Les opérations de retrait / confinement, comme les travaux de maintenance / entretien, exposent les salariés des entreprises au risque amiante. Pour protéger les opérateurs, l’employeur est soumis à diverses obligations. Elles varient en fonction du type d’intervention : travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant (sous-section 3) ou interventions sur des matériaux, des équipements, des matériels ou des articles susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante (sous-section 4).
Rédigé le 04/09/2023
Dans les opérations de réhabilitation, de rénovation, d’aménagement, de déconstruction ou de démolition, l’encapsulage et le retrait d’amiante sont des travaux spécifiques. L’employeur a l’obligation d’organiser la prévention du risque amiante, pour ses salariés comme pour les autres intervenants, dans l’enceinte de ces travaux spécifiques.
L’amiante est une roche naturelle fibreuse cancérogène de catégorie 1A selon la classification européenne (règlement (CE) n° 1272/2008 dit CLP). L’inhalation de fibres d’amiante peut provoquer des affections des voies respiratoires dont les plus graves sont :
Les niveaux de concentration de fibres d’amiante dans l’air qui entraînent ces affections sont très facilement atteints si aucune précaution n’est prise au cours des travaux. Les affections liées à l’amiante peuvent intervenir plusieurs années après les premières expositions (20 ans à 40 ans et plus).
En outre, le tabac associé à l’amiante multiplie le risque de cancer par 50.
Le risque d’exposition aux fibres d’amiante est maximal dans le cas de travaux (retrait / encapsulage ou interventions) sur des matériaux amiantés faisant appel à des techniques destructives [voir les résultats d’empoussièrement amiante en Meta (microscopie électronique à transmission analytique) disponibles dans la base de données Scolamiante].
Le risque d’exposition aux fibres d’amiante est également très élevé lors de travaux sur des matériaux « fortement liés » à l’origine, mais ayant subi une dégradation liée à leur vieillissement naturel.
Dans tous les cas, le risque d’exposition est omniprésent : chaque fibre d’amiante inhalée est potentiellement très dangereuse pour la santé.
Parce que l’intervention sur un chantier contenant de l’amiante comporte des risques, la loi impose que les travaux de retrait/encapsulage soit réalisés par une entreprise certifiée par un organisme certificateur accrédité.
L’entreprise doit être certifiée pour les travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant.
Il n’existe pas de certification pour les travaux de sous-section 4 : intervention sur des matériaux, des équipements, des matériels ou des articles susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante.
Pour les travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant, les formations sont assurées par des organismes certifiés (arrêté du 23 février 2012). L’employeur ne peut assurer lui-même la formation de ses salariés que pour les interventions sur des matériaux, des équipements, des matériels ou des articles susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante (sous-section 4), formation pouvant également être assurée par les organismes de formation certifiés ou non. Avant la formation, l’employeur présente à l’organisme de formation l’aptitude médicale du travailleur au poste de travail, délivrée par le médecin du travail.
La durée des formations est variable.
L’intervention sur un chantier contenant de l’amiante est soumise à diverses obligations générales pour l’employeur. Elles varient en fonction du type d’opération. Dans tous les cas, vous devez prendre en compte les principes généraux de prévention pour limiter le risque amiante.
Vous devez prendre les mesures assurant la protection des travailleurs (santé physique et mentale) et les mettre en œuvre sur le fondement de neuf principes généraux de prévention :
L’employeur rédige le plan particulier de sécurité et protection de la santé (PPSPS) ou plan particulier simplifié de coordination de sécurité et de protection de la santé (SPS). Le plan de retrait doit être annexé aux plans particuliers SPS. L’employeur prend les dispositions nécessaires pour que ses salariés puissent accéder au chantier, en accord avec la maîtrise d’œuvre et le coordonnateur SPS.
En présence d’amiante (travaux dangereux), un plan de prévention écrit est établi entre le chef d’établissement de l’entreprise utilisatrice (donneur d’ordre) et l’employeur. L’employeur fournit la liste des postes occupés par des travailleurs susceptibles de relever du suivi individuel renforcé (SIR). Le plan de prévention est également établi, en l’absence de travaux dangereux, lorsque la durée prévisible des travaux est égale au moins à 400 heures sur une période inférieure ou égale à 12 mois, que les travaux soient continus ou discontinus.
L’employeur demande au donneur d’ordre, propriétaire ou maître d’ouvrage, les résultats des recherches et repérages de l’amiante et des matériaux contenant de l’amiante selon les articles R4412-97 et suivants du Code du travail, l'arrêté du 16 juillet 2020 et selon la norme recommandée NF X 46020 pour les immeubles bâtis. Ces documents de repérage amiante avant travaux sont joints obligatoirement par le donneur d’ordre aux documents d’appels d’offre et de consultation des entreprises.
L’employeur évalue les risques, établit et diffuse le plan de démolition, de retrait ou de confinement, informe les tiers et met en œuvre les règles de protection adaptées.
L’employeur prend également connaissance du dossier technique amiante (DTA) regroupant les informations relatives à la recherche et à l’identification des matériaux concernant l’amiante selon le Code de la santé publique. Ce dossier lui est communiqué directement par le propriétaire ou le maître d’ouvrage, ou bien est joint aux pièces d’appel d’offres et de marchés.
En fonction du type d’opération, le DTA est joint :
En tant qu’employeur, vous devez respecter la réglementation spécifique concernant le risque d’exposition à l’amiante, codifiée en articles R.4412-94 à R.4412-148 dans le Code du travail, et plus particulièrement :
Cette réglementation s’inscrit dans la réglementation générale du risque chimique, codifiée aux articles R.4412-1 à R.4412-93.
Pour des travaux exposant au risque amiante (sous-section 3 ou 4), vous ne pouvez pas employer :
Qu’il s’agisse de retrait, d’encapsulage d’amiante ou d’articles en contenant ou d’interventions sur des matériaux contenant de l’amiante (travaux de sous-sections 3 et 4), plusieurs obligations vous incombent.
Établir des notices de postes, consulter le médecin du travail, le CSE…
Suite à l’évaluation des risques consignée dans le document unique de l’entreprise, vous devez :
Vous devez consulter le médecin du travail, le CSE (ou à défaut les délégués du personnel) et établir :
Estimer le niveau d’empoussièrement
Pour l’évaluation des risques, vous devez estimer le niveau d’empoussièrement pour chaque processus de travail, selon 3 niveaux :
La valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) est de 10 fibres/litre mesurée en Meta (microscopie électronique à transmission analytique), moyennée sur 8 heures.
Les résultats de l’évaluation des risques doivent être retranscrits dans le document unique d’évaluation des risques (DUER) de l’entreprise, qui doit être tenu à jour.
De la préparation du chantier à la gestion des déchets : vos obligations
En tant qu’employeur, vous devez mettre en place :
Suspension et arrêt des opérations
Si le niveau d’empoussièrement dépasse le niveau estimé dans le DUER et que le respect de la VLEP n’est plus garanti, vous devez suspendre les opérations et mettre en œuvre des mesures remédiant à la situation et procéder à un nouveau contrôle du niveau d’empoussièrement.
Si le niveau d’empoussièrement constaté est supérieur au 3e niveau, vous devez suspendre les opérations, alerter les donneurs d’ordre, Inspection du travail, Cram ou Carsat, et mettre en œuvre les moyens pour réduire le niveau d’empoussièrement.
Pour la protection de l’environnement du chantier, vous devez arrêter les opérations, dans le cas de dépassement du seuil de 5 fibres/litre (article R.1334-29-3 du Code de la santé publique) dans les bâtiments, équipements, installations, structures de l’opération et de son environnement. Vous devez mettre en place les mesures correctrices et préventives pour respecter ce seuil et informer le donneur d’ordre et le préfet du dépassement, des causes et des mesures prises.
Mise en œuvre des moyens de prévention
Pour limiter le risque amiante, vous devez mettre en œuvre des moyens de prévention.
Amiante : des équipements de protection individuelle spécifiques
En cas d’intervention sur un chantier qui comporte un risque amiante, des équipements de protection individuelle doivent être mis en œuvre :
L’examen médical des salariés
Chaque salarié fait l’objet d’un examen médical préalable déterminant son aptitude aux travaux de démolition, de retrait ou d’encapsulage d’amiante, ou aux interventions sur MCA (matériaux contenant de l’amiante).
Cet examen est à la charge de l’employeur. Vous devez :
Le conditionnement des déchets
L’employeur conditionne dans des emballages appropriés, fermés et étiquetés les déchets susceptibles de libérer des fibres d’amiante de manière à ne pas provoquer d’émission de poussières (manutention, transport, entreposage, stockage). Ces déchets sont ramassés au fur et à mesure de leur production.
Lors des travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant (sous-section 3), l’employeur est soumis à diverses obligations.
L’employeur détermine le niveau d’empoussièrement généré par chaque processus de travail, par un programme de mesures en deux phases :
Avant travaux, l’employeur procède au contrôle de l’état initial de l’empoussièrement de l’air en fibres d’amiante (article R.1334-25 du Code de la santé publique).
Vous devez vérifier le respect du seuil de 5 fibres/litre (article R.1334- 29-3 du Code de la santé publique) dans l’environnement du chantier et des locaux adjacents par des mesures d’empoussièrement :
L’employeur établit un plan de démolition, de retrait ou d’encapsulage, spécifique à chaque chantier de sous-section 3, et, en fonction de l’évaluation des risques, il détermine :
En travaux de démolition, l’absence de retrait préalable de l’amiante et des MCA est justifiée si cette opération présente un risque plus important que de la laisser en place (article R 4412-135 du Code du travail).
Le plan de démolition, de retrait ou de confinement d’encapsulage est transmis 1 mois avant le démarrage des travaux à l’inspecteur du travail, aux agents des services de prévention de sécurité sociale et, le cas échéant, à l’OPPBTP. Il doit être communiqué une fois par trimestre au médecin du travail, au CSE ou, à défaut, aux délégués du personnel. Il doit être tenu à disposition sur le chantier.
Tout changement augmentant l’exposition à la poussière d’amiante est signalé à l’inspecteur du travail et aux agents des services de prévention de sécurité sociale.
Sur le chantier, diverses informations peuvent être nécessaires. Vous devez tenir à disposition :
Les installations de décontamination des travailleurs doivent être distinctes de celles des déchets. Elles doivent comporter au minimum trois compartiments et deux douches permettant d’assurer successivement la décontamination et la douche d’hygiène.
En ce qui concerne la protection collective, diverses règles s’appliquent :
En fin de travaux, avant la restitution de la zone et l’enlèvement du dispositif de confinement, vous devez faire procéder :
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