Réaliser un vide sanitaire avec un coffrage perdu
Pour réaliser des planchers sur vide sanitaire, une entreprise de gros œuvre teste un système innovant de coffrage perdu qui vient supporter les isolants puis la dalle béton. La solution évite la plupart des manutentions nécessaires avec le système poutrelles hourdis, au bénéfice des conditions de travail sur le chantier.
Date de mise à jour : 22 janv. 2024
Impact en prévention
L'utilisation d'un coffrage perdu pour la réalisation du vide sanitaire permet une amélioration des conditions de travail des compagnons. Le port de charge est fortement diminué, les plaques en carton étant beaucoup plus légères (7,7 kg/m2 en épaisseur 40 mm) que les poutrelles béton. Les postures contraignantes liées à la mise en place de ces poutrelles et des hourdis sont, quant à elles, supprimées. Le risque de chute de hauteur des compagnons lors du chargement / déchargement des matériaux ou de la pose, par exemple suite à rupture de hourdis, est lui aussi supprimé. Enfin, le risque de retombée de la charge lors du levage des poutrelles n'existe plus, de même que le risque de coupures par les armatures en attente aux extrémités des poutrelles.
Un procédé qui réduit les postures contraignantes
Pour répondre à l'obligation du traitement des ponts thermiques, un plancher sur vide sanitaire doit être réalisé et incorporer une isolation. Dans un sol argileux, l'absence de vide sanitaire peut être la source de dommages structurels dus au gonflement ou retrait du sol. La solution courante est de créer un vide sanitaire par la pose de poutrelles béton et de hourdis en polystyrène. Cette méthode entraîne des contraintes de circulation des salariés ainsi que des manutentions manuelles, avec d'importants ports de charges,
Le coffrage perdu Beeplak, un système innovant
Cette entreprise de gros œuvre décide de tester un système innovant de coffrage perdu de la dalle à base de carton alvéolaire de la marque Beeplak. Le coffrage est réalisé avec des plaques de dimensions 1 200 x 2 400 mm, en différentes épaisseurs pour s'adapter aux configurations du chantier (de 40 à 150 mm), selon les recommandations du bureau d'études. Ces plaques supportent les isolants sur lesquels sera coulée la dalle béton. Une fois la dalle sèche, les cartons sont désagrégés par injection d’eau, à l’aide de tuyaux TPE (élastomère thermoplastique) perméables à l’eau, placés préalablement entre les plaques et débouchant en périphérie de la dalle. La solution est associée à un système de tiges galvanisées à chaud (Firos) qui permettent de suspendre les canalisations d’eaux usées à la dalle béton.
Des conditions de travail des compagnons améliorées
Au plan technique, ce système de coffrage perdu assure la pérennité de l'ouvrage en permettant la désolidarisation du sol argileux de la dalle portée, évitant les désordres dans le temps sur la structure et les canalisations. Mais la solution présente aussi des avantages concernant les conditions de travail des compagnons. Le chef d’entreprise constate que, grâce à ce mode opératoire, les postures contraignantes dues à la pose des poutrelles et entrevous sont supprimées, et que le port de charge est fortement réduit car les plaques sont légères (7,7 kg par plaque en épaisseur 40 mm).
Mise en place du coffrage perdu et de l'isolant pour la réalisation du vide sanitaire.
La manutention d'éléments pondéreux
Pour réaliser un dallage sur vide sanitaire en maison individuelle, l'entreprise devait terrasser les fouilles de fondations et enlever les terres sous le futur vide sanitaire, monter les murs périphériques en parpaing, poser les poutrelles en béton, mettre en place des entrevous en polystyrène entre poutrelles, réaliser les réservations et la pose des conduits d'évacuation des eaux usées, puis poser les armatures avant le coulage du béton du plancher. Les opérations de manutentions étaient nombreuses, avec des éléments très pondéreux comme les poutrelles béton.
Moins de manutentions et une réalisation simplifiée
Désormais, pour la réalisation d'un vide sanitaire, l'entreprise doit toujours terrasser les fouilles de fondations des murs périphériques et réaliser les tranchées, mais à une profondeur moindre (20 ou 30 cm au dessous du niveau de fil d’eau des canalisations). Après montage des murs périphériques, les équipes posent dans les tranchées les canalisations et les tiges pour suspendre les canalisations à la future dalle. Les tranchées sont ensuite remblayées avec du sable avant la pose d'un premier film polyéthylène qui reçoit les plaques en carton, avec incorporation des tuyaux TPE pour injection de l'eau, puis pose du second film polyéthylène pour étancher le coffrage. Après la pose des panneaux isolants puis du ferraillage, la dalle béton est coulée. Après séchage, de l’eau est introduite par les tuyaux en attente : à saturation du carton, un signal sonore est émis et les tubes peuvent être remplis avec un mortier.
Impact sur les risques
Performance de cette solution
Rendement (gains / coûts)
Pour 1 euro investi, cette solution génère 1,45 euro de gain.
Bilan par salarié/an
Le gain par salarié s’élève à 2 532 euros par an.
Économie réalisée
L’économie globale est de 5 063 euros (gains - coûts).
Bilan économique
- Période envisagée : 0,08 an
- Effectif concerné : 2 personnes
L'utilisation d'un coffrage perdu pour la réalisation du vide sanitaire est une opération rentable pour l'entreprise. Lors de la réalisation d’un plancher avec ce procédé, l’entreprise a constaté un gain de temps sur la production réalisée 1,5 fois plus rapidement qu'avec un système poutrelles hourdis. Les économies portent aussi sur l'achat des matériaux, environ 30 % moins cher avec le système de coffrage perdu.
Deux points de vigilance toutefois : le temps de formation proposé par le fabricant ne doit pas être supprimé pour permettre de bien respecter toute les étapes de mise en place et de contrôle. Et le stockage des plaques carton sur le chantier doit être prévu dans un endroit sec, sans contact avec le sol : la palette doit être recouverte avec un film polyéthylène et ventilée afin d'éviter tout problème d'humidité rendant les plaques inutilisables. De même, la mise en place du ferraillage doit se faire en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas déchirer le second film polyéthylène. A noter enfin que le système ne peut pas rester posé durant plusieurs jours sans risquer de perdre de sa résistance à cause de la condensation ou de la pluie.
Coût
Achats |
8 155 € |
Formation |
600 € |
Production |
2 475 € |
Total Coûts | 11 230 € |
Gains
Achats |
11 400 € |
Production |
4 893 € |
Total Gains | 16 293 € |
Coût
Achats 8 155 € Achat du système Beeplak 8 000 € Sable pour le remblaiement des tranchées et le lit de pose sous les plaques 155 € |
Formation 600 € Formation de l'équipe et du chef d'entreprise 600 € |
Production 2 475 € Réalisation du remblaiement et du lit de pose par sable 360 € Réalisation du plancher BEEPLAK (pose des films d'étanchéité, plaques et tuyaux TPE) 720 € Pose de l'isolant et des picots sur les panneaux 360 € Pose du ferraillage et du tube inox de contrôle 675 € Mise en eau du système et contrôle final du mouillage 360 € |
Total Coûts 11 230 € |
Gains
Achats 11 400 € Economies sur l'achat de parpaings pour les murs périphériques 400 € Economies sur l'achat des composants d'un plancher poutrelles hourdis 11 000 € |
Production 4 893 € Economies sur la location du camion grue et du chauffeur pour la pose des poutrelles 320 € Economies sur la réalisation du terrassement avec la pelle 1 800 € Economies sur l'évacuation des terres de déblais 1 000 € Gains sur la réalisation des murs périphériques en bloc béton 288 € Gains sur la pose des canalisations EU 45 € Gains de temps sur la réalisation du plancher poutrelles hourdis 1 440 € |
Total Gains 16 293 € |