Dernière mise à jour le : 21/03/2024
Les ponts en béton utilisaient déjà les procédés du béton armé avant la guerre de 14-18 en raison de leurs faibles coûts. Après la seconde guerre mondiale, l’invention du béton précontraint a contribué au développement rapide des ponts sur les voies de communication récentes (routes, autoroute, rail.). Aujourd’hui, ces ouvrages nécessitent des travaux d'entretien et de réparation, ce qui génère des risques d’accidents, en particulier, les chutes de hauteur.
Après la guerre de 1914-1918, le béton armé a permis de fabriquer des éléments de ponts tels que les poutres. Mais l’usage de béton armé présentait alors l’inconvénient du coût des armatures à une époque où l’on ne disposait que de ronds lisses peu performants.
Quelques ingénieurs tels qu’Eugène Freyssinet ont construit des arcs en béton non armé qui présentaient l’avantage d’être peu coûteux. En effet, l’armature d’un arc entièrement comprimé n’est pas nécessaire, car c’est le béton qui supporte seul l’effort de compression. Citons le célèbre pont Albert Loupe et également le pont de Villeneuve-sur-Lot.
Photo 1 Pont Albert Loupe à Plougastel entièrement en béton armé : arcs, pilettes et le tablier (Eugene Freyssinet octobre 1930, portée 173 mètres)
Photo 2 Pont de Villeneuve sur-Lot. Un arc en béton armé supporte d’élégantes arches également en béton revêtues de briques (Eugene Freyssinet 1923, portée 100 mètres)
Dès l’apparition de la précontrainte, il a été possible de concevoir des tabliers de ponts grâce à la juxtaposition de poutres en I de grande inertie permettant de franchir de grandes portées (jusqu’à 60 mètres) au moindre coût.
Du fait de leur poids important, les poutres étaient préfabriquées et précontraintes sur le chantier au pied de l’ouvrage, puis hissées (parfois à de grandes hauteurs) et ripées à leur emplacement définitif.
Ce type d’ouvrages constituent souvent les travées d’accès de grands ponts suspendus (pont d’Aquitaine, pont de Saint-Nazaire etc.). Aujourd’hui ces poutres fabriquées sur chantier présentent parfois des faiblesses (insuffisance de la précontrainte résiduelle, corrosion des câbles, défauts d’injection, rupture de câbles, etc..) et il faut souvent les réparer ou les renforcer.
Photo 3 Vue des poutres VIPP sur le viaduc de Chasse-sur-Loire A7 (entreprise Freyssinet)
Les poutres précontraintes constitutives des ponts peuvent également être préfabriquées en usine. Il s’agit alors de précontrainte à fils adhérents. Ces ponts sont de conception plus récente, et ici c’est la recherche du moindre coût qui guide leur choix. Du fait du coût de transport et de manutention des poutres, on limite généralement la portée à moins de 30 mètres.
Ces ponts ont remplacé progressivement les ponts à dalle précontrainte des passages supérieurs dans les derniers programmes autoroutiers (par exemple l’autoroute A65 Bordeaux Pau). Ces ponts ont été également largement utilisés dans les programmes de LGV toujours pour les passages supérieurs de raccordement des routes coupées par la ligne LGV.
Photo 4 Construction d’un pont à poutres préfabriquées PRAD : Vinci-Autoroutes-échangeur-Agen-Ouest-pose-poutres (crédit-Perivision)
Les ponts dalles ont été très utilisés dans les programmes autoroutiers des années 80. Le tablier est constitué par une dalle en béton coulée sur cintre posée sur un étaiement. Des gaines sont incorporées au béton et reçoivent des câbles de précontrainte mis en tension lorsque le béton a atteint une résistance suffisante.
Photo 4 bis Illustration pont coulé sur cintre (Magazine PréventionBTP n° 142)
Les sections de tabliers tubulaires dont les tronçons préfabriqués ou coulés en place s’appellent voussoirs sont préférées pour les grandes portées. En effet, ce type de section est très performant vis-à-vis de la flexion. D’autre part, la méthode de construction par encorbellements successifs autour de la pile permet de franchir des portées de plus de 100 mètres entre appuis.
Photo 5 Pont à voussoirs de la Dordogne en construction (entreprise Dodin Campenon LGV Tours Bordeaux)
On peut être conduit à démolir tout ou partie du pont, en supprimant par exemple un appui intermédiaire pour dégager de l’espace, même s’il faut pour cela changer le tablier car on allonge la portée. Il s’agit de travaux très importants qui sont souvent à réaliser sans interrompre la circulation.
Sur le chantier de Chatenay-Malabry, l’ancien pont en béton armé avec pile centrale a été entièrement démoli pour être remplacé par un pont sur deux appuis (culées) constitué de poutres en béton précontraint (PRAD) fabriquées en usine.
Les travaux ont été réalisés sous la contrainte du trafic ferroviaire et routier. Les travaux pouvant interférer avec la LGV Atlantique ont eu lieu la nuit pendant des heures d’interruption du trafic. Les travaux ont été réalisés par demi-tablier.
Photo 6 Des carottages ont été réalisés pour passer les élingues en cravate, les éléments du tablier ont été sciés et évacués de nuit à l’aide d’une grue mobile. Ici, évacuation d’un morceau de caniveau technique (Pont de Chatenay Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Après la découpe et le retrait des éléments de tablier adjacents, sur le pont de Chatenay-Malabry, un ensemble constitué d’un tronçon de tablier et des deux poteaux correspondants est élingué et maintenu le temps de sciage de la base des piles. Il est ensuite évacué par levage à l’aide de la grue mobile.
Photo 7 Les piles constituant les appuis de part et d’autre du tablier doivent également être démolies lors d’une intervention de nuit. (Pont de Chatenay-Malabry, bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Photo 8 Des protections pour les catenaires (risque électrique) et les voies (protection contre les chocs pouvant abimer la voie) sont mises en place le temps des travaux de nuit nécessitant une interruption du trafic de la LGV Atlantique. (Pont de Chatenay-Malabry, bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
La vue du chantier sur le pont de Chatenay-Malabry aurait pu distraire les automobilistes et provoquer des accidents. Il a donc été décidé de réaliser une clôture par un séparateur GBA surmonté d’une palissade opaque.
Photo 9 Afin de maintenir le trafic sur l’avenue de la division Leclerc, les travaux sont effectués par demi-tablier en supprimant un sens de circulation (Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Des fondations constituées de micropieux métalliques ont été réalisées afin de fonder la nouvelle culée du pont de Chatenay-Malabry. Une instrumentation de la voie a permis de surveiller les effets du forage des micropieux sur la voie SNCF
Photo 10 Une fois le demi-tablier démoli, on a accès aux anciennes culées qui sont également démolies. (Pont de Chatenay-Malabry, Franc Badaire pour IDF mobilités Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Des appareils d’appui néoprène sont installés pour assurer la transmission des efforts à la culée. On remarque la protection contre les chutes par garde-corps enfichés en bordure du chevêtre de la culée pour éviter les chutes du personnel pendant les travaux, sur le pont de Chatenay-Malabry.
Photo 11 Une fois les culées reconstruites, on peut préparer les bossages qui recevront les nouvelles poutres (Pont de Chatenay-Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Le bureau d’études géotechnique a préconisé des essais au pénétromètre afin de vérifier que la portance du sol était suffisante au droit des appuis des grues mobiles.
Photo 12 La pose de poutres précontraintes de 30 mètres nécessite l’installation de grues mobiles de forte capacité (300 à 400 tonnes) afin d’évacuer les morceaux de tablier et de poser les poutres précontraintes (Pont de Chatenay-Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Les talons de ces poutres sont suffisamment larges pour être posés jointifs ce qui évite tout coffrage en sous-face du tablier. La pose s’effectue de nuit afin de minimiser l’impact de ces travaux sur les différents trafics.
Photo 13 Des poutres précontraintes en forme de té inversé de 30 mètres de portée sont préfabriquées par la société Matière (Pont de Chatenay-Malabry, Franc Badaire pour IDF mobilités Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Le trafic d’une autoroute peut augmenter de telle sorte qu’il faut augmenter le nombre de voies. La solution est de construire un autre pont neuf parallèle. Sur l’ancien pont, il faut faire des travaux : tout d’abord supprimer le terre-plein central qui séparait les deux sens de circulation. Cela permet d’ajouter une voie supplémentaire.
Ensuite si le pont est dans un virage, il y a du devers qu’il faut modifier pour tenir compte d’un seul sens de circulation. Pour réaliser ce nouveau devers, il faut recharger le pont par une chape. Tous ces travaux nécessitent un renforcement du tablier et des fondations pour tenir compte des charges supplémentaires.
Sur le chantier de l’autoroute A63 près de Bayonne, le doublement du pont sur l’Adour par un pont neuf a été accompagné de travaux sur le pont à voussoirs précontraint d’origine. En particulier, la suppression du terre-plein central et le rajout d'une chape, pour obtenir un seul devers demandé par un seul sens de circulation. Le rajout de charges a conduit à un renfort des voussoirs par rajout de précontrainte additionnelle, accompagné d’un changement des appareils d’appui et d’un renfort des semelles de fondation.
Le poste de travail aménagé sur le pont de l'Adour, permet de vériner le pont afin de remplacer les appareils d’appui néoprènes et de lui donner un devers. Il permet également de réaliser les carottages des âmes et la mise en place de barres Diwidag pour l’ancrage des bossages déviateurs de la précontrainte additionnelle.
Photo 13 L’entreprise a construit un échafaudage garantissant l’accès à une large plateforme de travail équipée d’un monorail (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Photo 14 La pose de précontrainte additionnelle à l’intérieur des voussoirs du pont nécessite la réalisation de bossages d’ancrage ou de déviation des câbles extérieurs au béton qui sont rajoutés.
Photo 15 On procède au préalable à des carottages traversant l’âme du voussoir. Cela permet de placer des barres Diwidag (ici 28 barres) qui sont mises en tension après le décoffrage du bossage. (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Photo 16 La pose de précontrainte : les fondations sont élargies par rajout de semelles additionnelles de part et d’autre de l’existant. L’ensemble est ensuite rendu solidaire par des câbles de précontrainte (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Photo 17 Le devers obtenu par intervention sur les appuis est complété par le coulage d’une chape de béton allégé (Pont sur l’Adour A63, Entreprise Vinci)
A noter que les réservations et le décapage du hourdis sont réalisés par hydrodémolition. (voir la fiche OPPBTP Hydrodémolition : il y a deux méthodes au robot ou à la lance tenue par un opérateur)
Photo 18 La chape est rendue solidaire du tablier par 3000 points de ferraillage de couture (Pont sur l’Adour A63, Entreprise Vinci)
Pour les travées en rivière, l’accès sur le pont de l'Adour est organisé par le dessus par échafaudage avec création d’une trémie provisoire. Un éclairage définitif a été installé.
Photo 19 Les accès sur berge sont réalisés par échafaudage depuis le dessous par une trémie existante. (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Les ponts importants de grande portée (à haubans ou suspendus) sont souvent flanqués de travées d’approche en VIPP. Ces poutres en I de grande portée (jusqu’à 60 mètres) sont parfois sujettes à des pathologies graves : ruptures de torons ou de fils de précontrainte, câbles corrodés, défauts sur le coulis d’enrobage, etc.
La solution consiste à traiter les pathologies de corrosion et à rajouter une précontrainte extérieure additionnelle de part et d’autre des poutres pour les renforcer une à une. La difficulté de ces chantiers réside dans le fait que les poutres à renforcer se trouvent à grande hauteur et souvent au-dessus de l’eau.
Lors du renforcement du viaduc d’accès au pont de Saint-Nazaire, le renforcement des talons de poutre et la mise en place d’une précontrainte additionnelle ont été faites depuis un platelage constitué par une barge hissée à l’aide de vérins sous le tablier. Le travail s’est effectué par travées entières.
Lorsque l'une des travées est terminée, la barge est remise à flot et à nouveau hissée sous la travée suivante à renforcer. Outre sa fonction de platelage sécurisé, la barge sert pour le stockage des matériels et matériaux nécessaires et également pour le cantonnement et les installation d’hygiène du personnel.
Photo 20 : Le pont de Saint Nazaire à l’embouchure de la Loire est constitué d’une travée principale haubanée et de multiples travées d’accès constituées de VIPP qui se situent pour la plupart à grande hauteur et au-dessus de l’eau.
Photo 21 : Une poutre témoin a été réalisée sur la berge : on remarque le massif d’ancrage à l’about, le renforcement du talon de poutre par rajout de béton et les câbles de précontrainte extérieurs au béton (entreprise Bouygues)
Photo 22 Une travée en cours de travaux : l’ensemble du matériel et des matériaux nécessaires sont « embarqués » : échafaudages, coffrages, aciers passifs et aciers de précontrainte etc. La barge sert de plan de travail. Le cantonnement se trouve en dessus du pont de la barge. (entreprise Bouygues)
Photo 23 Les vérins utilisés pour hisser la barge en sous face des poutres.
Photo 24 Le talon de la poutre de gauche a été « piqué » pour augmenter l’adhérence du béton. Les armatures du talon de la poutre de droite sont en place dans le talon d’origine. On remarque le ferraillage des massifs d’ancrage sur appuis aux extrémités
Photo 25 : On remarque le coffrage des talons de poutres à l’aide de panneaux manuportables Un coffrage allégé en matériau composite est à l’essai dans l’entreprise.
Photo 26 Détail du ferraillage des talons de poutre et des bossages servant à dévier le câble. Les cadres du talon sont scellés à l’aide de résine époxy.
Photo 27 Une travée terminée vue extérieure : on voit les câbles ainsi que les massifs d’ancrage. On voit également le rajout de béton le long du talon.
Photo 28 Une travée terminée vue intérieure. Les câbles ont un tracé symétrique à ceux de l’extérieur. Les travaux sont identiques d’une travée à l’autre
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Travail, accès et circulation en hauteur
Articles R4323-65 à R4323-68 du code du Travail
Echafaudages et plateformes
Articles R4323-69 à 80 du code du Travail
Vérifications
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Appareils de levage
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