Au cours de leurs activités, les artisans et compagnons du BTP sont amenés à réaliser des travaux en hauteur. Afin de sécuriser ces interventions, des protections collectives doivent être privilégiées pour prévenir tout risque de chute. La mise en œuvre des équipements de travail en hauteur sur les chantiers doit être précédée d'une information et d'une formation des opérateurs. Explications.
Rédigé le 10/12/2024
Du couvreur au peintre en passant par l’électricien ou le maçon, la chute de hauteur concerne de nombreux professionnels du BTP. C’est un risque particulièrement important responsable de la plupart des accidents du travail mortels dans la profession.
Pour limiter ce risque, il faut dans la mesure du possible chercher des alternatives aux travaux en hauteur. Des éléments d’une charpente peuvent par exemple être facilement assemblés au sol.
Il faut distinguer le risque en situation de circulation sur le chantier, la vigilance de l’opérateur pouvant être mobilisée, et la situation de travail même de courte durée sur laquelle l’opérateur est concentré.
Lorsque l’intervention en hauteur est nécessaire, le risque doit être évalué en fonction de divers critères : la durée du travail en hauteur, le nombre d’interventions en hauteur nécessaires et la gravité potentielle de la chute au regard de la hauteur et du sens de la chute. Dans tous les cas, un dispositif de protection devra être mis en œuvre.
Un peintre accède à l'encadrement d'une fenêtre à l'aide d'une PIRL.
Pour limiter efficacement le risque de chute de hauteur, les mesures de protection collective doivent être privilégiées. Il s’agit de mettre en œuvre des moyens pour empêcher la chute lorsque des compagnons sont amenés à travailler en hauteur.
La réglementation apporte une précision claire concernant les plans de travail, sur lesquels les opérateurs peuvent évoluer (planchers hauts, toitures, terrasses…). Le poste de travail doit permettre « l’exécution des travaux dans des conditions ergonomiques », précise le Code du travail. Les plans de travail sur lesquels interviennent les artisans et les compagnons doivent être équipés d’une protection collective : garde-corps de 1 à 1,10 mètre, rigides, intégrés ou fixés de manière sûre, plinthe de butée de 10 à 15 cm, main courante…
Lorsque les travaux en hauteur ne peuvent pas être réalisés directement depuis un plan de travail horizontal et empêchant la chute, d’autres équipements de protection collective peuvent être utilisés : échafaudage, plate-forme individuelle roulante, plate-forme élévatrice mobile de personnes, etc.
Lorsqu’un moyen de protection collective empêchant la chute de hauteur ne peut pas être mis en place, la réglementation prévoit la possibilité d’installer un dispositif de protection collective de type surface de recueil souple pour recueillir un opérateur qui tomberait. Il doit être positionné au maximum 3 mètres en contrebas du plan de travail.
Si la mise en place d’un tel dispositif n’est pas techniquement possible, un système d’arrêt de chute individuel doit être installé. « Lorsqu’il est fait usage d’un tel équipement de protection individuelle, un travailleur ne doit jamais rester seul afin de pouvoir être secouru dans un délai compatible avec la préservation de sa santé », précise le Code du travail.
En pratique, la prévention du risque du syndrome du harnais impose qu’un kit de secours soit présent à proximité des opérateurs et que l’ensemble de l’équipe soit formé à son utilisation.
Il est possible de recourir à des techniques d’accès et de positionnement au moyen de cordes pour des travaux temporaires en hauteur « en cas d’impossibilité technique de recourir à un équipement assurant la protection collective des travailleurs ou lorsque l’évaluation du risque établit que l’installation ou la mise en œuvre d’un tel équipement est susceptible d’exposer des travailleurs à un risque supérieur à celui résultant de l’utilisation des techniques d’accès ou de positionnement au moyen de cordes », prévoit le Code du travail.
Une note de La DGT et de l’OPPBTP rappelle que le recours à cette technique doit se faire tout d’abord après évaluation des risques par le donneur d’ordre. Puis l’entreprise réalise une analyse préalable comparée selon les différentes configurations du chantier. La note rappelle également le recours à des entreprises certifiées dans l’activité Bâtiment. Enfin, les compétences des cordistes devront être validées et entretenues suivant des modalités précisées.
Les matériaux, les matériels et les méthodes de travail évoluent constamment. La priorité doit être donnée à ceux qui intègrent le mieux la prévention du risque de chute de hauteur. En ce qui concerne les matériels, l’utilisation d’échelles, escabeaux et marchepieds comme poste de travail est désormais proscrite au profit d’équipements de travail assurant une protection collective des opérateurs. « Toutefois, ces équipements peuvent être utilisés en cas d’impossibilité technique de recourir à un équipement assurant la protection collective des travailleurs ou lorsque l’évaluation du risque a établi que ce risque est faible et qu’il s’agit de travaux de courte durée ne présentant pas un caractère répétitif », rappelle le Code du travail.
En ce qui concerne les échafaudages de pied ou roulants, privilégiez les échafaudages à montage et démontage en sécurité plutôt que les échafaudages traditionnels où la pose des garde-corps se fait après la pose des planchers.
Tout employeur a l’obligation d’informer son personnel sur les risques professionnels auxquels il est soumis, les mesures de prévention prises pour y remédier, et d’organiser une formation pratique et appropriée à la sécurité (articles L.4141-1 à L.4141-4 du Code du travail). Cette formation comprend une partie générale permettant aux travailleurs de maîtriser leur environnement de travail et une partie spécifique orientée vers les risques particuliers du poste de travail.
Ce travail doit être réalisé par des opérateurs aptes médicalement même s’il n’existe pas de certificat d’aptitude au travail en hauteur reconnu et obligatoire. Cette aptitude est prononcée par le médecin du travail de l’entreprise dans le cadre de la surveillance médicale réglementaire. Cette décision se fonde sur les risques auxquels est exposé l'opérateur (port de charges, intempéries, efforts de montée…) et sur son état de santé.
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