Dernière mise à jour le : 28/01/2025
La création d'ouverture dans les murs en maçonnerie porteurs suppose de respecter certaines procédures pour éviter les risques, tel que l'effondrement de l'ouvrage. C'est particulièrement vrai dans le cas des murs en pierre ou en moellons, souvent très épais et très lourds. Il faut donc bien étudier le type de maçonnerie à traiter avant de démarrer les opérations d'étaiement permettant la tenue du mur, le temps de réaliser la structure définitive. En clair, un calcul d’étaiement provisoire garantira le bon déroulement de l'opération.
Les murs en pierre ou en moellons sont souvent très épais et donc très lourds. De plus, ils peuvent servir d’appui à des planchers ou à la toiture, ce qui accroit la charge.
L’ouverture d’un tel mur prive d’appui les charges qui se trouvent au-dessus et il faut donc imaginer un nouveau chemin pour rejoindre les fondations.
Lors de la préparation de chantier, il faut évaluer les charges qui se trouvent au dessus de l'ouverture à créer : poids du mur, charges amenées par les planchers, charges de toiture etc.
Sur un bâtiment ancien après enlèvement de l’enduit, on constate que les linteaux en pierre fonctionnant comme des poutres pour soutenir le mur de façade en moellons sont parfois soulagés par des voûtes de décharge incorporées dans la maçonnerie. Cela évite un désordre très fréquent dans les bâtiments anciens de fissuration des linteaux en pierre.
Figure 2 : linteaux et voûtes de décharge sur un bâtiment ancien.
Une charge verticale, uniformément répartie, produit dans une poutre un moment de flexion de forme parabolique. Les maçonneries sont excellentes pour reprendre des efforts de compression. Si l’on prend une voûte de forme parabolique et si l’on peut mobiliser une poussée latérale H, la maçonnerie de la voûte travaillera en compression seule, le moment étant nul en tout point.
Si parmi toutes les voûtes possibles, on peut prendre celle qui a une flèche égale à la demi portée, cela simplifie les calculs des efforts en fonction de la charge totale appliquée P. Toutefois, cette configuration n’est pas toujours possible du fait de la présence d’ouvertures : dans ce cas il faut imaginer une autre voûte.
Donc si la flèche vaut h=l/2, la réaction d’appui à la naissance de la voûte, vaut V= P/2 tandis que la poussée H=P/4. Ce sont des résultats très simples à mémoriser.
Figure 3 : formulaire de la voute parabolique de flèche égale à la demi portée
Lorsque l’on a un linteau ou une poutre au-dessus d’une ouverture dans une maçonnerie, il est possible de dimensionner la poutre pour qu’elle reprenne la totalité des charges qui se trouvent au-dessus. Cela conduit à un dimensionnement surabondant de la poutre qui s'avère couteux.
Il est bien plus astucieux d’imaginer la combinaison d’une voûte de décharge et d’une poutre. La voûte reprend la totalité des charges qui se trouvent au-dessus d’elle pour peu qu’elle dispose d’une butée ou d’un tirant (poutre par exemple) pour reprendre la poussée.
La poutre reprendra alors les charges qui se trouvent en dessous de la voûte. Le poids du mur sous la voûte (découpée en forme de parabole) peut être approché par une portion de mur triangulaire dont la hauteur équivaut à la flèche de la voûte (portée/2). On connait les effets en flexion d’une charge triangulaire sur la poutre (voir figure et formulaire).
Figure 4 : Formulaire charge répartie triangulaire et traction dans la poutre (poussée de la voûte).
La poutre sera dimensionnée pour reprendre cette charge triangulaire combinée avec une traction provenant de la voûte (flexion composée). Dans le cas de la charge répartie triangulaire, les effort à reprendre par la poutre valent : M = pl/6 et H = P/4 (p étant la charge totale sur la poutre, P la charge totale sur la voûte).
Ce cas se présente quand on ne dispose pas de poutre pendant les travaux mais que l’on décide de faire un étaiement déporté ou de mettre en place des tabourets (voir ci-après la description de ces méthodes)
Cela permet de reprendre les charges pendant les travaux, au-dessus de l’ouverture démolie, le temps de reconstituer une poutre et des poteaux autour de l’ouverture.
Figure 5 : Voûte principale et voûte secondaire lors de la réalisation d’une ouverture.
Même principe qu’avec une poutre, à part que la poussée de la voûte principale ne peut être reprise par les voûtes secondaires et doit donc être reprise par butée de part et d’autre de la voûte. Cette méthode est donc à déconseiller quand on se trouve trop près de l’extrémité du mur. En effet, la poussée engendrée peut déstabiliser le jambage servant d’appui, créé par l’ouverture dans le mur.
Figure 6 : Formulaire de la combinaison voûte principale et voûtes secondaires dans le cas de trois files d’étais déportés ou de trois tabourets.
Lors de la création d’une ouverture à l’étage dans un refend très chargé (plusieurs planchers à reprendre et parfois en plus une zone de toiture), on crée des poteaux de part et d’autre de l’ouverture qui soutiennent la voûte haute mise à contribution dans la maçonnerie.
Ces poteaux étant également bien chargés, il faut imaginer un chemin des charges pour rejoindre les fondations. Dans ces cas-là, il faut mettre à contribution une contre-voûte dans la maçonnerie du bas reprenant les mêmes charges. On doit donc créer une poutre à la base de l’ouverture servant de tirant à la contre-voûte et reprenant sa poussée.
Figure 7 : Voûte et contre-voûte : un exemple de reprise utilisant des tabourets pour réaliser les poutres supérieures et inférieures.
Pour illustrer clairement ces trois méthodes, dans les dessins à l’échelle qui suivent, voici une ouverture modélisée de 3 x 2,50 m dans un mur en pierre de 60 cm d’épaisseur.
Dans les murs épais, on peut installer des profilés en effectuant une simple saignée affectant très peu l’épaisseur du mur. Voici un exemple ou la reprise des charges est assurée en installant deux profilés UPN 220 reliés par des tiges de 70 cm et de 20 mm de diamètre. Ce profilé sert également de linteau en phase définitive.
Figure 8 : utilisation d’un profilé métallique dans un mur fragile en moellons pour en reprendre la base au lieu de le démolir entièrement (les poteaux de part et d’autre existaient déjà).
Le profilé nécessite des saignées de 8 cm de profond et de 22 cm de hauteur pour être installé. Il reste donc, une fois les profilés installés, 44 cm d’épaisseur de mur, ce qui est sécurisant. Le profilé une fois installé reprend la charge sous la voûte principale et lui sert de tirant.
Figure 9 : fabrication du double profilé à installer (ici deux UPN 220 avec des trous de 25 mm et des tiges de 20 mm).
Figure 10 : Repère 1 : installation des profilés dans des saignées ; Repère 2 : ouverture poteaux et ferraillage.
Figure 11 : Repère 3 : coulage des poteaux ; Repère 4 : ouverture mur et finitions.
Dans les murs de bonne cohésion et avec une charge légère à reprendre, on peut se contenter d’un étaiement déporté (voir figure 1). Le mur s’appuie sur des poutrelles d’étaiement et tient par un système comprenant une voûte principale et 4 voûtes secondaires (voir paragraphe sur l'effet voûte)
Figure 12 ; Repère 1 : réservation poutrelles et étaiement déporté ; Repère 2 : ouverture poteaux et ferraillage ; Repère 3 : ouverture poutre et ferraillage. Nota : il convient de vérifier la capacité portante des étais en fonction de leur déploiement
Repère 5 : coulage poteaux et poutres.
Figure 14 : Repère 7 : enlèvement de l'étaiement déporté et rebouchage des réservations ; Repère 8 : démolition mur et étaiement poutre fraîchement coulée.
Dans le cas où un mur reprend de très fortes charges, l'entreprise peut utiliser la méthode des tabourets métalliques. Ceux-ci reprennent la charge du mur pendant les travaux et permettent la mise en place de ferraillage en deux parties et le coulage d’une poutre en béton armé. En réhaussant le tabouret, la hauteur de la poutre peut être augmentée ainsi que sa portée et sa capacité portante.
Figure 15 : modèles de tabourets courants. Repère 1 : tabourets réalisés par tranche de HEC et plats ; Repère 2 : tabourets fabriqués à partir de 2 plats soudés à des tubes.
Figure 16 : Repère 1 : tabourets fabriqués à partir de tranches de 30 cm d'HEC 300 soudés à des plats ; Repère 5 : ferraillage 25x25 par 1/2 poutres en béton armé.
Figure 17 : Repère 3 : réservations et mise en place des tabourets ; Repère 4 :ouverture et ferraillage poteaux.
Figure 18 : Repère 5 : coulage des poteaux ; Repère 6 : saignée poutre et ferraillage.
Figure 19 : Repère 7 : coulage poutre, calfeutrement finitions ; Repère 8 : démolition ouverture et étaiement poutre fraîchement coulée.
Lors de la réalisation de ce genre de travaux il faut faire réaliser des calculs et des plans si possible par un bureau d’études. Une étude de méthode décrivant les phases des travaux est également très utile. En effet, il convient d’étayer d’une façon ou d’une autre (profilé, étaiement déporté, tabourets) avant de démolir un mur porteur pour éviter des désordres et même un effondrement.
Critères de choix entre les méthodes
Lors de la réalisation des ouvertures et réservations dans le mur, il faut organiser le travail en hauteur de telle façon que la personne travaille en position favorable. L’idéal est de travailler à hauteur du bassin. Une zone entre la mi-hauteur des tibias et la hauteur des épaules est encore favorable. En dehors nous sommes dans la zone des postures défavorables particulièrement pénibles pour le salarié.
Figure 20 : un exemple de position de plateau d’échafaudage conduisant à des postures défavorables pour la réalisation des réservations.
Les exemples étudiés ci-dessus permettent d'apporter des conseils concrets.
Les profilés utilisés sont des UPN 220 de 4 m de longueur qui pèsent 28,5 kg/ml soit un poids de 114 kg par profilés. Quant aux tabourets proposés, ils sont constitués d’une tranche de 30 cm de HEC 300 qui font chacun 53 kg pièce et à cela il faut rajouter les plats. Si les ouvertures sont plus grandes et les murs plus chargés, ces pièces métalliques peuvent peser davantage.
L’idéal est d’utiliser un chariot élévateur quand il y a de la place ou bien des palans, si l’on peut le fixer à une structure solide.
A noter que les vérifications règlementaires sont prévues pour les échafaudages et les PEMP. Ces vérifications peuvent être effectuées par une personne compétente mandatée qui peut être, ou non, de l’entreprise.
Le site de l’OPPBTP Prévention BTP : https://www.preventionbtp.fr/
Réglementation Code du Travail https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGITEXT000006072050/
. Article R 4323-72 (solidité et bon état de conservation d’un échafaudage)
. R 4323-73 (stabilité de l’échafaudage)
. R 4323-74 (effets du vent, résistance des appuis)
. R 4323-75 (déplacement, basculement d’un échafaudage roulant)
. R 4323-76 (charge admissible d’un échafaudage)
. R4323-77 (protection collective sur échafaudage)
. R4323-78 (planchers d’échafaudages)
. R 4323-79 (échafaudages moyens d’accès)
. R 4323-69 (montage, démontage et transformation des échafaudages formation)
. R 4323-70 (plan de montage, notice du fabricant, note de calcul)
. R 4323-71 (Protection intégrée dès le montage)
Travail en hauteur, appareils pour le levage des charges ou l'élévation du personnel
. Arrêté du 1er mars 2004 relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage
. Arrêté du 2 décembre 1998 relatif à la formation à la conduite des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de levage de charges ou de personnes
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