Conduite en sécurité des grues à tour interférentes
En cas d'interférence entre plusieurs grues à tour sur un chantier, le plan de manutention définit les moyens à mettre en œuvre pour prévenir les collisions et garantir la sécurité dans de bonnes conditions de travail entre tous les corps de métier. Découvrez les consignes de sécurité à respecter pour la gestion des zones d'interférence ou interdites, et les systèmes de sécurité associés pour l'aide à la conduite des grues à tour.
Date de mise à jour : 17 sept. 2020
Gestion des limites de zone d’évolution des grues à tour
Si l'interférence entre plusieurs grues est inévitable dans certaines zones du chantier où celles-ci se recouvrent, le plan de manutention évalue les risques de collision et définit les règles de priorité entre appareils, afin d'empêcher toute possibilité d'interaction entre leurs parties mobiles (flèche, câble, contreflèche., mât..) .
En fonction de l’intensité du programme de manutention prévu dans une zone d’interférence, l'accès à une ou plusieurs grues est décidé.
Le boîtier de visualisation en cabine indique au grutier toutes les informations nécessaires à la conduite – position de la flèche en orientation, angle, translation (grue sur rail), hauteur du crochet... ; en particulier, il signale la vitesse et la position à l’approche de la limite de la zone d’évolution.
Avec l’avènement des systèmes anticollision, les informations des organes de sécurité permettent de ralentir ou de couper les mouvements dangereux : système de contrôle des interférences, capteurs de position, de vitesse, contrôle d’état de charge, de moment... Se reporter à la notice d'instructions du fabricant.
Ces dispositions pour gérer les zones d'interférence sont également valables pour limiter le survol de zones interdites tels que les écoles ou les lieux publics et des obstacles potentiels tels que lignes électriques ou voies ferroviaires par exemple.
Dispositifs de sécurité utilisables dans les zones d’interférence
Cas n° 1 - Une seule grue désignée pour l'accès à la zone d’interférence
Accès limité à un seul crochet / accès nterdit aux crochets des grues avoisinantes.
Systèmes de sécurité associés : arrêt automatique à l’entrée de la zone interdite, système de ralentissement d'orientation à l’approche d'une zone interdite.
Cas n° 2 - Accès alternatif ou séquentiel à la zone d’interférence
Plusieurs grues desservent alternativement la zone d’interférence / un seul crochet à la fois dans cette zone.
Systèmes de sécurité : limiteur de course à fonctionnement interactif, système de ralentissement d'orientation à l’approche d'une zone interdite.
Cas n° 3 - Poursuite sous contrôle de l'activité dans la zone d’interférence
Plusieurs crochets peuvent pénétrer dans la zone d’interférence, mais leurs mouvements sont contrôlés en permanence (trajectoire, sens et vitesse) pour empêcher tout risque de collision.
Systèmes de sécurité : réseau de liaison inter-grues permettant l'échange, en temps réel, d'informations nécessaires au calcul des interférences (position du crochet et de la grue, indications de défauts éventuels), système de ralentissement des mouvements de rotation avant la coupure, dispositif de freinage.
Le bon fonctionnement de ce dispositif est lié aux consignes d'utilisation de ces systèmes par le constructeur et aux conditions d’exploitation du chantier. À noter que la mise en girouette de la grue (dans le sens du vent) doit toujours rester possible pour éviter tout risque de renversement.
Vérification de l’installation
Le chef d'établissement fait établir un rapport de vérification, pour chaque grue, par des techniciens qualifiés et spécialisés. Celui-ci doit prouver la fiabilité du système en tenant compte des caractéristiques des mouvements des grues à tour installées. Pour ce faire, des essais sont effectués en charge pour vérifier les réactions des automatismes à l’approche des éléments de grue.
L'examen d'adéquation de la grue à tour permet de vérifier qu'elle est appropriée aux contraintes du chantier. En particulier, cet examen prévoira un dispositif anticollision apte à gérer les interférences entre grues, les zones interdites et autres zones critiques d'interférence du chantier.
Conduite et maintenance des appareils
L’examen du bon fonctionnement du dispositif, à la charge du grutier, est réalisé à chaque mise en route du chantier.
Des opérations de contrôle et d’entretien du dispositif suivent un document établi par le service matériel de l’entreprise. Il utilise les indications du dispositif anticollision : voyant pré-alarme et alarme ainsi qu'indication du mouvement "dangereux", système automatique de freinage par ralentissement.
En concertation avec le chef de manœuvre, le grutier peut modifier la trajectoire du crochet pour éviter l'obstacle ou respecter la zone interdite. Communication radio conseillée (interphone, talkie-walkie...).
En cas de défaillance du dispositif : les mouvements de la grue s’interrompent et une signalisation de défaut à destination du chantier apparaît (gyrophare d'alerte, etc.). Le chef de manœuvre entreprend les démarches nécessaires à la remise en service, sous la responsabilité du chef de chantier.
Carnet de maintenance
Le grutier réalise et note la vérification régulière des systèmes de sécurité : prise d’informations des capteurs (capteurs d'orientation, de distribution, d'angle de flèche, de translation, etc.) et déclenchement en limite de zone autorisée. Lui indiquer la procédure à utiliser et les instructions du fabricant des dispositifs.
Le grutier signale à son responsable toute défaillance constatée lors de la vérification du dispositif.
L’état de conservation et le fonctionnement des dispositifs anticollision sont examinés lors de la vérification générale périodique. Pour ce faire consulter l'article "Appareils et accessoires de levage : l'essentiel sur les vérifications obligatoires".
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche prévention "Travaux à l'aide de grues à tour interférentes - Préparation du chantier"
Réglementation
Pour mémoire, lorsque deux ou plusieurs équipements servant au levage de charges non guidées sont installés ou montés sur un lieu de travail de telle sorte que leurs champs d'action se recouvrent, des mesures doivent être prises pour éviter les collisions entre les charges ou avec des éléments des équipements de travail eux-mêmes (article R4323-38 du Code du travail).