur mais qui reste sous les seuils d’alerte
Ces deux situations présentent un risque pour la santé humaine, pour les populations fragiles ou surexposées notamment du fait de leurs conditions de travail ou de leur activité physique.
Le niveau de vigilance orange correspond à une canicule : période de chaleur intense pour laquelle les moyennes sur 3 jours consécutifs des températures de nuit et de journée atteignent ou dépassent les seuils départementaux, et qui est susceptible de constituer un risque sanitaire notamment pour les personnes fragiles ou surexposées.
Le niveau de vigilance rouge correspond à une canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique, à fort impact sanitaire pour tout type de population, et qui peut entraîner l’apparition d’effets collatéraux notamment en termes de continuité d’activité.
Au 0800 06 66 66 (appel gratuit depuis un poste fixe), Canicule Info Service est ouvert de 09 h 00 à 19 h 00 du lundi au vendredi.
La plateforme d'information est destinée aux personnes les plus vulnérables et/ou exposées.
Le saviez-vous ?
Les risques et le plan d'action liés au travail par fortes chaleurs doivent être évalués dans le document unique d’évaluation des risques.