Dernière mise à jour le : 24/10/2024
Le renforcement par matériaux composites trouve son origine dans le procédé Lhermitte, qui consistait à coller des tôles d’acier sur les talons des nervures et des âmes des poutres. Ce procédé a connu un certain succès jusqu’à ce que l’on sache fabriquer des fibres de carbone, encore plus résistantes que l’acier. Ces fibres, une fois tissées, ont permis de réaliser des textiles plus légers et faciles à mettre en œuvre par collage pour le renforcement des structures. Sources d'économie de ressources naturelles, en évitant la déconstruction des ouvrages, ces procédés nécessitent le respect de certaines précautions lors de leur mise en œuvre.
Le renfort du béton est obtenu par la constitution d’un composite constitué de l’association d’une colle résine époxy et du tissu de carbone (ou kevlar). C’est pourquoi certains documents parlent de renfort par composite. La fibre de renfort peut se présenter également sous forme de fils parallèles, collés en usine, de section rectangulaire (lames) ou circulaire (joncs). Les lames sont généralement collées sur les talons de poutres, comme les textiles, tandis que les joncs sont posés dans des saignées.
Les objectifs recherchés par le renforcement sont généralement les suivants :
Pour dimensionner les renforts, on considère :
D’autres supports comme l'acier, la pierre ou le bois peuvent être renforcés par des composites. Ces applications ne sont pas abordées dans cette solution.
Au cours de leur durée de vie, les structures béton sont souvent confrontées au changement de leur usage. Ce changement peut augmenter les charges d’exploitation et nécessiter un renforcement de la structure.
Pour expliquer le principe, voici le cas d’une structure béton à renforcer en raison d’un accroissement de charges d’exploitation. Cette étude de cas permet d’aborder de façon concrète les différents types de renforcement par matériaux composites les plus courants.
Cette structure béton est constituée de poutres de 10 m de portée, de section 60 x 100 cm, supportant une dalle béton de 25 cm d’épaisseur et de 10 m de portée entre poutres. Les poutres sont elles-mêmes supportées par des poteaux de 4 m de hauteur et de 60 x 60 cm de section.
Structure béton à l'origine
Projet de rajout de charges
Le nouvel exploitant souhaite ajouter une machine très lourde sur une dalle de 3,50 x 3,50 m destinée à répartir les charges et à amortir les vibrations. D’autre part, les conditions d’exploitation de l’étage supérieur nécessitent de rajouter un poteau sur la dalle.
Le ferraillage prévu lors de la conception de la structure ne prend pas en compte ces charges et il faut donc faire un nouveau calcul afin de prévoir, si nécessaire, un renforcement.
Renfort poteaux-poutre dalle
Tous calculs faits, la reprise de ces nouvelles charges nécessite :
Le projet de renforcement nécessite le rajout de matériaux composites en sous-face de la nervure et sur les âmes de la poutre, ainsi que le confinement par matériaux composites des deux poteaux. Enfin, il faut réaliser un maillage en matériaux composites en sous-face de la dalle au droit du poteau.
Renfort de poutre
Deux bandes de renfort doivent être collées en sous-face tout le long de la poutre pour le renfort au moment de flexion. Au niveau de l’appui, cinq bandes en forme de U doivent être collées pour le renfort à l’effort tranchant. Des cornières assurent l’ancrage des bandes d’effort tranchant dans la dalle. Il est possible d’utiliser, à la place des cornières, des mèches collées et ancrées dans un trou foré dans la dalle.
Les poteaux sont renforcés par des bandes verticales collées tout le long des quatre faces. Ces bandes verticales sont complétées par des bandes transversales qui enserrent le poteau à espaces réguliers pour réaliser un confinement permettant d’augmenter l’effort de compression.
Au droit du poteau qui transmet des charges depuis le niveau supérieur, le renforcement par une grille de matériaux composites pallie le poinçonnement non prévu dans le ferraillage initial.
Renfort ponctuel de dalle
Sur ce chantier de renforcement d’un pont par textiles collés, le travail au niveau des appuis est réalisé à l’aide d’un échafaudage de pied, tandis que dans les travées, on utilise une plate-forme automotrice à ciseaux.
Travail en hauteur avec une plate-forme élévatrice à ciseaux
Il faut préparer le support béton pour garantir l’adhérence du composite. Le décapage est réalisé à l’aide d’une ponceuse reliée à un aspirateur. On a effectué la captation à la source des poussières. L’opérateur est, de plus, équipé d’un masque antipoussières de type P3.
Le but est de se protéger contre les poussières de silice cristalline émises lors du ponçage. Certaines structures sont protégées contre le feu par des flocages. Dans ce cas, il convient de demander aux maîtres d’ouvrage un repérage amiante avant travaux (RAT) afin de s’assurer que le flocage n’en contient pas. Si le flocage est amianté, l’enlèvement du revêtement ne peut être effectué que par une entreprise certifiée en désamiantage (sous-section 3) pour ces travaux et disposant de personnels formés.
Décapage de béton à l'aide d'une ponceuse reliée à un aspirateur.
Sur ce chantier, la préparation de la résine est effectuée en mélangeant les deux composants (résine et durcisseur) à l’aide d’un outil malaxeur fixé sur une perforatrice électrique. L’opérateur est équipé d’un masque respiratoire complet avec une visière protégeant le visage. Les cartouches filtrantes sont du modèle Abek. Le masque respiratoire est complété par une combinaison jetable et des gants de protection.
Préparation de la résine époxy par le salarié équipé d'un masque respiratoire.
Le collage des bandes textiles en sous-face est effectué à l'aide d'une PEMP automotrice à ciseaux. Le port des combinaisons, des gants et des casques à visière est à noter.
Collage des bandes sous talon-poutre.
L’implantation des textiles sur les âmes résulte d’un calcul et on doit les placer soigneusement aux emplacements prévus. Pour cela, un traçage préalable s’impose.
Traçage pour le renfort des âmes.
Le collage des bandes textiles sur les âmes s'effectue suivant le même principe que le collage en sous-face de nervure, toutefois les bandes sont verticales.
Collage renforts âme.
Il est fortement recommandé d'analyser le risque traitant du travail en hauteur et de la préparation des surfaces béton proposée dans le document de l'AFGC « Réparation et renforcement de structures au moyen de matériaux composites : recommandations provisoires. Février 2011 », pages 109 et 110.
Voici une synthèse traitant des risques spécifiques à ces techniques.
Moyens utilisés pour la purge du béton dégradé :
Il faut privilégier les matériels les moins bruyants, c'est-à-dire ceux qui ont le niveau de puissance acoustique - LwA, exprimé en dB(A) - le plus faible.
Pensez également à :
Il est préférable d'évaluer le risque chimique pour mieux l'appréhender.
La résine époxy étant très agressive pour la peau (l’enlèvement nécessiterait d’arracher la peau), il convient donc de se protéger avec :
- STRRES (Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement de structures) www.strres.org
- Association française de génie civil : www.afgc.asso.fr
Outre les essais et les modalités de calcul, ce document propose en annexe des fiches techniques avec les procédés suivants :
- CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) : www.cstb.fr
- Site de l’OPPBTP Prévention BTP : www.preventionbtp.fr
Parmi les contenus proposés, consulter les thèmes suivants : travail en hauteur, bruit, vibrations, poussières (silice, amiante…), risque chimique…
Échafaudages
ArticleR4323-69 du Code du travail (montage, démontage et transformation des échafaudages formation)
Article R4323-70 du Code du travail (plan de montage, notice du fabricant, note de calcul)
ArticleR4323-71 du Code du travail (protection intégrée dès le montage)
Article R4323-72 du Code du travail (solidité et bon état de conservation d’un échafaudage)
ArticleR4323-73 du Code du travail (stabilité de l’échafaudage)
ArticleR4323-74 du Code du travail (effets du vent, résistance des appuis)
ArticleR4323-75 du Code du travail (déplacement, basculement d’un échafaudage roulant)
ArticleR4323-76 du Code du travail (charge admissible d’un échafaudage)
ArticleR4323-77 du Code du travail (protection collective sur échafaudage)
ArticleR4323-78 du Code du travail (planchers d’échafaudages)
ArticleR4323-79 du Code du travail (échafaudages, moyens d’accès)
Appareils pour le levage des personnes
Article R4323-31 du Code du travail (levage des personnes avec des appareils spécifiques)
Arrêté du 1er mars 2004 relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage
Arrêté du 2 décembre 1998 relatif à la formation à la conduite des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de levage de charges ou de personnes
Tableau des maladies professionnelles résines époxy n° 51
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006746364
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