Flocage, calorifugeage, faux-plafond, amiante-ciment, dalles de sol, béton bitumineux, colle, joint, peinture, enduits… Les fibres d’amiante ont été incorporées dans un grand nombre de matériaux utilisés dans le BTP, jusqu’en 1997, date de l’interdiction totale d’utiliser l’amiante en France. Les opérations de retrait/encapsulage, comme les travaux de maintenance/entretien, exposent les salariés des entreprises au risque amiante. Lors d’opérations de réhabilitation, de rénovation, d’aménagement, de déconstruction ou de démolition, d’entretien ou de maintenance, réalisées en présence de matériaux contenant de l’amiante, les donneurs d’ordre, les maîtres d’ouvrage et leurs délégataires (les chefs d’entreprises utilisatrices, les propriétaires et leurs représentants) ont un rôle préventif essentiel à jouer. Ils doivent organiser la prévention du risque amiante avant même l’intervention proprement dite des entreprises.
Mis à jour le 30/06/2020
L’amiante est une roche naturelle fibreuse cancérogène de catégorie 1A selon la classification européenne (règlement CLP).
L’inhalation de fibres d’amiante peut provoquer des affections des voies respiratoires dont les plus graves sont :
Les niveaux de concentration de fibres d’amiante dans l’air qui entraînent ces affections sont très facilement atteints si aucune précaution n’est prise au cours des travaux. Les affections liées à l’amiante peuvent intervenir plusieurs années après les premières expositions (20 ans à 40 ans et plus). En outre, le tabac associé à l’amiante multiplie le risque de cancer par 50.
Les donneurs d’ordre et leurs représentants (propriétaires, syndics, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, coordonnateurs SPS, etc.) qui entreprennent des travaux en présence d’amiante ou impliquant des matériaux contenant de l’amiante sont soumis à des obligations. Elles sont dictées par le Code de la santé publique pour les propriétaires et leurs mandants, par le Code du travail pour les maîtres d’ouvrage et leurs représentants.
Tout propriétaire étant maître d’ouvrage lorsqu’il entreprend des travaux, tout maître d’ouvrage pouvant être propriétaire, la réglementation concernant l’amiante dans ces deux codes est à prendre en compte partiellement ou en totalité, en fonction des cas de figure. La réglementation définit notamment l’obligation de repérage amiante avant travaux, à la charge des donneurs d’ordre (décret 2017-899 du 9 mai 2017 : articles R4412-97 et suivants du Code du travail).
Dans les travaux de déconstruction, démolition, rénovation, réhabilitation, extension, retrait, aménagement, entretien, maintenance, etc., pratiquement tous les corps d’état du BTP sont ou seront confrontés au risque amiante.
La protection, autant collective qu’individuelle, de la santé des salariés intervenant dans ces opérations se prépare en amont des travaux, lors de l’établissement des pièces de marché (DCE, appels d’offre) par les donneurs d’ordre : connaissance du risque amiante, identification des matériaux contenant de l’amiante, information sur le risque amiante de l’opération, choix de la technique de traitement de l’amiante en place, cahiers des charges et estimation prévisionnelle en conséquence (établie au tout début de la phase conception), prise en compte de la réglementation adaptée à l’opération, choix des intervenants en fonction de la spécificité du risque, etc.
Le site reglesdelartamiante.fr offre des solutions opérationnelles en matière d'intervention sur Matériaux ou Produit Contenant de l'Amiante (MPCA) afin d'accompagner au mieux tous les professionnels du Bâtiment formés en sous-section 4.
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La fabrication, la transformation, la vente, l’importation, la mise sur le marché et la cession de toutes variétés de fibres d’amiante ont été interdites en France à compter du 1er janvier 1997 (décret n°96-1133 du 24 décembre 1996).
Avant cette date, les fibres d’amiante ont été incorporées dans un grand nombre de matériaux du BTP. On trouve ces fibres (liste non exhaustive par corps d’état) dans les matériaux utilisés par plusieurs professions.
C’est au maître d’ouvrage ou au propriétaire de déterminer la façon dont le traitement de l’amiante sera effectué dans l’opération envisagée. Pour traiter les matériaux amiantés en place, différentes solutions s’offrent à vous : le maintien en l’état, l’encapsulage et/ou le retrait du matériau amianté.
Le choix d’une de ces solutions ou de l’utilisation combinée de deux ou plusieurs techniques dépendra :
Le retrait est souvent la solution la plus onéreuse mais il garantit l’absence définitive du risque amiante dans les bâtiments traités.
Il consiste à laisser en place le matériau contenant de l’amiante, et il nécessite une vérification périodique de l’état de conservation (état de dégradation).
Il s’effectue par la mise en place d’une barrière étanche à l’air, résistante sur le plan mécanique et durable dans le temps entre le matériau amianté et l’atmosphère. Cette technique modifie les performances (acoustiques, thermiques, coupe-feu, etc.) des matériaux traités, sans que l’on sache exactement de quelle manière. Le maintien de la protection dans le temps n’est pas garanti. Le maître d’ouvrage, le propriétaire doivent conserver une trace de la justification du traitement. L’encapsulage, au sens réglementaire du terme (sous-section 3 du Code du travail), est réalisé par une entreprise certifiée amiante.
Il permet d’être définitivement à l’abri du risque amiante, dès la fin des travaux comme en interventions ultérieures. Il est réalisé par une entreprise certifiée amiante.
Les travaux de désamiantage peuvent affecter la tenue au feu ou la protection incendie d’un établissement recevant du public (ERP) ou d’un immeuble de grande hauteur (IGH). Le maître d’ouvrage a l’obligation de demander l’autorisation du maire, donnée après avis de la commission de sécurité compétente.
C’est au donneur d’ordre, maître d’ouvrage ou au propriétaire de faire appel à des intervenants spécialisés pour réaliser les travaux envisagés. Pour tous travaux de retrait/encapsulage de matériaux amiantés (sous-section 3), le donneur d’ordre doit faire appel à une entreprise certifiée « amiante » (article R4412-129 du Code du travail).
Aucune qualification particulière aux travaux en présence d’amiante n’est à exiger d’un maître d’œuvre. Des références montrant un savoir-faire spécifique en désamiantage sont a minima nécessaires. L’OPQIBI (Organisme professionnel de qualification de l’ingénierie infrastructure bâtiment industrie) délivre la qualification 0902 « Maîtrise d’œuvre en désamiantage » ; le choix d’un maître d’œuvre détenant cette qualification est à conseiller.
Contrôleur technique ou technicien de la construction, l’opérateur de repérage doit avoir obtenu un certificat de compétence (avec mention) en cours de validité, délivré par un organisme certificateur accrédité par le Cofrac (Comité français d’accréditation). Il doit également être formé à la prévention contre les risques d'exposition à l'amiante en tant qu'intervenant en sous-section 4, puis détenir des compétence lui permettant de procéder à l'estimation de la quantité de matériaux et produits contenant de l'amiante.
Pour les travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant, les entreprises intervenantes doivent être certifiées. Ces certifications sont délivrées par les organismes certificateurs accrédités (Qualibat, Afnor Cerification, Global Certification).
Ces obligations ne concernent que les immeubles bâtis au sens du Code de la construction et leurs propriétaires.
Ces obligations (repérage amiante selon le Code santé publique, constitution du DTA des immeubles bâtis) résultent de réglementations initiées en 1996, modifiées au fil de l’eau pour être codifiées au Code de la santé publique en 2011.
Le décret n° 2011-629 du 3 juin 2011 structure ainsi la partie réglementaire du Code de la santé publique relative à la prévention des risques sanitaires liés à une exposition à l’amiante dans les immeubles bâtis, codifiée au sein des articles R.1334-14 à R.1334-29-9.
Le Code de la santé publique a donc créé des obligations de repérage « amiante » dans les immeubles bâtis :
Trois listes de matériaux et produits contenant de l’amiante existent.
Les propriétaires doivent effectuer des repérages pour vérifier la présence d’amiante. Ces obligations varient en fonction des situations :
Pour les listes A et B : rechercher la présence sans travaux destructifs, identifier et localiser, évaluer l’état de conservation, prélever et analyser si présence d’amiante, établir un rapport de repérage.
Pour la liste C : rechercher la présence des matériaux de la liste, rechercher la présence de tout autre matériau réputé contenir de l’amiante, identifier et localiser, prélever et analyser si présence d’amiante, établir un rapport de repérage.
Pour les matériaux et produits de la liste A : évaluation périodique de l’état de conservation, mesures d’empoussièrement dans l’air, travaux de retrait ou de confinement, information du préfet par le propriétaire, examen visuel de l’état des surfaces avant restitution des locaux, mesures d’empoussièrement après démantèlement du confinement.
Pour les matériaux et produits de la liste B : si travaux effectués à l’intérieur de bâtiments occupés, examen visuel de l’état des surfaces et mesures d’empoussièrement, avant restitution des locaux.
Voici la marche à suivre pour établir un « dossier amiante – parties privatives » ou un « dossier technique amiante » (DTA) pour un immeuble dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997.
Constitution, conservation et actualisation du dossier amiante – parties privatives et du DTA
Le propriétaire constitue, conserve et actualise :
Mise à disposition des dossiers
Le propriétaire tient le « dossier amiante – parties privatives » à disposition des occupants des parties privatives. Le propriétaire tient le DTA à disposition des occupants de l’immeuble concerné, des employeurs, des représentants du personnel et des médecins du travail si les locaux de travail sont dans l’immeuble.
À qui le DTA ou dossier amiante – parties privatives doit-il être communiqué ?
Le propriétaire communique :
À leur demande, le propriétaire communique le « dossier amiante – parties privatives » ou le DTA :
À leur demande, le propriétaire communique également le DTA :
Le Code du travail prévoit divers dispositifs.
Instauration d’un repérage amiante avant travaux obligatoire, à la charge des donneurs d’ordre
Cette nouvelle disposition résulte de la loi travail de 2016 (loi n° 2016-1088, article 113, L 4412-2 du Code du travail) et du décret d’application n° 2017-899 du 09 mai 2017 (articles R4412-97 à R4412-97-6 du Code du travail).
Le décret définit les modalités générales de repérage et le périmètre selon six domaines d’activité : immeubles bâtis, autres immeubles, matériels roulants ferroviaires et autres matériels roulants, navires, bateaux et autres engins flottants, aéronefs et installations, structures ou équipements à la réalisation d’une activité concourant.
Pour chaque domaine d’activité, un arrêté spécifique définit les modalités techniques de réalisation des repérages amiante.
Pour les immeubles bâtis, l’arrêté du 16 juillet 2019 définit les modalités techniques de réalisation des repérages amiante ; la mise en œuvre de la norme NFX 46020 (version 2017) permet de satisfaire aux obligations réglementaires fixées par la loi.
Prendre en compte les principes généraux de prévention
Le maître d’ouvrage, comme le maître d’œuvre et le coordonnateur SPS (sécurité et protection de la santé), met en œuvre, pendant la phase de conception et pendant la réalisation de l’ouvrage, sept des neuf principes généraux de prévention (art. L.4531-1 du Code du travail) :
Les opérations sous coordination SPS
Le maître d’ouvrage prévoit, dès les études d’avant-projet, la coopération entre les différents intervenants et le coordonnateur SPS (sécurité et protection de la santé) (art. R.4532-6 du Code du travail).
Cette coopération est essentielle, notamment dans le domaine du risque amiante ; certains points du PGC SPS (plan général de coordination de sécurité et de protection de la santé) ou du PGC SPS simplifié doivent être prescrits en collaboration avec la maîtrise d’œuvre (le coordonnateur SPS n’étant pas un « constructeur ») et intégrés dans le calendrier d’exécution ; une coopération entre les intervenants dès les études d’avant-projet sommaire est indispensable.
Le coordonnateur SPS exerce ses missions sous la responsabilité du maître d’ouvrage (art. R.4532-11 du Code du travail).
Le dossier technique amiante
Le maître d’ouvrage demande au propriétaire du bâtiment le dossier technique amiante (DTA) regroupant les informations relatives à la recherche et à l’identification des matériaux concernant l’amiante. Il communique ces documents au coordonnateur SPS et au maître d’œuvre (art. R.4532-7 du Code du travail).
Le DTA :
Le contrôle de l’accès au chantier
Sous la responsabilité du maître d’ouvrage, et en accord avec la maîtrise d’œuvre, le coordonnateur SPS prend les dispositions nécessaires pour que seules les personnes autorisées puissent accéder au chantier (art. R.4532-16 du Code du travail).
Les travaux réalisés dans un établissement par une entreprise extérieure
En présence d’amiante (travaux dangereux), un plan de prévention écrit est établi entre le chef d’établissement de l’entreprise utilisatrice (donneur d’ordre) et les entreprises appelées à intervenir (art. R.4512-7 du Code du travail).
Chaque entreprise extérieure fournit la liste des postes occupés par des travailleurs susceptibles de relever d'un suivi individuel renforcé (art. R.4512-9 du Code du travail), ce qui est le cas en présence du risque amiante.
Pour mémoire, le plan de prévention est également établi, en l’absence de travaux dangereux, lorsque la durée prévisible des travaux est égale au moins à 400 heures sur une période inférieure ou égale à 12 mois, que les travaux soient continus ou discontinus.
Le dossier technique amiante (DTA) regroupant les informations relatives à la recherche et à l’identification des matériaux concernant l’amiante est joint au plan de prévention (art. R.4512-11 du Code du travail).
La réglementation spécifique à l’amiante
Codifiée aux articles R.4412-94 à R.4412-148 du Code du travail, la réglementation spécifique concernant le risque d’exposition à l’amiante s’applique :
Cette réglementation s’inscrit dans la réglementation générale du risque chimique, codifiée aux articles R.4412-1 à R.4412-93 du même code. Le maître d’ouvrage s’assurera que l’ensemble de cette réglementation est bien rappelé dans les différentes pièces écrites des dossiers de marchés.
Les catégories de salariés ne pouvant pas intervenir
Le maître d’ouvrage rappellera ou fera rappeler dans les pièces écrites des marchés, pour des interventions exposant au risque amiante, les interdictions :
La mise en œuvre des principes généraux de prévention doit être effective dès la phase de conception d’une opération. Elle débute par la connaissance précise des caractéristiques de la future opération (terrain, bâtiments existants, etc.) :
Évaluer les risques et définir les moyens de protection
En application du principe général de prévention « Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités », le repérage amiante avant travaux fait partie des obligations du maître d’ouvrage. Un repérage amiante avant travaux dans les immeubles bâtis réalisé selon la norme NF X 46-020 d'août 2017 est présumé conforme aux obligations réglementaires en la matière.
En possession de ce repérage, le maître d’ouvrage (et/ou maître d’ouvrage délégué, programmiste, conducteur d’opération, assistant au maître d’ouvrage, etc.) doit :
Estimer les coûts
Le maître d'ouvrage prévoit la prise en compte du risque amiante dans les premières estimations associées aux études de faisabilité, et dans l’élaboration des délais impartis au calendrier prévisionnel (des travaux, plus particulièrement), incluant notamment :
Correctement estimés dans l’enveloppe financière générale de l’opération, ces différents points sont par la suite décrits dans le CCAP (cahier des clauses administratives particulières), le CCTP (cahier des clauses techniques particulières) de maîtrise d’œuvre, le PGC ou PG simplifié C de coordination SPS, le descriptif, etc., avant l’appel d’offres ou la procédure d’adjudication, et contractualisés par la signature des marchés. L’objectif est une prise en compte complète (technique, préventive, financière et temporelle) du risque amiante par les entreprises, dès l’établissement des dossiers de marchés, permettant :
La mise en œuvre des principes généraux de prévention s’effectue par des mesures générales et particulières concernant le risque amiante sur le chantier.
La mise en place des mesures générales
Les mesures générales sont énoncées par le coordonnateur SPS, dans le plan général de coordination SPS ou le plan général simplifié de coordination SPS.
Elles sont prescrites par le conducteur d’opération, le maître d’œuvre, et mises en place par le coordinateur de chantier et les entreprises :
En opération sans coordination SPS, le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre déterminent les mesures générales ci-dessus concernant le risque amiante (en dehors de la coordination spécifique en matière de sécurité et de santé), qui seront mises en place par les entreprises.
Les mesures spécifiques pouvant être mises en œuvre
Les mesures particulières dépendent de la nature de l’intervention et de la réglementation associée (Code du travail). En cas d’opérations sous coordination SPS, elles seront jointes aux plans particuliers SPS ou PP simplifiés SPS des entreprises.
On trouve :
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