L’habilitation électrique délivrée par l’employeur constitue une reconnaissance par l’employeur de la capacité d’une personne à travailler en sécurité vis-à-vis du risque électrique. Obligatoire depuis le 1er juillet 2011, elle s’appuie essentiellement sur la formation des opérateurs et en constitue l’élément clé. L’électricité est partout sur les chantiers mais reste invisible. Pour améliorer la prévention du risque électrique, la réglementation s’est renforcée en 2010. Tout salarié intervenant sur une installation électrique ou dans son voisinage doit recevoir une habilitation. Cela concerne de nombreux professionnels du bâtiment et des travaux publics. La norme NF C 18-510 de janvier 2012, amendée en février 2020 (amendement A1), est le document servant de base à cette formation, ainsi qu’aux critères de choix des habilitations qui doivent correspondre aux tâches effectuées par les opérateurs.
Rédigé le 20/03/2024
Depuis 1982, la législation sur les risques électriques s’est renforcée et a été élargie à de plus en plus d’entreprises. Si elle ne concernait au départ que les réseaux de distribution, elle s’est étendue ensuite aux entreprises effectuant les installations puis à tous les employeurs, même ceux dont l’électricité n’est pas la spécialité mais qui peuvent être amenés à intervenir sur ou à proximité d’une installation électrique. Entre 300 000 et 400 000 entreprises de bâtiment employant du personnel non électricien, essentiellement des peintres, des plombiers, des menuisiers, des plaquistes et des poseurs divers, sont désormais concernées par l’habilitation électrique.
La prévention du risque électrique relève en grande partie du Code du travail :
Les ouvrages, installations et équipements électriques sont classés en domaines de tension, définis dans le tableau ci-dessous, en fonction des tensions nominales (U) :
Domaines de tension | Courant alternatif | Courant continu |
Très basse tension (TBT) | U ≤ 50 V | U ≤ 120 V |
Basse tension (BT) | 50 V < U ≤ 1 000 V | 120 V < U ≤ 1 500 V |
Haute tension A (HTA) | 1 000 V < U ≤ 50 000 V | 1 500 V < U ≤ 75 000 V |
Haute tension B (HTB) | U > 50 000 V | U > 75 000 V |
Des distances de sécurité sont définies entre un opérateur et une installation ou un ouvrage. Elles sont fonction de la tension nominale d’une pièce nue sous tension. Elles permettent de déterminer les différentes zones dans l’environnement des installations ou ouvrages en champ libre et des installations dans les locaux.
Ces distances déterminent également les distances de sécurité à respecter pour toutes les canalisations électriques visibles ou invisibles dans l’environnement. On distingue quatre types de distances à partir d’une pièce nue sous tension :
Tension | DLVS |
U < 50 000 V | 3 m |
U > 50 000 V | 5 m |
Tension en alternatif | Tension en continu | DLVR |
1 000 V < U ≤ 50 000 V | 1 500 V < U ≤ 75 000 V | 2 m |
50 000 V < U ≤ 250 000 V | 75 000 V < U ≤ 375 000 V | 3 m |
250 000 V < U ≤ 500 000 V | 375 000 V < U ≤ 500 000 V | 4 m |
Différentes zones sont définies ci-dessous :
Zones autour d'un conducteur nu en champ libre en haute tension 20 kV
Zones autour d'un conducteur nu en champ libre en basse tension 380 V.
Différents types de zones.
Autre distance de sécurité
La distance limite d’approche prudente (DLAP) détermine une zone autour d’une canalisation isolée visible.
Canalisation isolée visible.
Elle est fixée à 50 cm de la canalisation. Dans cette zone, tous les travaux doivent être effectués selon les modes opératoires établis durant l’analyse du risque électrique.
Pour les travaux en fouille, consultez L'habilitation électrique BF-HF.
En tant que responsable légal de l’entreprise, l’employeur est responsable des salariés et doit satisfaire aux exigences prévues par le Code du travail. Il a en charge l’organisation du travail. Il doit définir les règles d’entretien des moyens et équipements qu’il fournit et s’assurer qu’elles sont respectées.
Avant d’attribuer une habilitation à une personne placée sous son autorité, l’employeur doit s’assurer de l’adéquation entre les besoins à satisfaire en matière de sécurité électrique, la formation reçue et la capacité de la personne à effectuer les opérations qui lui sont confiées.
Pour cela, l’employeur doit prendre en compte, selon les opérations à effectuer :
Il doit aussi tenir compte des critères suivants concernant la personne à habiliter :
En respectant ces conditions, l’employeur peut attribuer une habilitation à une personne placée sous son autorité après s’être assuré :
L’employeur doit également remettre un recueil de prescriptions de sécurité, contre reçu, à toute personne habilitée.
Un chargé d’exploitation électrique peut être désigné par son employeur qui lui délègue tout ou partie de ses prérogatives en matière d’exploitation des installations ou réseaux électriques. Il a notamment en charge les missions :
Dans ces cas, il désigne les chargés de travaux, de consignation et d’opération, et commandite les travaux électriques dont il est chargé de l’exploitation. Il peut aussi déléguer une partie de ses prérogatives à une entreprise intervenante chargée de réaliser des travaux, ou à un service interne.
Il s’agit d’une personne formée, habilitée et désignée par son employeur pour effectuer la consignation d’une installation ou partie d’installation ou d’ouvrage. Cette consignation permet notamment d’effectuer des travaux hors tension. À la fin des opérations, c’est le chargé de consignation, après échange de documents avec les chargés de travaux ou chargés de chantier, qui effectue la déconsignation. Le chargé de consignation possède l’habilitation BC ou HC.
Le chargé de travaux d’ordre électrique ou non électrique est une personne formée, habilitée et désignée par son employeur. Il est responsable des travaux qui lui sont confiés ainsi que de la mise en place des dispositions destinées à assurer la sécurité de l’ensemble de son équipe et de la sienne. Le chargé de travaux possède l’habilitation B2 ou H2.
Le chargé d’intervention élémentaire est une personne formée, habilitée et désignée par son employeur. Il est responsable des interventions élémentaires qui lui sont confiées ainsi que de la mise en place des dispositions destinées à assurer sa propre sécurité.
Le chargé d’intervention n’a aucune personne sous sa responsabilité dans le cadre de son intervention élémentaire.
C’est un non-électricien autorisé à effectuer les interventions élémentaires suivantes :
Toutes ces interventions sont limitées par les caractéristiques physiques des circuits sur lesquels elles sont autorisées. Elles sont réservées à des circuits terminaux répondant aux caractéristiques suivantes :
Toute opération qui ne répond pas à ces critères n’est pas une intervention BT élémentaire. Le chargé d’intervention élémentaire est habilité BS.
C’est une personne formée, habilitée et désignée par son employeur. Le chargé d’intervention générale est responsable des interventions qui lui sont confiées ainsi que de la mise en place des dispositions destinées à assurer sa propre sécurité. Il peut travailler, le cas échéant, avec un exécutant.
Le chargé d’intervention générale doit posséder une expérience pratique des travaux électriques hors tension (pratique professionnelle, lecture de schémas électriques…). Ces interventions, uniquement réalisées en basse tension, comprennent principalement des opérations :
Le chargé d’intervention générale est habilité BR : il s’agit d’un électricien confirmé.
L’exécutant est une personne désignée par son employeur. Il peut être selon les cas formé non habilité, formé et habilité, électricien ou non-électricien. Il n’est jamais seul et intervient toujours sous la responsabilité d’un chargé de travaux ou d’un chargé de chantier.
L’exécutant doit assurer sa propre sécurité. Lorsqu'il est habilité, il possède l’habilitation B0 ou H0 lorsqu’il réalise de travaux d’ordre non électrique, l’habilitation B1 ou H1 lorsqu’il réalise des travaux d’ordre électrique et BF-HF lorsqu’il réalise certaines opérations dans la zone d’approche prudente sur canalisation électrique enterrée sous tension après son dégagement.
Le chargé de chantier est une personne formée, désignée par son employeur. Il est responsable des travaux non électriques qui lui sont confiés ainsi que de la mise en place des dispositions destinées à assurer la sécurité de son équipe et de la sienne. Il fait respecter les distances de sécurité; à cet effet, il peut désigner un ou plusieurs surveillants de sécurité de limite. Selon les cas, il peut être habilité ou non habilité.
Pour les travaux en fouilles, le chargé de chantier habilité BF-HF peut réaliser ou faire réaliser un travail d’ordre non électrique dans la zone d’incertitude ou dans la zone d’approche prudente, une fois que la canalisation électrique a été dégagée.
Le chargé de chantier reçoit les documents des exploitants, dont le certificat pour tiers ou l’autorisation de travail. Il s’assure du balisage de la zone de travail et s’assure que les protections sont prévues et en place. Il organise et contrôle la surveillance des personnes placées sous son autorité. Il surveille les activités nécessitant d’entrer en contact avec les canalisations ou ses accessoires.
Le chargé de chantier est généralement un professionnel du BTP non électricien.
Il fait appliquer les instructions de sécurité, y compris en cas d’accident d’origine électrique. Il doit se consacrer uniquement à cette fonction lorsque celle-ci lui est assignée. Il a autorité sur les personnes qu’il surveille. Le surveillant de sécurité électrique doit être placé sous l’autorité d’un chargé de travaux (B2 et/ou H2) ou d’un chargé de chantier (B0 et/ou H0 ou BF-HF).
On distingue deux types de surveillants de sécurité électrique :
Le surveillant de sécurité électrique d’opération et d’accompagnement
Il a pour rôle de surveiller une ou plusieurs personnes se trouvant dans le voisinage ou dans un local d’accès réservé aux électriciens. Le surveillant de sécurité électrique d’opération et d’accompagnement est habilité 0, 1, 2 ou habilité BR, selon les limites de tension, le type d’ouvrage ou d’installation et la nature des opérations.
Le surveillant de sécurité électrique de limite :
Il doit s’assurer que le personnel et les engins ou outils qu’il surveille ne dépassent pas les limites fixées pour prévenir le risque électrique. Ces limites ont été définies lors de la préparation du travail ou par l’instruction de sécurité. L’habilitation du surveillant de sécurité électrique de limite est adaptée à la tâche qui lui est confiée. S’il opère dans la zone 1 ou dans la zone 2, il doit être habilité. S’il opère dans la zone 0, l’habilitation n’est pas nécessaire.
D’une manière générale, la réglementation vous impose de former vos salariés aux risques électriques rencontrés dans l’exercice de leur mission. Selon les cas, deux formations sont possibles :
Cette formation doit permettre au salarié de comprendre les risques liés à l’électricité et de s’en protéger de manière sûre.
Il est donc formé aux prescriptions de prévention du risque électrique, notamment :
Cette formation peut être délivrée par une personne maîtrisant la réglementation dans ce domaine et bénéficiant de solides bases en électricité.
Il n’existe aucun agrément ni certification pour cette formation qui reste sous la responsabilité de l’employeur.
Dans l’objectif d’acquérir la compétence nécessaire afin d’exercer son activité en toute sécurité dans un environnement où le risque électrique est présent, le salarié devra suivre une formation théorique et pratique. à l’issue de cette formation, vous pourrez lui délivrer, après avis écrit du formateur, une habilitation en adéquation avec les tâches qui lui seront confiées.
Cette formation théorique et pratique est basée sur les règles édictées par la NF C18-510 et les principes généraux de prévention.
Vous pouvez la dispenser vous-même ou la confier à un organisme extérieur compétent dans ce domaine selon les principes inscrits dans la NF C18-510. Il n’existe aucun agrément ni certification obligatoire pour cette formation à l’habilitation.
Seule la procédure d’habilitation aux travaux sous tension nécessite, depuis le 1er janvier 2018, une formation dans un organisme agréé par le ministère du Travail : l'Organisme travaux sous tension sur les risques électriques.
Avant d’attribuer une habilitation à l’un de vos opérateurs, assurez-vous de l’adéquation entre les besoins à satisfaire en matière de sécurité électrique, la formation reçue et la capacité de la personne à effectuer les opérations qui lui sont confiées.
Vous devez prendre en compte :
Vous pouvez vous baser sur les critères suivants :
En respectant ces conditions, vous pouvez attribuer une habilitation mais soyez sûr :
Vous devrez remettre un recueil de prescriptions de sécurité, contre reçu, à toute personne habilitée.
L’habilitation est la reconnaissance, par l’employeur, de la capacité d’une personne placée sous son autorité à accomplir, en sécurité vis-à-vis du risque électrique, les tâches qui lui sont confiées.
L’habilitation n’est pas directement liée à la qualification professionnelle. Elle est matérialisée par un titre d’habilitation individuel que son titulaire doit avoir en permanence avec lui durant ses activités professionnelles.
La norme NF C18-510 définit les différents symboles de l’habilitation électrique. Cette codification formée de chiffres et de lettres est fonction :
Le choix d’une habilitation sera réalisé en tenant compte de l’activité confiée au travailleur et de l’environnement électrique.
Récapitulatif des éléments des symboles
Symboles d'habilitation pour les opérations d'ordre non électrique autour de pièces nues
Symboles d'habilitation utilisés pour les autres opérations d'ordre électrique
Le personnel de travail temporaire
Il vous appartient en tant qu’employeur de l’entreprise qui fait appel à du personnel temporaire de l’habiliter en fonction du risque électrique encouru, après avoir évalué les compétences de ce personnel et, éventuellement, complété sa formation.
Travailleur indépendant ou employeur participant eux-mêmes à une opération
Comme pour les salariés, vous devrez apporter la preuve de votre formation et connaissance du risque électrique.
Stagiaire, apprenti
Les mineurs (moins de 18 ans) ne possédant pas de diplôme professionnel dans le domaine de l’électricité ne peuvent pas être habilités. Les stagiaires, apprentis majeurs sont soumis aux mêmes règles que les autres salariés.
Les mineurs en possession d’un titre professionnel dans le domaine de l’électricité bénéficient désormais d’une dérogation permanente leur permettant d’être habilités.
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