Chaque année en France, plus de 16 000 réseaux souterrains ou aériens sont endommagés à l’occasion de travaux à proximité de ceux-ci. Afin d’améliorer la sécurité lors de travaux à proximité des réseaux, les pouvoirs publics ont profondément modifié la réglementation applicable aux trois principaux acteurs directement concernés (exploitants, maîtres d’ouvrage et entreprises). L’occasion également de réduire des blessures graves subies par les travailleurs ou les riverains, des atteintes à l’environnement, des dégâts matériels ainsi que des interruptions de service préjudiciables. Synthèse des obligations entrées en vigueur en juillet 2012
Rédigé le 22/06/2020
L’exécutant des travaux (entreprise ou particulier) a l’obligation de prendre en compte la présence des réseaux aériens, souterrains et subaquatiques de transport ou de distribution dès l’analyse du dossier de consultation des entreprises. Il est tenu de mettre en œuvre, lors de la préparation du chantier ainsi que de sa réalisation, des mesures techniques et organisationnelles précises afin que le chantier se déroule en toute sécurité.
En cas de non-respect de certaines de ses obligations, l’entreprise encourt une amende administrative pouvant atteindre 1 500 €, doublée en cas de récidive.
Quels ouvrages sont concernés par la règlementation ?
Sont concernés :
Comprendre les classes de réseaux
Les plans des exploitants font mention d’une classification de leurs tronçons de réseaux selon la précision de leur localisation :
Les travaux exemptés de la réglementation
Certains travaux sont exemptés de l’application de ces dispositions réglementaires :
A quoi sert l’analyse du dossier de consultation des entreprises (DCE) ?
Cette analyse permet à l’entreprise de faire une offre de prix pertinente et adaptée en prenant en compte à la fois des critères techniques et économiques.
Que doit comporter le DCE ?
En plus des documents habituels, le DCE doit inclure :
Si certains documents mentionnés ci-dessus ne figurent pas dans le DCE, l’entreprise devra les exiger de la part du maître d’ouvrage avant de chiffrer son projet.
Qu’est-ce que le téléservice du guichet unique ?
Le téléservice du guichet unique est géré par l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques). Il regroupe les coordonnées des exploitants de tous les réseaux situés en France et les cartographies sommaires de ces réseaux. Ce service est gratuit et ouvert 7 j/7 et 24 heures/24.
La consultation du guichet unique : une démarche obligatoire
Depuis le 1er juillet 2012, que l’exécutant des travaux soit titulaire ou sous-traitant, que les travaux soient situés sur le domaine public ou sur un terrain privé, la consultation du guichet unique sur le site www.reseaux-et-canalisations.ineris.fr est une étape préalable obligatoire.
Elle peut se faire, soit directement par l’exécutant, soit par l’intermédiaire d’un prestataire conventionné avec l’Ineris et rémunéré par l’exécutant.
Le guichet unique propose en téléchargement :
Quand adresser la déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT) ?
Le formulaire DICT doit être adressé avant le début des travaux, accompagné du plan d’emprise de la zone de travaux à chacun des exploitants de réseaux concernés, en tenant compte des délais de réponse des exploitants. Les informations portées par le maître d’ouvrage dans sa DT doivent être reportées sur le volet DT de la DICT de l’entreprise. L’envoi peut se faire par voie dématérialisée (messagerie ou plate-forme internet des exploitants quand elles existent). Il peut également se faire par courrier.
DT/DICT : quand une déclaration commune peut-elle être réalisée ?
Si l’exécutant des travaux est également le maître d’ouvrage et dans le cas d’opérations unitaires dont l’emprise géographique est très limitée et la durée de réalisation très courte, une déclaration commune DT/DICT peut être réalisée, sous réserve de respecter les règles relatives aux investigations complémentaires.
Que contiennent les réponses des exploitants de réseaux ?
Les réponses des exploitants sont faites au moyen du formulaire de récépissé de DICT dans lequel sont fournis les plans des ouvrages, la catégorie des réseaux et les classes de précision des différents tronçons.
Dans le cas d’ouvrages électriques aériens, l’exploitant n’a pas obligation d’adresser à l’entreprise, les plans de ses ouvrages sauf si celle-ci en a fait la demande dans la DICT afin de définir notamment les distances d’approche minimales du réseau (3 m si U inférieur ou égal à 50 000 V et 5 m si U supérieur à 50 000 V).
Les délais de réponse des exploitants de réseaux
Les exploitants de réseaux disposent d’un délai de réponse de 9 jours (jours fériés non compris) après la date de réception de la DICT. Dans le cas d’une déclaration commune DT/ DICT non dématérialisée, ce délai est porté à 15 jours.
Que faire en cas d’absence de réponse d’un exploitant de réseaux ?
Lorsqu’un exploitant de réseau ne répond pas dans les temps, l’entreprise de travaux renouvelle sa DICT par lettre recommandée avec accusé de réception. L’exploitant dispose alors d’un délai de 2 jours ouvrés à réception de la lettre de relance pour répondre.
Si l’exploitant ne répond toujours pas après ce délai et que son réseau n’est pas sensible pour la sécurité, les travaux pourront commencer.
Si son réseau est sensible pour la sécurité, il appartient à l’entreprise d’alerter le maître d’ouvrage pour qu’il décale d’autant la date de démarrage des travaux.
Suspension du chantier et précautions spécifiques à mettre en œuvre en cas d’absence de réponse de l’exploitant
Un constat contradictoire sera établi entre le maître d’ouvrage et l’entreprise pour confirmer l’arrêt ou la suspension du chantier et les conséquences financières qui en résultent. Les exploitants mentionnent également les précautions spécifiques à prendre selon les techniques de travaux prévues et selon la nature, les caractéristiques et la configuration de leurs ouvrages. Ils peuvent indiquer les prescriptions du guide technique élaboré par les professions concernées à appliquer lors des travaux. Ils peuvent également préciser les dispositifs importants pour la sécurité qui sont situés dans la zone des travaux (position des organes de coupure…).
Dans le cas de travaux à proximité de lignes électriques, il mentionne, si la distance d’approche a été précisée dans la DICT et dans le cas où les travaux sont prévus en deçà des distances de sécurité indiquées dans le Code du travail, la possibilité ou l’impossibilité de mise hors tension et précise les mesures de sécurité à prévoir.
Dans un délai maximal de 9 jours (15 jours si DT/DICT commune et non dématérialisée) et à leur initiative, les exploitants peuvent proposer un rendez-vous sur le lieu du projet pour localiser précisément et sous leur responsabilité leurs ouvrages. Ce rendez-vous sur site est obligatoire pour les ouvrages présentant des enjeux importants en matière de sécurité, sauf s’il a déjà été appliqué en réponse à la DT.
Si, dans les 3 mois à compter de la consultation du téléservice, les travaux n’ont pas débuté ou s’il y a une interruption de travaux de plus de 3 mois, l’entreprise doit renouveler ses DICT. Il en est de même si la durée des travaux à proximité des réseaux sensibles est supérieure à 6 mois sans que des réunions périodiques avec les exploitants de réseaux n’aient été planifiées dès le début du chantier.
Formation des intervenants à la prévention des risques d’endommagement des réseaux : qui est concerné ?
Depuis le 1er janvier 2018, certains intervenants doivent être titulaires d’une attestation de compétence consécutive à une formation (à renouveler tous les 5 ans). Il s’agit des :
Que faire en cas de découverte fortuite de réseaux souterrains en service ?
Si des ouvrages en service non recensés initialement ou positionnés de façon notablement différente par rapport aux plans sont découverts après la commande ou après la signature du marché de travaux, l’exécutant peut arrêter son chantier sans que cela n’engendre de préjudice pour lui.
Dans ce cas, le maître d’ouvrage sursoit aux travaux par ordre de service d’arrêt de travaux et réalise avec l’entreprise un constat contradictoire. Le maître d’ouvrage définit les mesures à prendre et peut faire procéder à la réalisation d’investigations complémentaires pouvant être à la charge de l’exploitant des ouvrages identifiés. Il définit ensuite par écrit les conditions de reprise du chantier. Les actions complémentaires non prévues dans le marché de travaux initial feront l’objet d’un avenant à la charge du maître d’ouvrage.
La marche à suivre en cas de travaux urgents
Les travaux urgents sont les travaux non prévus et justifiés par la sécurité, la continuité du service public, la sauvegarde des personnes ou des biens ou la force majeure.
Le maître d’ouvrage qui ordonne les travaux urgents est dispensé de DT et l’entreprise de travaux est dispensée de DICT à condition que les personnes effectuant les travaux urgents disposent toutes de leur autorisation d’intervention en cours de validité.
Néanmoins, le maître d’ouvrage doit obligatoirement consulter le guichet unique pour savoir s’il y a des réseaux sensibles à proximité de la zone de travaux. Si tel est le cas, il ne peut faire engager les travaux qu’après avoir contacté les exploitants de ces réseaux en les invitant à venir sur place ou à lui répondre dans des délais compatibles avec la situation d’urgence, pour obtenir de leur part les consignes de sécurité. Il doit ensuite communiquer ces consignes à l’entreprise exécutant les travaux. L’entreprise ne devra pas subir de préjudice en cas d’immobilisation du chantier résultant d’un manque d’informations du maître d’ouvrage relative aux réseaux.
Dans tous les cas, que les réseaux soient sensibles ou non, le commanditaire des travaux doit envoyer dans les meilleurs délais un avis de travaux urgents (Cerfa n° 14523*03) à leurs exploitants ; cet avis peut être postérieur aux travaux.
Que faire en cas d’endommagement de réseaux ?
Si un réseau a été endommagé même de façon superficielle, l’entreprise avertit l’exploitant dans les plus brefs délais. Un constat contradictoire (Cerfa n° 14766*02) disponible sur le guichet unique est établi entre l’exploitant du réseau et l’entreprise.
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